Je veux
que tous, au contraire, le jettent hors de leurs maisons, comme la
souillure de notre pays : l'oracle auguste de Pythô vient à
l'instant de me le déclarer »
Après le retour de Créon, Oedipe prend des mesures pour lutter
contre la peste en suivant les indications de l'oracle. L'assassin de
Laïos doit être trouvé et chassé de Thèbes pour que l'épidémie
cesse. Cette citation me paraît importante dans la mesure où, sans
le savoir, Oedipe prévoit sa propre condamnation. Ironie du sort, ou
volonté des dieux, tout paraît agir contre Oedipe et pourtant c'est
lui l'acteur de son destin. Il quitte Corinthe, il tue son père, il
épouse avec sa mère, il mène l'enquête du crime dont il est le
coupable, il se condamne seul. Aussi nobles que soient ses intentions
(quitte Corinthe pour ne pas être incestueux et parricide, tue son
père car il incarne un pouvoir tyrannique, méprisant et méprisable,
épouse sa mère par obligation après avoir agit héroïquement en
sauvant une ville entière, mène une enquête pour sauver à nouveau
la ville dont il est maintenant le roi etc.), inconsciemment, il se
noie dans le crime et se puni lui-même.
« et,
si d'aventure je venais à l'admettre consciemment à mon foyer, je
me voue moi-même à tous les châtiments que mes imprécations
viennent à l'instant d'appeler sur d'autres »
Encore une fois, Oedipe, pour donner l'exemple et se montrer concerné
par le sort de la ville devant les Thébains, se condamne. Il
n'imagine pas que le coupable est lui-même. Cet extrait souligne la
tragédie qu'est celle de la vie d'Oedipe.
« Les
malheurs viendront bien seuls : peu importe que je me taise et
cherche à te les cacher »
Tirésias prononce ces paroles lorsque Oedipe le somme de révéler
l'identité de ou des assassins. Elles sont importantes car elles
mettent à jour l'action intouchable du destin. Les oracles ou les
prémonitions ne sont que les voix qui disent le destin qui n'est
rien rien d'autre que « le Temps qui voit tout ».
« Je
te somme, moi, de t'en tenir à l'ordre que tu as proclamé toi-même,
et donc de ne plus parler de ce jour à qui que ce soit, ni à moi,
ni à ces gens ; car, sache-le, c'est toi, le criminel qui
souille ce pays ! »
Enfin, Tirésias se résout à dire la vérité. Pour la première
fois depuis le début de la pièce, Oedipe est accusé. Dans la
bouche de Tirésias, c'est le destin qui résonne. Oedipe est
l'assassin de Laïos, il est la cause de la peste et il vient de se
condamner lui-même. Il ne se rend pas compte que le criminel qu'il
cherche est lui-même mais des doutes surgissent silencieusement.
Face à ces accusations, Oedipe se sent insulté dans un premier
temps, puis accuse Tirésias et Créon de comploter contre lui par
convoitise du pouvoir. Oedipe ne se rendra compte que bien après de
sa responsabilité et ce moment lui sera fatal.
2ème épisode
« Il
était grand. Les cheveux sur son front commençaient à blanchir.
Son aspect n'était pas très éloigné du tien »
Telle est la réponse de Jocaste lorsqu'Oedipe lui demande de décrire
Laïos l'assassiné, après la querelle entre Créon et Oedipe. Cette
réponse tient son importance dans la mesure où elle donne un
indice sur la nature d'Oedipe. Même si Oedipe voit cette réponse
comme la confirmation de la probabilité qu'il ait tué l'ancien roi,
il ne comprend pas que sa ressemblance avec lui explique qu'il est
son fils.
3ème
épisode,
« Sache
donc que Polybe ne t'est rien par les sang »
conversation Corinthien/Oedipe Le
Corinthien est mis au courant de la crainte qui empêchait Oedipe de
rentrer à Corinthe. En pensant bien faire, il lui révèle que
Polybe n'est pas son vrai père et qu'il n'a donc pas à être
inquiet que l'oracle se réalise à Corinthe. Cette révélation
capitale ouvre la voie à d'autres possibilités. Si le danger n'est
pas à Corinthe il est en vrai à Thèbes.
« Si tu tiens à la vie,
non n'y songe plus. C'est assez que je souffre, moi »
« « Ah !
Puisses-tu jamais n'apprendre qui tu es ! »
Ces
deux répliques reviennent au personnage de Jocaste. Elles permettent
de douter sur sa lucidité. Nous pourrions penser qu'au moment où
elle parle elle connaît déjà les crimes d'Oedipe. Ce sont ses
dernières paroles de la pièce. Juste après, Oedipe,la désobéissant
découvrira ses deux crimes et Jocaste s'étant donné la mort après
ces répliques n'apparaîtra qu'indirectement dans le mots du
Messager.
4ème épisode,:
« Il passait pour son
fils... Mais ta femme, au palais, peut bien mieux que personne te
dire ce qui est. »
Oedipe
cherche à extraire la vérité de l'ancien serviteur de Laïos.
Cette phrase est la révélation finale qui fera sombrer Oedipe.
Laïos est son père, sa femme est sa mère, tous deux l'ont chassé
de sa ville natale dont il est devenu le roi. Oedipe est la cause de
la mort de ses parents. « Hélas, hélas ! Ainsi tout à
la fin serait vrai ! Ah ! Lumière du jour, que je te voie
ici pour la dernière fois, puisque aujourd'hui, je me révèle le
fils de qui je ne devais pas naître, l'époux de qui je ne devais
pas l'être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! »
5ème épisode et exodos,
« Gardons nous d'appeler
jamais un homme heureux avant qu'il ait franchi le terme de sa vie
sans avoir subi un chagrin »
Cette
phrase est la fin de la dernière réplique. Le coryphée conclut la
tragédie en nous communiquant une sorte de morale : l'homme
doit être prudent car le malheur peut le toucher à n'importe quel
moment. Les dieux seuls sont dignes de prédire son destin et l'homme
n'est qu'un jouet entre ses mains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire