vendredi 11 novembre 2016

SOPHOCLE

1er épisode :  
Je veux que tous, au contraire, le jettent hors de leurs maisons, comme la souillure de notre pays : l'oracle auguste de Pythô vient à l'instant de me le déclarer »
Après le retour de Créon, Oedipe prend des mesures pour lutter contre la peste en suivant les indications de l'oracle. L'assassin de Laïos doit être trouvé et chassé de Thèbes pour que l'épidémie cesse. Cette citation me paraît importante dans la mesure où, sans le savoir, Oedipe prévoit sa propre condamnation. Ironie du sort, ou volonté des dieux, tout paraît agir contre Oedipe et pourtant c'est lui l'acteur de son destin. Il quitte Corinthe, il tue son père, il épouse avec sa mère, il mène l'enquête du crime dont il est le coupable, il se condamne seul. Aussi nobles que soient ses intentions (quitte Corinthe pour ne pas être incestueux et parricide, tue son père car il incarne un pouvoir tyrannique, méprisant et méprisable, épouse sa mère par obligation après avoir agit héroïquement en sauvant une ville entière, mène une enquête pour sauver à nouveau la ville dont il est maintenant le roi etc.), inconsciemment, il se noie dans le crime et se puni lui-même.

« et, si d'aventure je venais à l'admettre consciemment à mon foyer, je me voue moi-même à tous les châtiments que mes imprécations viennent à l'instant d'appeler sur d'autres »
Encore une fois, Oedipe, pour donner l'exemple et se montrer concerné par le sort de la ville devant les Thébains, se condamne. Il n'imagine pas que le coupable est lui-même. Cet extrait souligne la tragédie qu'est celle de la vie d'Oedipe.

« Les malheurs viendront bien seuls : peu importe que je me taise et cherche à te les cacher »
Tirésias prononce ces paroles lorsque Oedipe le somme de révéler l'identité de ou des assassins. Elles sont importantes car elles mettent à jour l'action intouchable du destin. Les oracles ou les prémonitions ne sont que les voix qui disent le destin qui n'est rien rien d'autre que « le Temps qui voit tout ».

« Je te somme, moi, de t'en tenir à l'ordre que tu as proclamé toi-même, et donc de ne plus parler de ce jour à qui que ce soit, ni à moi, ni à ces gens ; car, sache-le, c'est toi, le criminel qui souille ce pays ! »
Enfin, Tirésias se résout à dire la vérité. Pour la première fois depuis le début de la pièce, Oedipe est accusé. Dans la bouche de Tirésias, c'est le destin qui résonne. Oedipe est l'assassin de Laïos, il est la cause de la peste et il vient de se condamner lui-même. Il ne se rend pas compte que le criminel qu'il cherche est lui-même mais des doutes surgissent silencieusement. Face à ces accusations, Oedipe se sent insulté dans un premier temps, puis accuse Tirésias et Créon de comploter contre lui par convoitise du pouvoir. Oedipe ne se rendra compte que bien après de sa responsabilité et ce moment lui sera fatal.

2ème épisode
« Il était grand. Les cheveux sur son front commençaient à blanchir. Son aspect n'était pas très éloigné du tien »
Telle est la réponse de Jocaste lorsqu'Oedipe lui demande de décrire Laïos l'assassiné, après la querelle entre Créon et Oedipe. Cette réponse tient son importance dans la mesure où elle donne un indice sur la nature d'Oedipe. Même si Oedipe voit cette réponse comme la confirmation de la probabilité qu'il ait tué l'ancien roi, il ne comprend pas que sa ressemblance avec lui explique qu'il est son fils.
3ème épisode,
« Sache donc que Polybe ne t'est rien par les sang »
conversation Corinthien/Oedipe Le Corinthien est mis au courant de la crainte qui empêchait Oedipe de rentrer à Corinthe. En pensant bien faire, il lui révèle que Polybe n'est pas son vrai père et qu'il n'a donc pas à être inquiet que l'oracle se réalise à Corinthe. Cette révélation capitale ouvre la voie à d'autres possibilités. Si le danger n'est pas à Corinthe il est en vrai à Thèbes.

« Si tu tiens à la vie, non n'y songe plus. C'est assez que je souffre, moi »
« « Ah ! Puisses-tu jamais n'apprendre qui tu es ! »
Ces deux répliques reviennent au personnage de Jocaste. Elles permettent de douter sur sa lucidité. Nous pourrions penser qu'au moment où elle parle elle connaît déjà les crimes d'Oedipe. Ce sont ses dernières paroles de la pièce. Juste après, Oedipe,la désobéissant découvrira ses deux crimes et Jocaste s'étant donné la mort après ces répliques n'apparaîtra qu'indirectement dans le mots du Messager.

4ème épisode,:
« Il passait pour son fils... Mais ta femme, au palais, peut bien mieux que personne te dire ce qui est. »
Oedipe cherche à extraire la vérité de l'ancien serviteur de Laïos. Cette phrase est la révélation finale qui fera sombrer Oedipe. Laïos est son père, sa femme est sa mère, tous deux l'ont chassé de sa ville natale dont il est devenu le roi. Oedipe est la cause de la mort de ses parents. « Hélas, hélas ! Ainsi tout à la fin serait vrai ! Ah ! Lumière du jour, que je te voie ici pour la dernière fois, puisque aujourd'hui, je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l'époux de qui je ne devais pas l'être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! »

5ème épisode et exodos,
« Gardons nous d'appeler jamais un homme heureux avant qu'il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin »
Cette phrase est la fin de la dernière réplique. Le coryphée conclut la tragédie en nous communiquant une sorte de morale : l'homme doit être prudent car le malheur peut le toucher à n'importe quel moment. Les dieux seuls sont dignes de prédire son destin et l'homme n'est qu'un jouet entre ses mains.

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