dimanche 29 janvier 2017

Les faux-monnayeurs en couleurs: "Les Tricheurs" de Caravane


Si Les faux-monnayeurs était un tableau, il serait « Les Tricheurs » de Caravage.
Ce tableau met en scène trois hommes jouant aux cartes. On remarque que l’un des trois est particulièrement concentré sur son jeu, tandis que les deux autres sont des complices et trichent.
Plusieurs thèmes du tableau sont en communs avec ceux du livre, comme par exemple : les relations, l’argent et l’enjeu des classes sociales.
Les relations : Ce thème est lié aux deux personnages de droite. L’homme le plus âgé donne le numéro de la carte du joueur de gauche en faisant signe de la main à celui de droite. On peut donc prétendre qu’ils sont deux tricheurs mais pas seulement. Ils sont également complices puisqu’ils jouent contre le jeune homme de gauche. Il y a donc bel et bien un lien qui les unit. Est-ce simplement un accord pour récolter la somme qui est mise en gage ?
En tous les cas, ces deux personnages me rappellent la complicité qui régnait entre Edouard et Olivier Molinier, dans Les faux-monnayeurs ; une complicité des plus intimes qui dévoile un amour caché pour son oncle...
L’argent : En effet, comme nous l’avons souligné précédemment, l’argent est également un thème qui apparaît dans ces deux pièces d’art. Rien qu’au titre du roman d’André Gide, nous devinons qu’il y a affaire d’argent dans son histoire ; de la fausse-monnaie, tout comme nous pouvons le voir sur le tableau de Caravage : un faux jeu pariant de « l’argent sale ». Au coin du bas, à gauche du tableau, est disposé sur une sorte de plateau une pile de pièces, et quelques autres déposées par-ci par-là. Nous supposons alors que ce qui est mis en gage dans le jeu est une affaire de gain financier ; voilà pourquoi les deux complices se sont montés contre le jeune hommes : pour lui dérober son argent. Dans Les faux-monnayeurs, et tout au long, l’histoire s’entoure d’intérêts et d’alliances (économiques) que chacun porte envers les autres pour obtenir un profit personnel.
L’enjeu des classes sociales et reconnaissance : Ce dernier thème désigne, pour finir, un aspect essentiel des deux œuvres. Dans le tableau de Caravage, nous remarquons que les trois personnages appartiennent à des groupes de classe sociales différentes. En analysant les habits de ces trois hommes, nous pouvons en déduire que le plus jeune à gauche fait partie de la noblesse, tandis que les deux autres (grâce aux gants troués du plus âgé) font partie d’une classe sociale de misère. On pourrait alors donner une explication à leur tricherie : ces deux hommes ont à projet, par leur tricherie, de gagner de l’argent pour pouvoir s’en sortir dans la vie ou mieux vivre. N’est-ce pas le même dessein que s’imposent également les personnages des faux-monnayeurs ? En effet, l’on pourrait dire que ces-derniers cachent tous un combat que chacun d’entre eux peine à vaincre… A titre d’exemple, Olivier Molinier subit au cours de l’histoire une métamorphose qui le mènera à devenir mauvais et brutal. Ce changement lié à l’influence du comte de Passavant, écrivain débauché, sur le jeune homme, a pour origine son amour caché pour son oncle Édouard.

Lauren. C

vendredi 20 janvier 2017

L'espace théâtrale.

L'espace théâtrale est l'espace ou l'action naît, où l'action se crée. Il est l'élément principal dans une pièce autant en tant que lieu de représentations ou dans les œuvres elles même. Même si il est évident que l'espace théâtrale est plus exploité dans la pièce de Sophocle que dans la réécriture de Pasolini, il est intéressant de se pencher sur l'exploitation que chacune de ces œuvres fait de l'espace en question.
Nous nous intéresserons aussi a la dimension que chacune de ces œuvres offre a cet espace en question.

Tout d'abords, dans chacune de ces œuvres, il est question de situer l'action ainsi que le déroulement de l'histoire, "Thèbes", "Corinthe","Le temple d’Apollon" sont autant d'indications nous permettant de nous situer dans un lieu, dans l'histoire en elle même. Ces indications permettent ainsi au lecteur de s'immerger dans l'histoire, qu'il s'agisse d'utiliser son imagination dans la pièce de Sophocle que par une représentation visuelle dans l'oeuvre de Pasolini. Nous feront remarquer que contrairement au film de Pasolini qui, par de multiples plans d'ensembles ainsi que de travelling (technique cinématographique pour filmer une scène dans son ensemble et une action dans son déroulement; ex: La course d’œdipe face aux gardes de Laïos) , la pièce de Sophocle ne se passe qu'a Thèbes pour pouvoir coïncider avec l'utilisation d'une scène de théâtre unique ou les acteurs apparaissent les uns après les autres. Même si, dans le film de Pasolini, un clin d’œil a été fait a l'univers théâtrale par l'utilisation de rideaux rouges dans la première scène du film, ce qui n'est pas sans rappeler l'utilisation de ce même grand rideau dans les pièce de théâtre pour permettre le changement de décors. Ainsi que la caméra, qui, en filmant a travers une fenêtre d'où aucun son ne s’échappe, nous replonge dans l'espace scénique du théâtre zen imitant vaguement le regard d'un spectateur qui serait le témoins discret de la scène. La manifestation de cet espace de théâtre se fait aussi dans le film par le biais des personnages, comme par exemple dans les mouvements de foule. Après sa victoire sur le Sphinx, Oedipe est porté par la foule devant les porte du palais, puis, encerclé par cette même foule, cela donne l'impression qu’œdipe se trouve au centre d'une scène, éclairé par les rayons du soleil comme la lumière d'un projecteur, face a un publique attendant le début d'une action. Il en va de même pou la pièce de Sophocle, où l'on s'imagine aisément les acteurs qui seraient enfermé sur la scène, entourés par la foule qui serait donc le public assistant a la scène.
L'espace théâtrale est aussi présent grâce aux lieux qui sont mis en scène notamment et principalement le palais. Comme par exemple avec Jocaste qui ne semble jamais quitter l'enceinte du palais. Elle évolue principalement a l’intérieur des murs, qu'il s'agisse du palais en lui même ou de la cours qui n'est pas sans rappeler les jardins du début du film quand elle joue avec d'autres femmes.
De plus, dans l'ouvre de Sophocle, cette impression reste la même car dans chacun des passages du textes ou Jocaste se manifeste, il est rarement fait mention d'un autre lieu que le palais. Elle semble prisonnière des murs qui sont censés devoirs la protéger. Oedipe, quant a lui, se déplace a travers différents lieux dans l'ouvre de Pasolini, traversant ainsi de nombreux paysages , tous différents et qui comme dans le passage suivant sa rencontre avec l'oracle, n'ont pas forcément de liens entre eux.
L’importance de ces espace théâtraux se fait a travers leur utilisation. En effet, qu'il s'agisse de la pièce de théâtre ou du film, chaque espace a son importance car il aide a ajouter une dimension différente a chaque scène, que ce soit par les sentiments que les spectateurs ressentiront que dans le développement de l'action. Les scènes tragiques se jouent dans des espaces clos ( palais, jardins etc.) ce qui donne l'impression que les personnages sont enfermés; les scènes d'explication ou servants a situer les actions se jouent en extérieur ( au regard de tous). L'espace théâtrale dans les deux œuvres, est exploité de tel sorte qu'il concorde toujours avec la tonalité de la scène qui se joue, et pourrait a lui seul constituer une partie de l'histoire du mythe tant il est indissociable de ce que l'on voit/s'imagine.

En définitive, qu'il s'agisse de la pièce de Sophocle ou du film de Pasolini, l'espace théâtrale est au centre même du mythe. Il a une fonction esthétique autant que pratique car il permet au spectateur de mieux comprendre l'histoire, de mieux s'y immerger et permet aussi au metteur en scène/réalisateur de laisser libre cours a l'inventivité permettant ainsi de mettre en oeuvre le mythe de la manière qu'ils le veulent en interprétant ces différents espaces a leur manière.

mardi 17 janvier 2017

L’espace Théâtrale 

Si naturellement le théâtre est un lieu « d’ou l’on voit » l’espace théâtral ne se laisse pas circonscrire a la scène, il déborde et l’ouvre en incluant le sphère du public. L’espace théâtral désigne avant toute chose un rapport – rapport de la ville à ses espaces théâtraux, rapport de la scène à la salle, rapport des acteurs aux spectateurs. De ce fait dans l’œuvre de Sophocle et le film de Pasolini nous retrouvons ces aspects d’espace théâtral mais nous pouvons nous demander : Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ?

 A l’époque, l’espace théâtral composait un orchestra. Face aux spectateurs ce trouve la skènè, les personnages principaux jouent devant la skènè appelée scène maintenant.  Sophocle et Pasolini vont mettre en avant l’espace théâtral mais de manière différente.Dès la révélation de la pythie, Œdipe c’est mise à la recherche de la vérité. Il va donc s’aventurer afin de percer ce mystère. Dans l’œuvre de Sophocle l’endroit où se déroule la pièce n’est jamais nommée directement. C’est comme si le spectateur était privé de quelques éléments, comme si Sophocle avait délibérément caché certaine information aux lecteurs. En effet nous observons dans le prologue le mot Thèbes n’est pas utiliser mais le lecteur comprend grâce aux périphrase « la ville de Cadmos » v.22 ou encore « devant les temples consacrés à Pallas » v.20-21. Le fait que la pièce se commence au porte du palais nous rappelle une pièce de théâtre ou les acteurs de mette au devant de la scène pour introduire leur pièce.Ce lieu, le palais, nous est d’écrite comme un lieu de pouvoirs, politique mais aussi religieux. Car c’est à ce lieu précis que toutes les altercations avec Œdipe vont se dérouler, ce qui montre son importance dans la pièce. 

Dans le film de Pier Paolo Pasolini néanmoins tous les élément son bel et bien affiché. Le paysage change complétement car le décor dans le film nous fait penser à des endroits orientaux, avec un soleil toujours et des couleurs rouges terre. En effet avec son adaptation cinématographique il invite le spectateurs a suivre l’histoire de Œdipe a travers l’espace. Car en effet chez Pasolini  il n’y a pas de restriction d’espace, il l’utilise pour aider le spectateur a mieux comprendre le mystère d’Œdipe.Pasolini va aussi utiliser des symboles pour agrandir l’espace théâtral car lorsque Œdipe marche sur des longues routes à la recherche de son destin l’auteur veut en effet prolonger l’espace. Certain lieux dans la représentation cinématographique sont désacralisés comme la pythie, ou encore le choeur, ce qui montre la modernité de la pièce et surtout la différence d'espace entre Pasolini et Sophocle               
                                                                                                                       
Pour conclure nous pouvons dire que l’espace théâtrale est présent dans les deux œuvres mais de façons différentes. Car si chez Sophocle il respecte les règles de l’espaces de l’époque, Pasolini lui utilise tout l’espace, et ça grâce à des symboles et des lieux. 

lundi 16 janvier 2017

L'espace théâtral est au centre de la création tragique originelle. C'est à partir d'un espace scénique, visible et concret, que l'espace dramatique et fictif naît. L'espace théâtral se compose de ces deux derniers auquel vient s'ajouter l'espace du public (le theatron ou koilon) et l'orchestra du chœur parfois. Naturellement, l'exploitation de cet espace est plus évidente dans la pièce de Sophocle, Œdipe Roi, que dans la réécriture filmique de Pasolini. Néanmoins, nous nous intéresserons à la manière par laquelle l'espace théâtral est exploité dans les deux œuvres, nous verrons que bien que cet espace soit en apparence confus, il regorge en réalité de symboles forts qu'il faut déchiffrer. Pour cela nous mettrons en évidence l'espace théâtral dans les deux genres que nous offrent Sophocle et Pier Paolo Pasolini, puis nous ferons valoir sa dimension symbolique.


            « Thèbes » (p12), « Corinthe » (p43), « la région du Cithéron» (p51) etc. sont autant de lieux dans lesquelles Œdipe s'aventure. La pièce de Sophocle prend place seulement à Thèbes et ne représente pas tout le  périple d'Oedipe afin d'être en phase avec les exigences spatiales de l'illusion théâtrale. En clair, l'espace scénique marque sa présence par les limites qu'il impose. Sophocle s'adapte à ces limites en décidant de raconter certains épisodes dans des récits : notamment celui de Jocaste (p.36) et celui du Corinthien et du serviteur (p51-53) qui rapportent le sort de l'enfant du roi « jet[é] sur un mont désert ». Le film italien Edipo Re, quant à lui, n'a pas de limites spatiales car les yeux du publics se déplacent au dos du caméra man selon la volonté du réalisateur. Le spectateur peut donc explorer l'interminable désert marocain (~28min) comme l'intimité d'une chambre conjugale. Même si l'espace dramatique semble prévaloir sur l'espace scénique, le «décor » qu'installe Pasolini rappelle parfois l'univers théâtral. Ainsi, la première image du film est un plan fixe sur un balcon avec une fenêtre et ses rideaux rappelant à la fois les typiques rideaux rouges du théâtre et la position du spectateur qui est, quand le quatrième mur n'est pas constamment brisé, bel et bien celle du voyeur.

    Nous retrouvons dans les genres des deux œuvres une certaine mise en scène que trahit parfois le spectaculaire. En effet, ce que l'on cherche à faire voir est mis en lumière par ceux qui voient. Chez Pasolini, cela se traduit par le rapport entre les foules et les personnages principaux faisant ainsi ressortir un espace théâtral. Lorsque Œdipe est porté à Polybe (~14min) il rentre, en d'autres termes, en scène. Acclamé, montré aux yeux de tous, présenté au peuple comme on présenterait un nouveau personnage au public, l'apparition de celui qui devrait devenir roi de Corinthe marque également le début d'une histoire. Plusieurs fois cet espace théâtral est représenté, notamment lorsque Œdipe se rend à Delphes (~23min). Le schéma théâtral est clairement montré, entre le peuple, alias le public, qui regarde la scène qui n'est autre que l'espace sacré où l'histoire se joue. Apparaît donc Œdipe et parce qu'il contamine, il se distingue des autres, d'un public qui fait peser sur lui une curiosité morbide: il joue le grand rôle du personnage principal tragique. S'en suivent comme des tableaux plusieurs « scénettes » dont la représentation est facilitée par les moyens que met à disposition le film : des hommes dansent, Œdipe rencontre une prostituée qu'il fuit, il assiste à un mariage. Ces événements sommaires télé-transportent Œdipe dans multiples espaces sans liens logiques ce qui peut susciter une certaine confusion auprès du spectateur qui observe. Enfin, le combat interminable qu'entreprend Œdipe est spectaculaire et presque comique (s'apparente aux pantomimes pathétiques). Sans jongler avec des espaces dépaysants, Sophocle exploite naturellement un espace scénique. La mise en scène apparaît dans les didascalies complémentant les dialogues. Il s'agit bien d'occuper l'espace symboliquement et de manière réfléchie comme le montre les passages suivants : (p33) « Jocaste apparaît au seuil du palais et s'interpose entre Œdipe et Créon », (p50) « Par la gauche entrent deux esclaves conduisant un vieux berger », (p29) « Créon arrive par la droite ». Néanmoins, cette configuration de l'espace n'est pas nécessairement évidente pour les spectateurs qui ne comprennent pas forcément comment Sophocle organise les va-et-vient des comédiens et surtout quels raisons se cachent derrière ses choix. L'espace théâtral purement scénique est également mis en avant par l'intervention du chœur. Ainsi, le lecteur de la pièce de Sophocle s'imagine le chœur à défaut d'être dans un théâtre physique : (p16) « Entre le chœur des Vieillards ». Une place est attribuée au jeu, aux spectateurs et au chœur qui joue l’intermédiaire notamment grâce au coryphée.
    S'établit ainsi  un dialogue entre les différents composants de l'espace théâtral. En effet, au fur-et-à-mesure qu'avance l'histoire se dessine progressivement le visage hors-scène du coupable du meurtre de Laïos grâce aux questions posées sur scène. L'espace du public et celui de la scène diffèrent par la connaissance que l'un semble avoir au dépit de l'autre, qui, à la fin, le rattrapera. Autre jeu avec l'espace de la scène, l'espace du public et le hors-scène est naturellement celui qu'impose la bienséance. Au cinquième épisode, la mort de Jocaste et le châtiment spectaculaire que s'inflige Œdipe ne se passent pas sur scène mais sont racontés au public par le messager et le coryphée. Bien que le départ précipité d'Oedipe qui (p53) « se rue dans le palais » après que Jocaste soit elle-même (p49) « rentré[e], éperdue » provoque avec le triste chant du chœur quelques suspicions auprès du spectateur, ceux-ci ne découvrent les événement seulement grâce au jeu sur scène. L'hors-scène fait autant partie de l'espace théâtral en agissant sur l'imaginaire du spectateur et en rapportant, plus concrètement, des faits marquants. Ainsi, au delà de l'illusion théâtrale, une sorte de double énonciation constante fait le lien entre les différents espaces constitutifs de l'espace théâtral. Dans le film de Pasolini ce dialogue entre espaces agit sans arrêt. Un film ne peut être fait indépendamment de son public, l'espace scénique et le chœur s'inscrivent par ailleurs dans un espace plus large sorti directement de l'imaginaire du réalisateur. Ainsi Pasolini compose un univers par associations d'images empruntées de scènes réalistes de l'Italie des années vingt, du désert du Maroc puis de l'Italie de années 60, notamment avec église, un paysage industriel et un pré. Lorsque Jocaste regarde l’objectif de la caméra (~3min) elle cherche à voir le spectateur et à briser la barrière qui définit l’espace scénique et le public. En plus de figurer dans le film par l’intermédiaire du chœur (attroupements et chants), le public est inclus, invité dans l’espace théâtral. Dans ces jeux d’inclusions et d’exclusions, d’emprunts et d’imagination, il est difficile d’identifier un espace théâtral autre que l’espace que cherche à faire voir et qu’englobe l’univers de Pasolini tout entier.

    Néanmoins, cette prime confusion révèle en fait toute une série de symboles qu’il faut déchiffrer.

    Pourquoi, par exemple, ne voit-on pratiquement jamais Jocaste à l’extérieur du palais dans le film de Pasolini? A part la première apparition de la reine sur sa charrette royale, Jocaste s’aventure tout au plus dans le jardin du palais. Une opposition symbolique entre extérieur et intérieur est en effet faite dans les deux œuvres.  Le prologue de Sophocle se joue devant le palais et les témoins Thébains. Cette scène prend donc les allures officielles d’une déclaration publique. Dans le film de Pasolini celle-ci se joue également dans le seuil du palais. Pareillement, lorsque Tirésias vient à l’encontre d’Oedipe, un travelling avant offre un plan d’ensemble sur la façade du palais où trône Oedipe.  Dans ce monde extérieur, Oedipe incarne le pouvoir. Lorsque le choeur exprime son désarroi dans le premier épisode de la pièce de Sophocle, Oedipe «sort du palais et s’adresse au Choeur du haut de son seuil» (p19). A la limite entre le monde extérieur et celui du palais, Oedipe fait planer un mystère sur ce que qui se passerait ou se cacherait dans l’espace auquel il a seul accès. Sophocle ne fait jouer les acteurs qu’en dehors des murs du palais et nous bloque ainsi l’accès à cet espace intérieur. De l’extérieur surgissent les tentatives de percer la vérité. C’est à l’extérieur que se fait l’arrivée de Tirésias qui se présente à Oedipe (p24: «en moi vit la force du vrai»), c’est également à l’extérieur que Oedipe apprend par le servant la vérité sur ses origines et son évidente culpabilité dans les deux pièces: (4ème épisode) «Hélas, hélas ! Ainsi tout à la fin serait vrai ! Ah ! lumière du jour, que je te voie ici pour la dernière fois, puisque aujourd'hui, je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l'époux de qui je ne devais pas l'être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! (Il se rue dans le palais)». A chaque fois que le couple royal vit des sensations intenses dans l’espace dramatique, ils paraissent chercher refuge dans le palais. Dans l’épisode deux, alors que tous leurs espoirs sur la culpabilité d’Oedipe reposent sur le valet, «ils rentrent ensemble dans le palais». Dans le 5ème épisode, en guise de protection « on ramène les fillettes dans le gynécée [appartement des femmes dans les maisons grecques et romaines], tandis qu'on fait rentrer Oedipe par la grande porte du palais.

     Le palais protège l’intimité de son intérieur du regard critique et pesant de l’opinion publique. Il est le lieux du privé où se déroulent tous les crimes. C’est le lieu souillé, l’intérieur néfaste qui contamine Thèbes. Si la lumière brûlante du désert couvre Thèbes, à  l’ombre du palais Jocaste et Oedipe agissent sans honte. C’est pour cela que Pier Paolo Pasolini interpose des scènes de la vie conjugale avec des images de cadavres pestiférés. Il cherche à mettre en lumière un rapport de causalité entre ces deux espaces. Ce qui se dit dans le palais chez Sophocle ne se sait pas,  à part la mort de Jocaste et l’énucléation d’Oedipe qui ont résonné sur les murs vides. En effet, le palais est un lieu de honte où réside le secret intérieur à Oedipe et à Thèbes. C’est l’espace tragique de l’inceste et du suicide mais c’est à la fois le seul refuge face à la lumière insupportable qui agresse Oedipe et qui finit par le faire se percer les yeux. Celle-ci est montrée dans le film par des effets de la lumière saturée sur la lunette de l’objectif et dans la pièce de théâtre de Sophocle par les paroles d’Oedipe: (p59) «Mes yeux, à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées exclus de nos dieux, dont je me suis exclu moi-même".

    Autant dans le film de Pasolini que dans la pièce de Sophocle, la figure de la mère est réifiée par l’espace - le pré des premiers et derniers instants de l’Oedipe de Pasolini et les métaphores spatiales qu’emploie Sophocle pour désigner ce qu’est fait de l’image maternelle avec: (p54) «Ainsi la chambre nuptiale a vu le fils après le père entrer au même port terrible!», «comment le champ labouré par son père a-t-il pu si longtemps, sans révolte [...] supporter". La chambre nuptiale est également dans le film de Pasolini chargée de symbolique. Elle est en effet le lieu des premières jalousies entre le père et le fils, elle est le lieu 'où Oedipe est chassé et en le reconquérant, ce lieu marque la revanche d'Oedipe. Enfin esi elle est le lieu du crime elle est aussi le lieu du châtiment. En clair, en concentrant l'essentiel de l'action dramatique, ce lieu se présente comme l'espace dramatique majeur de l'espace théâtral.


 L'exploitation de l'espace théâtral joue autant sur l'espace physique et l'espace fictif, comme l'espace du récepteur. Ainsi, si l'exploitation de l'espace physique se confronte à quelques limites, l'espace dramatique s'alimente essentiellement de l'imagination du metteur en scène ou du réalisateur. La configuration de l'espace théâtral n'est pas anodine mais au contraire elle est significative. Si Pasolini et Sophocle ne partent pas d'un espace scénique identique ils concèdent à l'espace fictif des symboliques semblables. Le personnage d'Oedipe toujours à la limite des espaces assure la communication entre ces derniers et fait d'eux des espaces tragiques.

"Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible" Antonin Artaud

Bien avant d’être une oeuvre qui a fait l'objet de nombreuses réécritures par les plus grand auteurs, la tragédie d’Œdipe Roi était une pièce de théâtre qui a su devenir un mythe universel et intemporel. Cependant dans toute pièce théâtral et de surcroît une tragédie, l'espace ainsi que sa représentation joue un rôle très important et c'est d'autant plus vrai chez Œdipe Roi de Sophocle où les lieux vont participer à la mise en place de la "machine infernale" où va être aspiré le héros même si Pasolini va aussi utiliser cette espace d'une tout autre manière. 

Mais qu'entend t-on par "espace théâtral" ? Si étymologiquement le théâtre est le « lieu d'où l'on voit », l'espace théâtral ne se réduit pas seulement à la scène mais regroupe à la fois l’espace concret de la scène, l’espace fictif et absent de la scène et l’espace où sont installés les spectateurs. De ce fait, l'espace théâtral désigne avant toute chose un rapport incluant la sphère public: échange entre acteurs et spectateurs sans oublier l’espace imaginaire, l’espace de la fiction que le spectateur imagine en voyant la pièce. 



Ainsi nous verrons comment le dramaturge et le réalisateur ont-ils exploité l'espace théâtral dans leurs œuvres et en quoi cela peut-il apparaître de manière confuse, révélant ainsi tout une série de symboles à déchiffrer.  


Tout d'abord Sophocle et Pasolini vont mettre en exergue l'espace théâtral à travers différentes mise en place de l'espace où chacun va y apporter une spécificité. Dans la pièce, on peut voir que le dramaturge choisit de de nous faire comprendre que l'espace scénique va se jouer à l'entrée du palais, aux abords de la ville de Thèbes: "Devant le palais d'Œdipe. Un groupe d'enfants est accroupi sur les degrés du seuil." (Première page du Prologue).

On comprend alors que les différentes scènes jouées par les personnages de la tragédie se feront aux portes du palais. L'extérieur du palais c'est aussi le lieu où converge tout les mouvements: l'arrivée de Créon qui revient de chez l'Oracle, celle de Tirésias, celle du Corinthien ou encore celle du vieux berger. Cependant le Chœur ainsi que le Coryphée détient lui une place bien particulière chez le dramaturge qui est celle de l'Orchestra dans lequel il intervient par des intermèdes de chorale. Le messager quand à lui a pour rôle de relater le récit et ainsi nous faire part de ce qui se passe à l'intérieur du palais c'est à dire ce dont nous ne pouvons avoir connaissance: "Mais le plus douloureux de tout cela t'échappe(...)La femme est pendue !" (Exodos page 55-56) Ici apparaît un dialogue entre le coryphée qui questionne le messager afin d'en savoir plus sur la mort de Jocaste. Par la même occasion cela permet aux spectateurs de savoir ce qui c'est passé dans l'entre du palais, on assiste là à un dévoilement des espaces cachés voir même censurés.

Contrairement à Sophocle qui lui joue sur le poids des mots afin de nous faire visualiser certaines scènes de par ces descriptions où il fait intervenir certains personnages comme le messager par exemple, Pasolini lui va se détacher de cette matérialité des mots  puisqu'il décide à travers son adaptation cinématographique de ne rien cacher aux spectateurs. En effet, cette notion de censure n’apparaît pas chez le réalisateur, au contraire, il décide de tout montrer, que ce soit l'intérieur du palais, les scènes nuptiales, la peste, les scènes de violences etc. Avec lui l'espace théâtral est visible par tous (matérialité des images). On peut même aller jusqu'à dire que dans son film, Pasolini réinvente l'espace. Pourquoi ? Parce-qu'il se sert de cet espace pour jouer en même temps sur la temporalité de la tragédie qui est censé se dérouler sur une journée alors que dans le film la durée de l'action est beaucoup plus longue. Pasolini déborde de l'espace temps de la tragédie de Sophocle et puise plus largement dans la matière mythologique d'où le dépaysement face à un changement radical d'espace géographique (délocalisation de la Grèce antique de Pasolini dans les montagnes du Maroc du Sud offrant ce degré d'aridité ocre dans un monde archaïque).




Ainsi ce sont tout ces éléments cachés, censurés, contribuant à faire respecter la règle de bienséance chez le dramaturge qui font apparaître l'espace théâtral de manière confuse. Certains personnages vont jouer  un rôle prépondérant dans l'évolution de l'intrigue à travers la fonction de la parole comme le messager ou encore le chœur et ce sont pour les spectateurs tant de messages à déchiffrer à travers la matérialité des mots de Sophocle. 
Chez Pasolini, la confusion de l'espace théâtral s'illustre dans un premier temps avec la structure de la tragédie en tripartie. Ce lien entre la scène et la sphère public n'est plus puisqu'il est ici question d'une oeuvre cinématographique. Le film utilise la vie d'Œdipe à une échelle plus vaste puisque la première partie évoque la petite enfance du héros, transposée à une époque moderne; puis au début de la deuxième partie, on assiste à l'abandon de l'enfant et au moment où le berger corinthien le recueille et le remet à son roi. Ensuite c'est un Œdipe jeune qui est mis en scène à la quête de son identité et ses conséquences. La dernière partie, dont l'espace temps est moderne, montre l'exil d'Œdipe. Tout ces éléments illustrent l'ambivalence de l'espace théâtral qui oscille entre la règle de bienséance de Sophocle où il nous faut déchiffrer les messages et cette volonté de ne rien cacher, de tout montrer prenant ainsi une dimension virtuelle accentué par la matérialité des images que Pasolini préconise. 

Il est clair qu'une tragédie embrassant la même durée et la même matérialité que le film de Pasolini nécessiterait un plus grand nombre de pièces. Néanmoins cela n'exclut pas la série de symboles à déchiffrer qui naît de la confusion de l'espace théâtral exploité dans les deux œuvres. En effet, on peut déceler une multitude de symboles liés à l'espace théâtral dans la pièce de Sophocle. Tout d'abord Delphes qui incarne un lieu divin de par la présence de la Pythie, c'est le lieu où le destin d'Œdipe a été scellé. Ensuite l'espace scénique détient une symbolique politique puisque la pièce se déroule aux portes du palais royal (le palais: cœur politique de la ville), puis on a le chœur qui se porte garant de représenter la cité. Le carrefour est lui aussi un des symboles clés à déchiffrer. C'est le premier indice que Jocaste va donner à Œdipe et qui va le permettre d'avancée dans son enquête. Bien loin d’être un simple lieu c'est aussi l'endroit où il a assassiné son père, le roi Laios. Certains auteurs se sont penchés sur la question du "croisement des deux chemins" et affirment qu'il représenterait la dimension freudienne fusionné avec le complexe d'Œdipe: le "croisement" serait une image des caractères sexuels du père et la mère.

Pour finir il est essentiel de ne pas oublier d'évoquer le cinéma de poésie de Pasolini (langue écrite de la réalité). Traitée sur un mode onirique, la pièce de Sophocle s'inscrit dans le film à la manière d'un scénario inconscient et archaïque, dans lesquelles symboles et silences sont aussi signifiantes que les mots. La transposition de la pièce de Sophocle dans un "univers" primitif et "barbare" traduit, chez Pasolini, une nostalgie du sacré, dont l'oubli ou la négation fonde le tragique moderne. 


Enfin, la question de l'espace théâtral reste très variée selon les deux auteurs même si chez Sophocle l'espace scénique apparaît restreint, ces symboles n'en sont pas pour autant réduits. Quant à Pasolini il réinvente l'espace théâtral à travers son cinéma de poésie et son monde archaïque. Pour ce qui est des lieux, ils possèdent tous dans les deux œuvres des dimensions différentes, qu'ils soient politique, sacré, tragique ou religieux. Avec une symbolique propre à chacun qu'il faut savoir déchiffrer. 



Ruddy LIMA EVORA

L’espace et sa représentation joue un rôle essentiel dans Œdipe-Roi, de Sophocle et de Pasolini. Ils sont au cœur même de la tragédie et ont un aspect symbolique et significatif très fort. En effet ils font partie de la « machine infernale » dont Œdipe est victime. Il le trompe, le fond tourner dans tous les sens. On se demande alors comment l’espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres et, en quoi apparait-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu’il faut déchiffrer.

Tout d’abord, l’espace théâtral apparait comme un lieu propice au destin d’Œdipe et donc au tragique. On constate dans un premier temps que son destin est relié entre deux villes. Corinthe et Thèbes. Pasolini dans le film met en scène cette connexion. Thèbes n’est autre que la ville natale d’Œdipe, celle dont il a été rejeté et condamné à mort par Laïos et Jocaste. Corinthe est la ville où il renait, mal aimé il y trouve Polybe et Mérope qui s’occupent de lui  tel un fils. La connexion se fait alors avec les oracles qui malgré le déplacement du personnage, le rattrape toujours et font en sorte qu’il revienne à ses origines. La famille Labdacides est indissociable de Thèbes, Œdipe y retrouvera toujours le chemin. C’est alors que l’on se rend compte que ces deux villes sont les deux faces caché de son destin. Son mouvement d’aller-retour entre Thèbes et Corinthe montre sa volonté d’échapper aux oracles. Thèbes en plus d’être sa ville natale à une symbolique très particulière. En effet on le voit bien dès le début de la pièce de Sophocle. La peste dévastatrice s’abat, cette ville est victime de ceux qui y règne, elle en est souillée. Elle est à l’image d’Œdipe qui lui est victime d’être lui-même, et des histoires familiales. Née enfant maudits, il est une souillure car il commet des fautes extrêmement grave (parricide, inceste). Œdipe en apprenant qui il est, finira par renoncer à la vue, mais aussi à Thèbes « Mais pour moi, tant que je vivrai, que jamais cette ville, la ville de mes pères, ne soit donnée pour séjour. » Dans la pièce de Sophocle, Thèbes est représenté par le chœur, on n’a pas beaucoup de détails sur la ville mais la présence d’un temple et d’un autel dédié à Apollon ou Jocaste va prier y sont mentionné. L’autel renvoie au théâtre antique, il était placé au centre et servait à faire des sacrifices pour les dieux. Jocaste les invoquer surement par peur que la vérité sorte. Elle chercher à implorer leur pitié.
Le mont Cithéron symbolise la naissance et la mort. C’est une montagne proche de Thèbes, là ou Laïos fait emmener Œdipe bébé pour y être exposé. Œdipe sauvé ne connaitra pas la mort à cet endroit. Cependant à la fin de la pièce de Sophocle, Œdipe dans son dernier dialogue avec Créon dit « Laisse-moi bien plutôt habiter les montagnes, ce Cithéron qu’on dit mon lot. Mon père et ma mère, de leur vivant même, l’avaient désigné pour être ma tombe : je mourrai donc ainsi par ceux-là qui voulaient ma mort. » Il réclame cette dernière faveur à Créon et nous renvoie à l’éternel figure de la condition humaine. De ce passage Pasolini rendra le pré du prologue symbolique. Dans celui-ci Œdipe reviens, les moments d’intimités et de fusion entre lui et sa mère lui reviennent « La s’achève toujours où elle a commencé. »

Comme autre lieu symbolique qui renvoie au destin et à la tragédie d’Œdipe on retrouve : Le croisement des deux chemins. Il est l’endroit ou Œdipe commet son premier crime, celui qui le mènera à l’accession du pouvoir à Thèbes et au mariage avec sa mère. Il est en quelques sortes une première étape au déclanchement de la tragédie. De plus tout au long de la pièce de Sophocle il sera évoqué car il est le lieu du meurtre de Laïos et donc l’endroit ou la souillure a débuté. Ce croisement est assez complexe car il est interprété de façon très diverse. De plus Pasolini au sein de son film va mettre en scène le meurtre. Il ponctue le film avec des bornes indiquant les directions de Thèbes et de Corinthe, ceci permet de prêter attention aux moments symboliques d’hésitation et de choix d’Œdipe. Il fait des tours sur lui-même et finalement pense aller vers le hasard mais est guider par les oracles. Dans le film de Pasolini, la délocalisation dans le désert donne un aspect symbolique supplémentaire. L’aridité de l’endroit plus le soleil assommant du le visage du personnage donne une atmosphère tendu. Le personnage est presque écraser par cette chaleur, elle est à l’image de son destin, destructrice. Mais c’est aussi un lieu propice à l’hostilité. Comme Koltès le dit dans son texte « si un chien rencontre un chat », «  si deux hommes […] se trouvent par la fatalité face à face […] sur un terrain neutre et désert, plat, silencieux, ou l’on entend marcher, un lieu qui interdit l’indifférence, ou le détour, ou la fuite- lorsqu’il s’arrête l’un en face de l’autre, il n’existe rien d’autre en eux que l’hostilité […] un acte de guerre sans motif. » C’est exactement ce que symbolise ce croisement des deux chemins, une hostilité entre père et fils. Malgré qu’ils soient inconnue l’un à l’autre il y a une tension entre eux, une rivalité certaine.
Symbolique aussi dans le film de Pasolini, le prologue et l’épilogue tourné en Italie moderne. La scène de l’accouchement à un côté symbolique et théâtrale car on est dans une fausse intimité. La caméra positionné à l’extérieure nous fais penser à une pièce de théâtre, on entend rien, on ne sait pas comment la mère réagis à la naissance de l’enfant. On observe juste. Il y a dans cette espace une certaine confusion car on sent déjà que ce nouveau née n’est pas accepter.
La chambre nuptiale d’Œdipe et Jocaste est aussi propice à la tragédie. Tous les moments d’intimité et d’inceste entre les personnages se retrouvent dans ce lieu. C’est un lieu de souillure. Dans le film de Pasolini il y fait tout le temps sombre. Cette dans cette part d’ombre que le crime et commis, mais aussi que la vérité se cache. C’est aussi un lieu de mort, Jocaste s’y suicidera et Œdipe d’y crèvera les yeux. Il est donc symbolique car il apporte le dénouement final.
On retrouve des lieux symboliques de l’ordre politique. Au sein de la pièce de Sophocle on retrouve l’extérieur du palais. Symbolique car c’est en ce lieu que débute la pièce mais aussi car il représente le pouvoir d’Œdipe. Du haut de ses marches il prend ces décisions et ordonne les choses. Il est en position de supériorité par rapport au reste des personnages, cette disposition rappel automatiquement le côté théâtrale. Cependant il y a une certaine confusion étant donné que c’est du haut de ces marches même qu’Œdipe sortira les yeux crever face à tous. Elles symbolisent donc à la fois sa grandeur mais aussi sa faiblesse.


Pour conclure, de nombreux espaces théâtraux apparaissent comme symbolique dans Œdipe roi. Ils apparaissent comme lieu propice à la tragédie, porteur de destin politique et religieux. 

CHUPIN Maëlys.

L'espace chez Sophocle et Pasolini

L’espace dans Œdipe Roi de Sophocle et Pasolini
Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux oeuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ?


            L’espace théâtral, soit le milieu où le personnage exprime son rôle, détient une importance cachée aux yeux du spectateur ou du lecteur. On peut rappeler que dans l’antiquité, l’espace théâtral est en plein air. Il possède un rôle commémoratif en l’honneur des lénéennes et des Dionysies et est marqué par sa construction sur la distinction entre spectateurs et acteurs, c’est-à-dire le public en position surélevée qui observe les acteurs et se questionnent. Dans les œuvres « Œdipe Roi » et « Edipo Re » de Sophocle et Pierre Paolo Pasolini, qui sont respectivement une pièce de la tragédie antique et d’une adaptation cinématographique de la pièce de Sophocle à caractère autobiographique, on retrouve cet aspect mystérieux de l’espace théâtral par différentes interprétation.
            On peut alors se demander comment l’espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse révélant toute une série de symboles qu’il faut déchiffrer.
            Dans un premier temps nous étudierons les lieux de pouvoirs politiques, dans un second temps les lieux religieux et enfin dans un troisième temps nous exposerons les lieux tragiques.

            Il est essentiel d’énoncer que les lieux de pouvoirs politiques et religieux sont essentiellement racontés dans l’œuvre de Sophocle, étant une pièce de théâtre ; contrairement au film de Pasolini qui offre la possibilité aux spectateurs, grâce aux nombreux décors, de visionner cet aspect qui paraît privatiser dans la pièce théâtral même si notre imagination laisse libre à son cours.
Le premier espace théâtral, sûrement l’un des plus exploités de la pièce de Sophocle, reste le palais. Il symbolise le pouvoir d’Œdipe puisqu’après avoir résout l’énigme de la Sphinx, les habitants de Thèbes lui offre leur reine : Jocaste ainsi que le titre de roi. Dans le prologue de la pièce, cette notion de pouvoir que seul Œdipe détient est accentuée par la didascalie : « Un groupe d’enfants est accroupi sur les degrés du seuil. [...] Debout, au milieu d’eux est le prêtre de Zeus. ». On comprend simplement la position inférieure de ses Thébains face à Œdipe qui réside devant son palais comme pour la reproduction de cette scène dans le film de Pasolini. Dans les deux œuvres, Œdipe est représenté tout puissant en tant que roi devant son palais.
Le palais est bel et bien celui d’Œdipe. Durant la confrontation entre Œdipe et Créon, Sophocle renvoie, encore une foi à ce symbole de puissance qu’est le palais : « Hé là ! que fais-tu donc ici ? Quoi ! tu as le front, insolent de venir jusqu’à mon palais » (Premier Stasimon, Deuxième épisode). Œdipe réplique « mon palais », c’est-à-dire sa puissance, son pouvoir, ce qui détermine matériellement sa figure de roi.
Dans le film de Pasolini, la reproduction de la confrontation entre Créon et Œdipe est différente, en effet Créon se retrouve à l’intérieur du palais d’Œdipe et non pas sur le seuil. Cependant Créon est dans l’ombre peut-être pour souligner qu’ ne détient pas le pouvoir mais qu’il reste son ombre soit qu’il suit de près Œdipe.
On retrouve aussi Corinthe comme lieu politique secondaire. Seulement énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’arrive de Corinthe. » (Troisième épisode), la ville de Corinthe ne représente qu’une infime partie du film de Pasolini.
Corinthe représente aussi un symbole de pouvoir politique par le fait qu’Œdipe est annoncé roi par le corinthien dans les deux œuvres : « Les gens du pays, disait-on là-bas, institueraient Œdipe roi de l’Isthme » (Troisième épisode).

            Ce lieu de pouvoir fait référence à ceux où la présence des dieux, ayant tout pouvoir sur l’homme dans la tragédie antique, opèrent, c’est-à-dire les lieux religieux.

            Les lieux religieux sont énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’ai envoyé le fils de Ménécée, Créon, mon beau-frère, à Pythô, chez Phoebos » (Prologue). De même dans le film de Pasolini : on ne voit ni Créon ni Jocaste partir au temple mais nous en avons l’information. Le seul lieu religieux dont nous sommes témoins se trouve dans le film de Pasolini : la rencontre d’Œdipe et de la Pythie seulement le lieu est désacralisé : nous ne voyons qu’un désert où seul un arbre règne.

            Ces deux types de lieu réunis dans les deux œuvres en apportent un troisième qui les unit intimement : les lieux tragiques.

            Encore une fois revient le lieu incontournable : le palais qui n’est pas seulement un lieu où s’exprime le pouvoir politique d’Œdipe mais aussi l’accomplissement de son destin. Plus précisément, dans les deux œuvres l’inceste, le suicide de Jocaste et la mutilation oculaire d’Œdipe se déroulent dans l’enceinte du palais. Celui-ci symbolise donc la tragédie de la destiné d’Œdipe.
Mais il n’existe pas seulement le palais comme lieu représentant la tragédie de la destinée d’Œdipe. Uniquement énoncé dans la pièce de Sophocle : « Le pays est la Phocide ; le carrefour est celui où se joignent les deux chemins qui viennent de Delphes et de Daulia » (Premier Stasimon, Deuxième épisode), le lieu où se déroule le parricide d’Œdipe est longuement filmé dans l’œuvre de Pasolini, nous assistons même à une bataille rappelant les hostilités dans les films de Western américain. Ce « carrefour » représente donc lui aussi  un lien avec le tragique.
Thèbes aussi peut représenter ce symbole puisque la ville est le lieu où s’abat la fatalité des dieux par la propagation de la maladie de la peste, dans les deux œuvres, suite à l’inceste d’Œdipe et Jocaste.


            Ainsi l’espace théâtral est exploité par les répliques, les didascalies dans la pièce de Sophocle et la vision pour le film de Pasolini. Dans les deux œuvres nous retrouvons les mêmes types de lieux (pouvoir politique, religieux et tragique) qui forment un lien autour du script. Cependant leur apparence est caché dans la pièce et le film, c’est à nous lecteur et spectateur d’en comprendre le sens qui dévoile peu à peu le lien avec le déroulement du récit. 

espace.

Dans le théâtre comme dans le cinéma, la mise en scène nécessite un espace. C'est dans cet élément que les personnages vont s’animer et que l’intrigue va se mettre en place et se dénouer. Selon la mise en scène, ce lieu que l’on se figure dans l’œuvre de Sophocle et qui nous apparaît dans celle de Paoslini, c'est l'espace de la fiction. Chez le dramaturge il est abstrait et nous le construisons par l'imagination ou c'est l'espace réel de la scène où évoluent les acteurs, selon que l'on regarde la pièce ou que l'on la lise. Le mythe d’œdipe nous est présenté sous différents cadres. Nous verrons que les deux auteurs n'ont pas exploités l'espace de la même manière. C’est pourquoi nous nous interrogerons sur Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ?

 Traditionnellement, le théâtre avait lieu sur la scène, un espace limité souvent arborés de décors, souvent peu ostentatoires afin de laisser le spectateur se le figurer grâce à l’imagination., Donc, même si il est délimité par la scène, un lien semble s’étendre entre le spectateur et les personnages grâce à l’intermédiaire particulier qu'il partagent : le chœur : ce personnage, n'appartient à aucun espace et chez Sophocle,
cest l’espace réel de la scène où évoluent les acteurs, il peut aussi se prolonger au milieu du public. Le choeur par exemple, interagie avec le public, se qui rend le théâtre interactif et étend l’espace. Les limites ne sont plus raides et établies comme dans autres œuvres. Mais nous constatons que Sophocle, dans son théâtre traditionnel, respecte les réglés des 3 unités composés de l'unité d'action, de temps et de lieu. . L'unité de temps resserre les faits et les limite à vingt-quatre heures. Cette règle cherche à entretenir l'illusion d'une coïncidence entre la durée de la fiction et le temps de la représentation. Sophocle fait donc raconter aux personnages les actions antérieures ou les événements choquants, tout cela car il ne peut tout représenter. Même si il utilise des ellipses, le temps passe dans l’oeuvre de Pasolini, on voit Oedipe évoluer, d’enfant à adulte, dans les differents lieux qui marquerons sa vie. 
Paoslini joue même avec le temps en le rendant cyclique ce qui donne un aspect encore plus fantomatique et poétique à son œuvre. Le cinéaste italien attribue un lieu  à une notion ou à un personnage. Par exemple le chanmp filmé du point de vue de l'enfant pendant que le quatuor est joué, le thème de la mère. Certains lieux évoquent donc des personnes mais aussi représentent des souvenirs. Il va d’ailleurs mélanger les époques en rendant confus intentionnellement son oeuvre. Sophocle, crée la confusion en évoquant des lieu que l’on a du mal à se figurer.
Pasolini va jouer sur la temporalité et représenter tous les lieux ou va évoluer Œdipe selon des décors propres à sa mise en scène et en alternant deux périodes : moderne est antique 
L'unité d'Action veut que l'action se déroule dans un espace unique..or si Sophocle, respecte cette règle, dans le film de Pasolini nous voyons œdipe evoluer dans différents le lieux et sa, sa marche à travers plusieurs villes, nous verrons plus tard ce que représentent ces lieux qui cachent des symboles forts.






Dans les deux, œuvres, chaque auteur à exploité l'espace de manière différente en leur donnant des symbolique variés. Variant de leur mise en scène : les lieux ont une valeur tragique : lieux où s’accomplissent les crimes, et les oracles (le carrefour, la chambre nuptiale), lieux où les héros, pour un temps, croient échapper au destin (Corinthe, les remparts de Thèbes où Œdipe se croit vainqueur, le Palais où il pense exercer un pouvoir sans menaces), lieux enfin d’où part, inexorablement, une vérité qui les rattrape…
Chaque lieu semble avoir un rôle à jouer dans l'histoire et  symboliser quelque chose.
Tout d’abord, la pièce se joue entre trois villes : Thèbes, Corinthe et Delphes. Thèbes est la ville où tout va se jouer, c'est un lieu maudit qu’œdipe va libérer pour la souiller lui-même. Pasolini donne une symbolique au palais présente un lieu comme celui ci est souillée marque par la décadence et l'inceste ce qui fait qu'au final. Oedipe est un personnage qui ne trouve sa place dans aucun espace, il est toujours filmés à l'entrée du palais mais pas à l'intérieur ce qui fait qu'au il n'est filmé que dans le lit de sa mère : c'est la seul place qu'il occupe qui dérange et qu'il souhaite. C'est dans ce palais qu'il naît, , qu'il épouse et couche avec sa mère mais c'est aussi dedans qu'il accomplira son destin et qu'il en sera libéré. Chez Sophocle,l’espace scénique d’Œdipe roi représente l’entrée du palais, ainsi nous voyons la ville de Thèbes et les portes du château. Cette information nous est donné juste avant le prologue . Thèbes, c’est la ville représentée par le chœur ; peu de choses nous en est dit : il est fait mention de temples, d’autels dédiés à Apollon, auprès desquels Jocaste vient prier… C’est une ville marquée par la violence : première violence infligée à l’enfant rejeté et abandonné, mort violente de son Roi, violence de la Sphinx, et pour finir la peste, qui ne se résout que par la mort de la Reine et l’exil d’Œdipe. 
Toujours chez Sophocle, Corinthe représente le troisième sommet du triangle : ville où Œdipe a grandir, elle aurait dû  être son refuge le plus sûr, si une partie de la vérité ne lui avait été révélée trop tard. C’est de Corinthe que vient le messager, qui révèle à Jocaste la vérité sur Œdipe et précipite le dénouement.
Delphes est le lieu des révélations et des horreurs. Chez Sophocle, c'est ville de l’oracle c’est de là que revenait le père d’Œdipe lors de la fatale rencontre ; c’est de là que vient Créon au début de la pièce. C’est là que Tirésias invite Œdipe à se rendre… c’est le lieu de la parole vraie, mais toujours obscure : un exemple parmi d’autres, c’est l’oracle sur le parricide et l’inceste qui a fait oublier à Œdipe la réponse qu’il était venu chercher : le nom de son  vrai père et la vérité sur sa naissance ! Ville sacrée aux yeux des Grecs, Delphes est ici chargée d’une puissance tragique.
Enfin, deux autres lieux prennent évidemment une importance considérable : Le Cithéron, montagne quasi sacrée (voir le « chant épisodique » du 3ème épisode) où Œdipe enfant aurait dû mourir, et qui lui servira, croit-il, d’ultime refuge dans son exil ; lieu sauvage, où vivent des ours et des loups, et qui s’oppose donc aux lieux civilisés, aux villes, où le banni n’a plus sa place et Le carrefour de Phocide, où s’est déroulé le meurtre, Le chemin n'est autre que le chemin du destin car c’est là où il accomplira une partie de son destin et c'est ce même chemin qui le m'en étais à Thèbes, sa ville d'origine et là où tout s'achèvera

Pour conclure, nous pouvons dire que les deux auteurs ont exploités l'espace de manière différentes d'après des procédés variés


léna riquet.