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samedi 17 décembre 2016

La peste (article Layal)

Dans la pièce d’Oedipe-roi de Sophocle et l'œuvre cinématographique de Pasolini, la peste détient une place importante historiquement et symboliquement.  Après qu’Oedipe soit devenu roi et a épousé Jocaste, une Peste ravage la ville. Œdipe traduit cela par la colère des dieux face au meurtre non résolu du précédent roi (Laios, qu’Œdipe a tué sans le savoir en allant à Thèbes.) Ainsi à travers la Peste, les dieux exigent le châtiment du coupable. Cette Peste n’est autre que le point de départ de la découverte par Œdipe de l’accomplissement de son destin ( c’est-à-dire qu’il a tué son père et épousé sa mère). C'est un moment très important dans le mythe d'Oedipe, car à partir de ce moment commence la tragédie. En quoi la peste est- elle dans la pièce de Sophocle et le film de Pasolini un moteur narratif qui installe le tragique, u moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux, une métaphore d'Oedipe? 
      
      La peste est vue comme un fléau,c'est un grand mal qui s'abat sur la ville de Thèbes. Chez Sophocle la tragédie s’ouvre sur l’évocation de cette peste et motive la venue du Grand Prêtre et du chœur. Elle n’est pas montrée mais DITE. Son évocation est précédée de rites ou de « signes » : enfants « rassemblés là à genoux » « couronnés de rameaux suppliants » / « fumées d’encens » et « plaintives litanies » / « attitude suppliante >> . Chez le dramaturge, on retrouve une matérialité des mots, avec leur pouvoir de poétiser et de tenir l’horreur un temps à distance. La peste est seulement dite, mais le poids des mots permet au spectateur de visualiser l’horreur.
Pasolini lui représente la peste dans toute son horreur visuelle : matérialité des images.
  • A 53’ 10 : la peste s’empare de l’écran et saisit le spectateur doublement puisqu’elle succède à la liesse générée par la victoire d’Œdipe sur la Sphinx, à sa proclamation comme roi et à son mariage.
  • Le film rejoint la pièce de Sophocle : un cut brutal nous propulse de la nuit de noce au spectacle d’un pestiféré : soit passage de la souillure à ses conséquences.
  • La peste s’expose alors : lumière crue, gros plan sur le cadavre, plan de demi-ensemble laissant apparaître un bébé en pleurs puis des vautours, des corbeaux et un second cadavre, puis d’autres. Impression d’un no man’s land.
  • Auparavant, sur la route de Thèbes, Œdipe avait déjà croisé des habitants en fuite : exode pour s’éloigner du fléau.
  • L’ampleur des ravages est appuyée par une série de plans généraux et de panoramiques. Il s’agit pour Pasolini de montrer le sol jonché de cadavres : vision de désolation sur fond de chants funèbres féminins (pleureuses)/ corps abandonnés sous un soleil ardent dans un décor sec et inhospitalier.
  • A 1h 01’ : corps entourés de tissus bariolés sur des civières sud fond de chants funèbres et de lamentations.

        Par ailleurs, la peste assure chez Sophocle la dimension religieuse : elle est l’occasion de rites et représente la puissance des dieux sur les hommes, leur punition. Il est ainsi fait mention des « autels », des « temples de Pallas ». La strophe III du parodos mentionne le « violent Arès » qui vient assaillir et brûler les Thébains.
  • Dans le prologue de Sophocle, elle apparaît incontestablement comme un facteur de désordre dans la cité / religiosité inquiète : monde perturbé, chaos/ suscite pitié et crainte
  • Dans la tragédie, elle opère comme le déclencheur de l’intrigue et conduit Œdipe à devenir le « pharmakos », soit le remède/ bouc émissaire. C’est elle qui conduit le peuple à implorer l’aide d’Œdipe et c’est elle conséquemment qui le conduit à mener l’enquête : L 134 « je m’en vais vous éclaircir l’affaire ». Elle permet aussi alors de souligner la pitié de ce roi pour son peuple « le mal vous frappe tous mais nul n’en souffre plus que moi. » « la souffrance de chacun d’entre vous devient la mienne », « leur souffrance a bien plus de poids que le souci de ma personne ». Pasolini conserve ces éléments.
  • Elle justifie la consultation de l’oracle d’Apollon par Créon

   Pour finir, la souillure résulte du meurtre de Laïos et de l’inceste : soit des fautes graves qui retentissent sur le peuple. Elle condamne les hommes d’aujourd’hui mais se présente aussi comme une menace pour l’avenir (malédiction). Œdipe incarne cette souillure.
Pasolini semble représenter cette catharsis à deux reprises : la crémation lors de la procession mortuaire à 1h03’/ la présence d’un feu sur les marches du palais lorsqu’Œdipe ressort après le suicide de Jocaste et l’énucléation. La catharsis a opéré : la souillure s’exile tandis que la peste a cessé. 

Ainsi la Peste annonce la chute de l’œuvre, la découverte de l’affreuse vérité pour Œdipe.

Layal

samedi 10 décembre 2016

La peste sois sur vous!

La peste est une maladie extrêmement contagieuse, connue pour les ravages qu'elle a cause durant le moyen age. Grande et terrible, de nombreuses personnes en on succomber et beaucoup cherchèrent à la vaincre mais la peste eu toujours le dernier mot.
La peste est comme la fatalité des dieux, elle attend tout, elle a toujours le dernier mot ,  bien des hommes ont cherché à déjoué le sort réservé par les deux.
Oedipe est la parfaite représentation de ces deux aspects. La peste frappa Thèbes à cause de lui et de la fatalité qui le suivait et pour certains, il est la peste en lui même.
Cette aspect de la chose est très bien représenté dans les oeuvres de Sophocle et Pasolini. La peste, apparaît dans les deux oeuvres de manière bien distinctes et ont chacune à leur manière un impact sur l'histoire. Tout d'abord dans l'oeuvre de Pasolini, la peste est représenté a l'écran par une grande étendu de corps recouvrant le sol de Thèbes ainsi que de corbeau qui se joignent au décor macabre. Cette apparition violente de la peste montre l'intensité du fléau qui frappe la ville ainsi que l'horreur des évènements qui une fois montré à l'écran touche la sensibilité du public. Lorsque la peste apparaît dans l'oeuvre de Sophocle, elle se fait par des descriptions générales des dégâts causés ce qui frappe moins dans l'esprit des lecteurs, et pourtant les deux événements décrit ainsi dans leur manière respective provoquent l'intervention du choeur qui réagissent face à ce qu'il se passe. On a donc de multiples intervention de la par du public et du choeur dans le film de Pasolini et une transcription des sentiments au travers du choeur dans l'oeuvre de Sophocle.

Un des autres aspects qui peuvent être mis en avant, est l'implication d'oedipe. Pour certains, et comme les deux oeuvres permettent de le remarquer, la peste se rattache directement à oedipe à cause de ses actions, elle est la manifestation de son destin tragique, et de son opposition aux dieux. En effet, oedipe apporté la peste sur Thèbes après avoir tué le roi Laïos et prit sa place sur le trône avant de commettre l'inceste avec sa propre mère Jocaste.  Oedipe à donc souillé ce qui se trouve autour de lui par sa présence et par la cruauté dont il fait preuve dans les deux oeuvres notamment avec Tirésias, Créon et le berger en se comportant avec eux comme si ils étaient là cause de tout ses malheurs, il rejette ainsi l'ampleur de ses actions sur le monde qui l'entoure, dégradant encore plus son statu et intensifiant le malheur qui frappe sa cité. Oedipe est donc celui qui apporte la calamité sur Thèbes et n'arrange rien par sa cupidité.

En définitive, la peste dans les oeuvres de Sophocle et de Pasolini est tel une matérialisation de la situation dans la cité. Un destin funeste et implacable qui accable la ville et qui ne sera levé que quand les dieux auront satisfait leur prévision. La peste se représente alors comme la matérialisation sur terre, dans le mythe lui même. Comme si ils choisissaient de provoquer eux même, la fatalité qu'ils ont apportés.

vendredi 9 décembre 2016

Par définition la peste signifie la maladie contagieuse mortelle. Elle fait surface pendant le XIVè siècle. Dans l'antiquité la peste ne signifie pas seulement la maladie mais aussi un événement catastrophique qui touchent une cité. Dans Oedipe Roi de Sophocle et de Pier Paolo Pasolini la peste prend un place importante. En effet elle sera révélatrice de la tragédie qui va ce suivre. Le lecteur et le spectateur va donc assister a des indices dévoiler qui ce traduiront majoritèrement par la peste.

Chez Sophocle la tragédie s'ouvre sur l'annonce de la peste, il y a une évocation de la peste des le prologue "la peste, s'est abbatue sur nous...". La peste chez  Sophocle est évoqué de façon différente en effet il utilise differents mots pour évoquer cette tragique maladie qui vas prendre possesion de Thèbes "une déesse porte-torche"  cette périphrase pourrait désigner la peste elle pourrait être compris comme un moyen qui illuminerait l'obscurité c'est-à-dire de faire éclater la vérité qui est cachés.  Ou encore la métaphore "trop malmenée par l'ouragan" qui pourrait signifier la puissance de la maladie qui est la peste  et qu'y fera de nombreux morts a Thèbes.  Chez Sophocle la peste et seulement dite mais la puissance des mots permettra aux spectateurs de se rendre compte de l'atrocité de cette maladie. Chez pasolini néanmoins nous retrouvons des images horribles.  Juste après qu'Oedipe est remporté la victoire contre le sphinx Pasolini va montrer aux spectateurs la peste qui s'est emparé de Thèbes. En effet grace  aux jeux de caméra le sectateur se rend compte de l'ampleur des ravages de la peste avec des gros plan sur les cadavres ,une lumière aveuglante et des des plans panoramique .  De plus le metteur en scène rajoutera des pleurs féminin accompagnant des chants funèbres.


Chez Sophocle la peste assure une dimension religieuse en effet elle montre la puissance des dieux sur les hommes et dans ce cas précis il s'agit de la punition d'oedipe, il  mentionne donc des "autels" qui est par définition  une table sacré  servant au sacrifice rituel ou au dépôt d'offrande.  La peste dans le prologue de Sophocle va être un élément dévastateur qu'il va semer le désordre Athènes ce sera le chaos.  Dans la tragédie ce sera le déclencheur de l'intrigue  et c'est grâce a elle qu'oedipe débutera son enquête qui le conduira à la révélation de l'inceste " je  m'en vais vous éclaircir l'affaire " à la ligne 134.  Dans le film de Pasolini la peste va devenir un tableau en effet la visualisation de cadavres  assure un événement spectaculaire " peste atroce qui vide la maison de cadmos ". Ce tableau qui représente la peste sera accompagné de musique il y a une recherche esthétique  sur les couleurs et le son qui va amplifier l'atrocite de la peste.

 La peste aura aussi une signification religieuse chez Sophocle elle sera désigné par le mot souillure que nous retrouvons a la ligne 90 dès le retour de Créon. Ce terme montreras le contexte religieux que la peste  va adopter et nous retrouverons aussi une dimension morale en effet c'est à travers la peste que les dieux s'expriment "les dieu nous enjoint clairement de punir de notre main ces assassins". Dans le film de Pasolini nous retrouvons cette même signification en effet le metteur en scène souhaite véhiculer une pensée religieuse. Nous l'observons Grace à la juxtaposition des scènes en effet à plusieurs reprises Pasolini superposent des scènes intime entre Jocaste et œdipe avec une évocation indirecte de la peste pour exemple juste avant la confrontation avec Tirésias, Oedipe  et Jocaste partage leur amour avec en arrière-plan le son de pleurs qui rappelle le fléau qui s'est abattue sur Thèbes.


Pour conclure nous pouvons dire que la peste est un élément déclencheur de la tragédie d'oepide roi de Sophocle et de Pasolini . Elle prendra une place très importante car nous observons que dans la pièce et le film elle sera un élément révélateur de la tragédie et de l'inceste et guidera le peuple de Thèbes et Oedipe à la révélation fatale .


"Cito, longe fugeas et tarde redeas" - Hippocrate



Sophocle 
Pasolini

La peste, de son étymologie "pestis" vient du latin qui signifie littéralement "maladie contagieuse". Une maladie étant considérée comme extrêmement pathogène, commune aux hommes et aux animaux. Longtemps cette épidémie aura été sujette à de nombreux traumatismes puisque durant certaines périodes de l'histoire elle aura décimé des populations entières. Elle est donc de par son essence mortifère et tragique. Mais ce terme de la peste ne désigne pas seulement la maladie en tant que tel car dans l'Antiquité ce terme peut s'appliquer à des événements catastrophiques s’abattant sur la cité. Ce qui explique sans doute comme l'a souligné Diélia dans sa dissertation que la peste soit devenue un motif littéraire: "On peux dire que la peste est un fléau, devenu vite synonymes des différents fléaux du monde dans la littérature comme dans La peste d'Albert Camus." Une peste symbolisant des fléaux de nature divers comme par exemple la guerre, le nazisme/fascisme etc.



Tout d'abord, notons que la peste détient une place importante dans les deux œuvres. Elle va cependant différer dans sa symbolique et dans son placement. En effet la pièce de Sophocle va s'ouvrir sur la peste accentué par les plaintes du grand prêtre et du chœur qui vont s'en remettre à Œdipe afin qu'une seconde fois, il fasse appel à son génie qui était parvenu à bout de l'énigme de la Sphinge et qu'il libère la cité du fléau qui s'est abattu sur Thèbes: "Il t'a suffit d'entrer jadis dans cette ville de Cadmos pour la libéré du tribut qu'elle payait alors à l'horrible Chanteuse." - Le prêtre dans le prologue, page 12. Chez Sophocle, la peste est synonyme de stérilité; infertilité des femmes, des animaux et des champs: "La mort la frappe dans les germes où se forment les fruits de son sol, la mort la frappe dans ses troupeaux de bœufs, dans ses femmes, qui n’enfantent plus la vie" - Le prêtre dans le prologue, page 12. A cela s'ajoute un fléau d'origine divine puisque le chœur dira dans le prologue "Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste s'est abattue sur nous." Ainsi le dramaturge va installer le tragique dans sa pièce à travers la matérialité des mots qui va permettre au spectateur de visualiser l'horreur de cette peste. On constate alors que dans la pièce, la peste n'est pas montrée mais dite. 

Cependant chez le cinéaste, le fléau est représenté dans toute son horreur visuelle, on ne parle plus alors de matérialité des mots mais plutôt de matérialité des images. La peste apparaît presque au milieu du film à 00:53:10 d'où la différence de placement que j'évoquais tout à l'heure puisque chez le dramaturge, la pièce s'ouvre sur l'évocation de cette peste. Pasolini nous fait découvrir cette horreur à travers plusieurs gros plans de la caméra sur les cadavres décomposés, les mouches, suivi d'un plan de demi-ensemble laissant apparaître un bébé en pleurs survolé par des vautours et des corbeaux. Et afin de nous faire comprendre que la peste est le résultat de la souillure qui découle du parricide et de l'inceste, Pasolini va entreposer les scènes nuptiales d'Œdipe et Jocaste suivi des gros plans sur les cadavres et vice versa. On passe de la nuit de noce entre Jocaste et Œdipe à la vision d'un pestiféré mort (00:53:10). A 01:01:22, Les chants funèbres, les pleurs plaintifs des femmes et les lamentations le tout entouré d'un décor ocre et asséché sous un soleil ardant contribue à témoigner de l'ampleur des ravages.


De ce milieu macabre découle une peste au service du spectaculaire dans le film de Pasolini. La caméra s'attarde sur les nombreux cadavres mais aussi des plaies béantes que les jonchent, accentué par la bande son d'où l'on peut entre les chants plaintifs, funèbres, les pleurs qui sont en voix off. Vers la fin de cette scène, durant la procession mortuaire, la bande son est suivi du bruit du vent et du crépitement du feu. Un crépitement du feu qui peut être associé au traitement de la peste durant le moyen age qui consistait à brûler les hérétiques. Pasolini continue dans sa démarche d’illustrer la peste en tant que fonction dramatique en orientant la caméra vers un voleur qui détrousse le cadavre renchérissant ainsi la dimension spectaculaire de la scène.

Tandis que chez Sophocle à cette fonction tout aussi dramatique que chez Pasolini vient s'ajouter la dimension religieuse et divine. Une dimension qui illustre la forte relation entre les hommes et les dieux puisque les Thébains travaillent à chercher le soutien des dieux car dans le prologue il est question d’attitudes suppliantes, "de rameaux", "d’encens", "de péans mêlés de plaintes", autant d’éléments qui renvoient au rite religieux. Dans le Parados, le chœur mentionne le "dieu de Délos, dieu guérisseur" qui est un des attribut traditionnel d'Apollon. Un peu plus tôt dans le Prologue, le prêtre parlera d'une "déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes"  Pourquoi ? Car cette peste est considéré comme un châtiment des dieux. Bien qu'elle soit accueillie  avec une certaine apathie, le prêtre de Zeus et le chœur s'en remettent à Œdipe afin de les libérer de ce fléau. Ce dernier va alors se charger personnellement de l’enquête afin de tenter de sauver une nouvelle fois la cité: "Eh bien ! je reprendrai l'affaire à son début et l'éclaircirai, moi." - Œdipe dans le prologue, page 18. Cette peste est alors le déclencheur de l'intrigue et va ainsi mettre en place la machine infernale tragique.



On en conclut donc que dans la tragédie d'Œdipe roi, la peste est synonyme de souillure et de catharsis. Alors que chez Sophocle elle est l'élément qui débute la pièce et qui ouvre l'intrigue, chez Pasolini elle va apparaître presque au milieu du film afin de faire le lien avec la souillure qui est à l'origine de ce fléau qui s'est abattu sur Thèbes. Chacun des deux artistes vont contribuer à mettre en avant sa dimension dramatique et diégétique avec un style et une technique propre à leur art. Pour ce qui est d'Œdipe qui n'est autre le miasme de ce fléau, il aurait certes mieux fait d'adopter la devise donnée par Hippocrate: "Cito Longue Tarde" qui se traduit littéralement par: "Pars vite et reviens tard" car quand il y a semeur, il y a vecteur.



Ruddy LIMA EVORA

La peste

La peste (du latin “pestis” qui signifie “maladie contagieuse”), qualifiée de peste noire ou “mort noire” au XIV siècle, ne désigne pas forcément, dans l’Antiquité, une maladie, mais un événement catastrophique affligeant une cité. Dans Oedipe Roi de Sophocle et Pasolini, cette peste rejoint effectivement les deux idées : à la fois maladie et événement catastrophique. Dans la pièce, cette peste détient une place très importante, voir clé, nous nous poserons alors la question suivante : En quoi la peste est-elle dans la pièce de Sophocle et le film de Pasolini un moteur narratif qui installe le tragique, un moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux, une métaphore d’Oedipe ?

Premièrement, la peste installe effectivement le tragique dans la pièce. Elle déclenche la tragédie :
Chez Sophocle, la tragédie s’ouvre sur celle-ci, alors que le prêtre de Zeus vient demander de l’aide au roi, pour délivrer Thèbes du fléau, de la peste. C’est après ça que l’investigation commence pour connaître l’origine du mal, qui est l’assassin de Laïos, nous assumons alors que c’est en effet cette mort noire qui lance toute la tragédie, sans celle-ci, Oedipe n’aurait pas chercher à retrouver l’assassin de Laïos, et donc n’aurait pas découvert par la suite qu’il avait commis le parricide et l’inceste. Chez Pasolini, cette scène arrive plus tard, et nous nous retrouvons encore plus en contact avec cette peste avec les gros plan sur les cadavres en décomposition, les pestiférés, et également les flammes dans lesquelles les corps sont jetés. C’est après cela que le prêtre de Zeus arrive et fait ses demandes à Oedipe, qui lance par la suite les recherches, la tournure se trouve être la même que chez Sophocle, puisque ses recherches le mène à la vérité : inceste et parricide. Cette peste installe alors bien le tragique, elle annonce la chute de l’oeuvre, la découverte de la vérité.

Ceci lui donne alors un aspect divin et permet de montrer la relation entre les hommes et les dieux puisque ce sont les dieux qui l’envoient sur la cité, elle représente la puissance de ceux-ci sur les hommes. Chez Sophocle, Créon dit : « le dieu nous enjoint clairement de punir de notre main ses assassins. », à travers ces mots, nous retrouvons effectivement cette relation entre les hommes et les dieux. Ceux-ci envoient la peste afin de représenter la malédiction, le destin. Rappelons nous que Oedipe ne peut échapper à son destin, peu importe ce qu’il fait, celui-ci le rattrapera toujours, c’est alors de cette manière que les dieux décide de faire avancer la malédiction. C’est bien après qu’il ai commis ses crimes (parricide et inceste), que la peste s’abat sur la cite, ce n’est pas une coïncidence. Chez Pasolini, nous remarquons bien cet enchaînement : Oedipe à tué Laïos, se retrouve ensuite à Thèbes où il devient l’époux de sa mère et après cela, la peste. Nous observons en effet une juxtaposition des scènes d’amour avec Jocaste, et des images de la peste qui ravage la cité.

Enfin, cette peste serait en effet une métaphore d’Oedipe, puisque celui-ci représente la “souillure”, chez Sophocle. Il a commis des crimes qui doivent être punis, il est la cause de cette peste également, puisque c’est à cause de lui qu’elle  ravage la ville de Thèbes. Il est en l’occurrence la Peste de la ville. Tous ceux qu’il touche finissent par mourir : Laïos, qu’il tue, et Jocaste, qui se suicide. Chez Pasolini, Tirésias dit à Oedipe : “Tu ne veux pas voir le mal que tu portes en toi” (1h07min04sec), ce “mal” en effet pourrait être la peste, qui représente également la malédiction des dieux. Oedipe porte ce mal, il porte cette peste, qu’il répend tout autour de lui. Cette peste est, comme l’a dit Ornella “représentée comme une conséquence des crimes d’Oedipe”. Oedipe est de ce fait bel et bien une métaphore de la Peste, puisqu’il est le malheur de la ville, la souillure dont il faut se débarrasser, le bouc émissaire.

Pour conclure, la peste est un moteur narratif qui installe le tragique, un moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux et une métaphore d’Oedipe car elle déclenche la tragédie, elle représente la malédiction divine sur Oedipe et s’apparente bien avec la situation d’Oedipe, bouc émissaire et souillure de la cité.


La peste

La peste (du latin pestis, « maladie contagieuse ») est une zoonose, c'est-à-dire commune à l'homme et à l'animal.
En raison des ravages qu’elle a causés, surtout pendant le Moyen Âge, la peste a eu de nombreux impacts sur l'économie, la religion et les arts. Ainsi, la peste noire de 1347–1352 a profondément marqué et a été tragique pour l'Europe en exterminant 25 % à 50 % de la population européenne.
Et cette maladie synonyme de mort a une place importante dans la pièce de théatre de Sophocle et le film de Pier Paolo Pasolini. 

En effet la pièce débute avec l'arrivé du Grand Prêtre et du Choeur qui évoque la notion de peste qui décime la région entière. Cependant cette peste n'est pas montrée mais simplement rapportée. " Que faites vous la ainsi à genoux, pieusement parés de rameaux suppliants ? La ville est pleine tout ensemble et de vapeurs d'encens et de péans mêlés de plaintes." -Oedipe, prologue, page 1.
De plus, la stérilité chez Sophocle est évoquée à cause de la peste." « Notre illustre sol ne fait plus apparaître de fruits, et les cris des femmes en gestation ne produisent plus d’enfants. » Strophe II
Cette maladie installe des le début le tragique qui va décimer et durer toute la pièce.
Sophocle présente "le fléau"(-Jocaste) en insistant sur la matérialité des mots alors qu'avec Pasolini, le moyen proposé pour montrer ce dernier est le visuel, matérialité des images. 
Dans le film, la zoonose est montrée à partir de la 53ème minute à contrario avec Sophocle qui ouvre sa pièce avec cette horreur. 
On aperçoit dans le film des scènes avec un sol jonché de cadavres avec des corps qui pourrissent et se décomposent à la vue de tous. Aussi on aperçoit un bébé qui pleure et qui est entouré de vautours. Le spectateur se trouve dans une situation inconfortable, et cette mise en hypotypose touche encore plus le public lorsque c'est un bébé qui se trouve dans cette situation et non une vieille dame qui aurait sans doute suscité moins de pitié.


Les dieux prennent place dans ce moment d'horreur et donne une dimension morale et symbolique à la pièce. En effet, comme dans toutes les tragédies ces derniers ont un rôle majeur. Et la peste est le résultat de la colère des Dieux face au meurtrier de Laïos (ancien roi de Thèbes) qui n' a pas été trouvé. Et c'est Créon qui a été envoyé au temple de Delphes afin de trouver des solutions pour lutter contre cette terrible tragédie qui s'abat sur Thèbes. Et celui-ci, revenant de sa mission annonce cette révélation à la ville : "Apollon nous donne l’ordre express de chasser la souillure que nourrit ce pays et de ne pas l’y laisser croître jusqu’à ce qu’elle soit incurable". C'est donc les dieux qui ont la main mise sur le peuple de Thèbes. Les hommes doivent se soumettre aux dieux pour faire cesser le fléau qui ronge la ville; et c'est ainsi que se présente la relation entre les hommes et les dieux chez Sophocle.

Chez Pasolini la peste est synonyme de souillure. En effet, on peut expliquer la maladie contagieuse qui condamne Oedipe de ces fautes graves. Ces dernières ont donc une conséquence terrible sur la ville. On peut remarquer les cadavres au sol, les pleurs des femmes et du bébé entouré de vautours. Effectivement le roi de Thèbes a tué son père et épousé sa mère, sa malédiction a été accompli. Pasolini semble représenter cette catharsis à deux reprises : la crémation lors de la procession mortuaire à 1h03 du film et la présence d’un feu sur les marches du palais lorsqu’Œdipe ressort après le suicide de Jocaste et l’énucléation.


Comme Ornella l'a très bien noté en conclusion la peste annonce la couleur sombre qui va s'abattre du début a la fin sur Oedipe. C’est une métaphore du protagoniste que Pasolini décide d’illustrer en montrant les conséquences du parricide et de l'inceste sur son propre peuple. En effet, une fois la malédiction accompli les dieux "rentrent en scène".Ce dernier est donc présenté comme l’épidémie qui frappe la ville de Thèbes, la souillure. Et l'unique moyen de rétablir le calme est de trouver la personne qui est le "chef d'orchestre" des actes incurables. Cette personne : Oedipe est présentée comme la souillure en personne qui à cause de ses actes condamne Thèbes à la colère des dieux.

Blanche MINON





La peste
La peste, du latin « pestis », signifie maladie contagieuse, avec un fort taux de létalité. C’est une maladie commune à l’homme et à l’animal, elle va être qualifiée de peste noire ou de «mort noire» pendant le XIVe siècle. C’est une maladie commune à l’homme et à l’animal (zoonose). Elle est causée par le bacille Yersinia pestis, découvert par Alexandre Yersin de l'Institut Pasteur en 1894. Le bacille est aussi responsable de pathologies pulmonaires de gravité moins importante chez certains petits mammifères et animaux de compagnie (c’est la peste sauvage). La peste causa des ravages importants, surtout pendant le Moyen Âge. Elle a eu de nombreux impacts sur l'économie, la religion et les arts. Ainsi, la peste noire de 1347–1352 a profondément marqué l'Europe en exterminant 25 % à 50 % de la population européenne.
Par la suite, la peste prendra des élans littéraires comme, « La Peste » d’Albert Camus, qui aura plus tendance à symboliser d’autre fléau, que la maladie.
Dans Œdipe roi de Sophocle et la représentation cinématographique de Pier Paolo Pasolini, la peste prend une importance majeure. Elle apparaîtra sous forme de maladie qui va ravager la cite lorsque Œdipe devient roi. Elle prend aussi la forme d’une catastrophe qui va prendre part à détruire la cité qu’Œdipe gouverne. C’est un élément important du tragique et apporte une dimension spectaculaire à la pièce de Sophocle. De plus dans le film de Pasolini, les règles de bienséance instaurées dans la pièce sont éliminées et Pasolini montre avec de nombreux travelings les atrocités de la peste dans la cité.
Dans les deux œuvres, Œdipe traduit ce ravage dut à la maladie de la peste par la colère des dieux, face au meurtre non résolu du roi Laïos (père d’Œdipe qui fut assassiné par sa propre progéniture qui ignorait qu’il était son père). Ainsi à travers la Peste, les dieux lance le châtiment du coupable. Cette Peste ne sera autre que le départ de la découverte par Œdipe de l’accomplissement de son destin tragique (qu’il a commis un parricide et un inceste avec sa génitrice). En effet, comme cette peste représente la colère des dieux face au parricide commis, Œdipe cherchera donc à découvrir qui est le meurtrier pour ainsi venger la victime en bannissant le meurtrier. Œdipe interrogera Tirésias (l’oracle) qui lui ferra comprendre que le seul assassin est lui-même, Œdipe.
La Peste annoncera donc la chute de l’œuvre de Sophocle et ainsi, la découverte de l’immonde vérité pour Œdipe.
Du point de vue historique, cette peste se rattache à celle d’Athènes en 430-429 av. J.-C. (peu de temps avant que Sophocle n’écrive sa pièce), qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.
Chez Pier Paolo Pasolini, la peste va représenter le double crime commis par Œdipe (le parricide et la relation incestueuse). Le réalisateur en empilant les scènes composées d’Œdipe et de Jocaste faisant l’amour, nous le fait comprendre avec des images de la peste qui ravage la citée de Thèbes.
Pasolini montre que la vie privée d’Œdipe a une importante influence sur la ville. L’atmosphère privée et publique se font une guerre sans fin dans le film de Pasolini.


Nova SAMB

La peste

La peste est une maladie contagieuse mortelle connue pour ses ravages notamment dans l'Europe du Moyen-âge. Étant une zoonose, maladie transmissible de l'animal à l'homme, même nos plus proche animaux de compagnie pouvaient nous la transmette en trahison totale, tout comme les animaux les plus infâmes tels que les rats. Mais la peste n'avait pas la même signification dans l'Antiquité. En effet, le terme pouvait s'appliquer à un événement catastrophique, frappant une Cité entière, constituant en lui-même un concept culturel allant bien au-delà du concept de maladie. Ni la religion, ni la médecine ne pouvais l’arrêter. La Cité est morbide, sans défense possible, faisant de ce lieu un lieu tragique en soit. Rien ne peut arrêter la peste, bactérie  qui a trouvé son hôte, la cité de Thèbes.

Dans l'Antiquité, la peste était un fléau qui frappait une cité et quoi que l'on fasse, prière ou traitement cette métaphore de la tragédie n'avait pour seule issue que la mort .
Pourtant, l'homme de par sa nature faible, tente l’impossible devant le tragique . Ainsi dans l'Antiquité, de nombreux sacrifices était fait afin de contenter la colère des dieux et implorer leur clémence. Et cela, même au christianisme du moyen-âge, l'époque ou la peste a fait le plus de ravages. Un saint en particulier est invoqué, Saint Roch.
L'homme, désespéré et démuni , il ne lui reste que sa foi, peut être est-ce cela qui le sauvera ?
Chez Sophocle, la pièce s'ouvre sur cette situation. Œdipe imploré par le prêtre, doit trouver une solution, sauver Thèbes à nouveaux, Le prêtre lui expose ainsi la situation :« Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste, s’est abattue sur nous… » Or Œdipe est bien au courant de la situation, tout comme nous.
Œdipe, dans les deux œuvre est très affecté à la douleur de son peuple et déclare dans la pièce : « Il n'est pas un de vous qui souffre autant que moi » . Dans l’antiquité, on attribuait traditionnellement la peste à la vengeance d’Apollon comme cela est décrit dans l'Iliade . Œdipe va donc presser Créon chez l’Oracle, qui va cité lui-même : il faut « chasser la souillure que nourrit ce pays , et de ne pas l'y laisser croître jusqu'à qu'elle soit incurable »
PPP, lui, nous montre tout ce qui est occulté dans la pièce de Sophocle en raison de la bienséance. On peut donc observer les ravage de ce fléau sur la ville de Thèbes, des cadavres, de corbeaux etc.. Œdipe, dans le film de Pasolini reste fidèle à celui de la pièce face à la douleur du peuple.
La source du malheur de Thèbes se trouve donc dans la cité et Œdipe jure de la trouver.

Cela marque le début de l'enquête d'Oedipe, il cherche le nuisible, celui qui contamine la ville, le fléau. Cette maladie mortelle qui a plongé la ville de Thèbes dans les ténèbres.
La peste etait répandue volontairement par des groupes malveillants, contre lesquels on exerce représailles ou persécutions. En Russie on accuse les Tatars, en Europe centrale les Bohémiens. En Europe occidentale, les juifs et les lépreux sont accusés d'empoisonner les puits et les fontaines. Tout comme Œdipe, le bouc émissaire qui, à  l'image de ces minorité opprimées, était responsable de cet "empoisonnement provoqué". Mais Œdipe est-il vraiment coupable ?
Œdipe est donc la source de la souillure, par ses crimes il souille la ville de Thèbes qu'il a pourtant « sauvé » en la débarrassant de la Sphinge. En enquêtant sur le meurtrier de Laïos il a enquêté sur lui-même. Qui a t-il de pire pour un enquêteur de découvrir qu'il est lui-même le coupable ? cela me fait penser à l'ouvrage d'Alain Robbe-Grillet, Les Gommes.

Dans le film de Pasolini, le thème de la souillure est d'autant plus mis en valeur que Dans le film, il y a une juxtaposition des scènes intimes entre Œdipe et Jocaste avec l'évocation de la peste. On voit grâce à cette violence visuelle que la peste est liée avec la maladie. En effet, les plan sur les cadavres jonchant le sol suivent ceux de scènes d'amour entre Jocaste et Oeidpe. Ce dernier à cause de son destin, le l'acte qu'il a commis s'avère être en fait le rat, la source du problème. Odiepe finit donc expulsé de la cité, fuit comme la peste, Car à l'image de ce fléau, il inspire le d’égout et est repoussé de toute part.

La peste était transmissible par le rat, le nuisible et la puce qui transporte la bactérie. Ici le nuisible, c'est Œdipe, sa bactérie est son destin tragique, sa malédiction et l'hôte contaminé c'est la ville de Thèbes. Et tout cela, est la machination des dieux cruels.


En somme, la peste annonce la chute tragique d’Œdipe Roi dès le début de la pièce de Sophocle. La peste est donc la métaphore d’œdipe mais aussi un élément tragique. 

Une grande calamité publique.

La peste est comme Oedipe, une grande calamité publique. Ce fléau est traité à la fois dans la pièce de théâtre de Sophocle et dans le film de Pier Paolo Pasolini. C'est en réaction à la souffrance de Thèbes qu'Oedipe décide, dans les deux œuvres, de consulter les oracles  pour en finir avec la peste. L'ambivalence du terme peste peut donner lieu à nombreuses interrogations. Nous nous demanderons quelle est la place donnée à celle-ci dans les deux œuvres citées ci-dessus. Dans un premier lieu, nous montrerons que la peste est un moteur narratif, puis dans un second lieu, qu'elle est également un moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux, et pour finir, que nous pouvons voir en elle la métaphore d'Oedipe. 



La point de départ de l'enquête menée par Oedipe est dans les deux œuvres l'arrivée de la peste. Dans l'œuvre de Sophocle, l'histoire commence par l'évocation de la peste. Le prologue apparaît comme une scène d'exposition dynamique où l'action s'est déjà mise en route (Créon a déjà consulté l'oracle à l'heure où Oedipe s'adresse au prêtre). L'enjeu de la pièce est mesuré grâce à l'évocation de la mort et le champ lexical de la lamentation (« plaintes », « sanglots »). Les inquiétudes que suscite la peste sont exprimées par le choeur dans le parodos, (p17) « Tout mon peuple est en proie au fléau ». En effet, le mot peste n'est pas écrit clairement mais ce fléau est désigné par la périphrase (p12) « un flot meurtrier » qui fait valoir d'emblée l'ampleur des dégâts. En clair, (p12) « Thèbes, prise dans la houle, n'est plus en état de tenir la tête au-dessus ». Cette situation critique précipite Oedipe, dans l’œuvre du dramaturge grec, à exercer ses fonctions de roi, à protéger sa cité en trouvant l'origine du fléau : l'enquête commence. Dans le film italien, l'incipit est progressif. Oedipe n'est pas tout de suite couronné, sa naissance et son périple jusqu'à Thèbes sont représentés. La peste comme épidémie n'est montrée que dans la deuxième partie du film par des séquences prises ras le sol de cadavres en décomposition (~53min). En effet, Pasolini décide de montrer la peste au lieu de la raconter comme Sophocle. Le plaintes du choeur du parodos de Sophocle sont reprises par Pasolini et apparaissent dans la bande sonore par des pleurs de femmes et d'un nourrisson, des chants de lamentation et les cris de vautours comme le signe de l'atmosphère morbide. La violence des images souligne l'urgence d'agir pour Oedipe, d'exercer enfin son pouvoir de roi, comme pour Sophocle, elle précipite l'action. Pasolini, qui offre au spectateur, depuis le début, l'histoire victorieuse d'un homme qui malgré son abandon à la naissance et son destin supposé arrive à être à la tête d'une cité, pose un défi à surmonter au personnage principal qui devra prouver sa valeur. La peste est donc dans les deux œuvres un moteur narratif dans la mesure où elle créé la nécessite d'agir au plus vite en représentant un enjeu majeur. Elle est la raison de l'entreprise de l'enquête et finalement, c'est elle qui met à jour la souillure d'Oedipe.


Face au fléau de la peste, Oedipe consulte l'oracle dans les deux oeuvres. Désemparés, les hommes supplient les dieux quand la situation sur la terre est trop cruelle.


La peste apparaît donc comme un moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux dans les deux œuvres. Dans le film de Pasolini la dimension religieuse n'est pas explicitement montrée comme dans l'oeuvre de Sophocle. Outre le prologue et l'épilogue du film qui est fidèle à la réalité, le film de Pasolini met en scène un univers onirique et intentionnellement hétéroclite, créé de multiples influences culturelles : paysage rougeoyant du Maroc, chants roumains, etc. Cette diversité a pour but de ne pas rattacher l'oeuvre à une seule réalité pour valoriser sa dimension symbolique. Ainsi, Pasolini nous ouvre la porte d'un univers païen sans aucune intention religieuse. Néanmoins, un rapport avec le sacré est tout de même représenté par les oracles et la Pythie. On convient que lorsqu'un choix critique doit être fait, les hommes ont recours à l'oracle comme témoigne la foule qui attend patiemment à Delphes dans le film (~22 min). Jocaste même prie pour Oedipe en voyant que les préoccupations de son époux s'intensifient (~1h 24min). Lorsque les hommes cherchent la vérité ou se sentent impuissants face à un problème, complètement dépassés, ils appellent les dieux à leur aide. La peste déclenche toutes les détresses, détresses qui semblent intensifier la foi. Sophocle, quant à lui, dessine les rapports de l'homme avec la divinité avec la précision plus aiguë d'une intention ouverte. Dès le prologue une atmosphère de recueillement, de prières de supplications, est prévue par des (p11) « rameaux suppliants », des « vapeurs d'encens et de péans (des chants en l'honneur d'Apollon) mêlés de plaintes » d'un peuple pieux (p12) « à genoux, ou sur (les) places, ou devant les temples consacrés à Pallas (Athéna), ou encore près de la cendre prophétique d'Isménos (dieu fleuve) ». Le prêtre d'Apollon lui-même s'exprime au nom du peuple et croit à la protection divine d'Oedipe le sauveur. Les dieux sont à la fois protecteurs et impitoyables, les Thébains sont donc habitués aux sacrifices pour calmer la rage des Dieux comme le suggère ces extraits du parodos: «Ô douce parole de Zeus, que viens-tu apporter de Pythö l'opulente à notre illustre ville, à Thèbes », « Dieu qu'on invoque avec des cris aigus, dieu de Délos, dieu guérisseur, quand je pense à toi je tremble : que vas-tu exiger de nous ? Une obligation nouvelle ? Ou une obligation omise à renouveler au cours des années ? ». Les habitants de Thèbes ont donc des dieux de la cité (Bacchus par exemple). Ils doivent vénérer ces derniers pour qu'ils leur soient toujours favorables et n’abattent pas sur eux leur terrible colère. En clair, en exposant Thèbes à la peste, épidémie dévastatrice et incurable, le dramaturge grec et le réalisateur italien révèlent le comportement des Thébains face au désespoir. On observe que pour chasser la peste, les Thébains font appel aux dieux. Dans l'oeuvre de Sophocle on en comprend que ces derniers la provoquent s'ils sont mécontents, leur appel se fait donc avec l'intention de calmer leur colère. Les dieux, moralisateurs, leur demandent de se remettre en question comme dans le film de Pasolini. Pasolini confère au recourt aux dieux la marque du désarroi. La réponse est unanime dans les deux œuvres : l'origine de la peste est sur terre.


Aux prières des Thébains, les dieux répondent qu'il faut chasser la souillure. Mais de quoi parle-t-on au juste ?

Le terme peste est ambivalent. Il peut désigner la maladie infectieuse et terriblement contagieuse comme une personne nuisible. Créon annonce au retour de Delphes dans la pièce de Sophocle, qu'il faut (p14) « chasser la souillure que nourrit ce pays, et ne pas l'y laisser croître ». Cette souillure peut désigner plus prosaïquement un pestiféré. Or, quand Oedipe apprend le commerce affreux dans lequel il vit, il est fui comme un pestiféré à cause de ses déclaration publiques: (épisode 1, p19) « j'interdis à tous, dans ce pays où j'ai le trône, qu'on le reçoive, qu'on lui parle, qu'on l'associe aux prières ou aux sacrifices, qu'on lui accorde la moindre goutte d'eau lustrale ». La peste et Oedipe sont confondus, tous deux doivent-être chassés de la cité. Oedipe lui-même justifie dans l'exodos cette nécessité purificatrice pour la communauté, il demande à ce qu'il soit chassé (p60) « Vite, au nom des dieux, vite, cachez-moi quelque part, loin d'ici ; tuez-moi, jetez-moi à la mer ou en des lieux du moins où l'on ne me voie plus... ». Dans le film de Pasolini, on comprend que dès sa naissance Oedipe a été rejeté. Il n'a pas sa place dans la société, encore une fois, comme dans la pièce de Sophocle, on le fuit comme la peste. En interposant les séquences de  
 cadavres pestiférés et les scènes d'amour entre Oedipe et Jocaste (~53min), un rapport de cause-conséquence est établit. On comprend que la souillure est autant dans « le lit nuptial » (p55) comme le dit le messager de Sophocle dans l'exodos qu'à l'extérieur sur les terres de Thèbes. Jocaste se trompe dans la pièce de Sophocle lorsqu'elle souligne l'intérêt de la collectivité par rapport aux querelles individuelles (Créon/Oedipe) car c'est justement ce qui a eu lieu dans l'intime qui accable le monde extérieur. Oedipe est nuisible à la société par les actes qu'il a commis. Lorsque son crime perce la lumière du jour, des plaintes semblables à celles qui accompagnaient l'arrivée de la peste se font entendre; Jocaste s'arrête subitement (~1h30). C'est un autre type de peste qui se déclare à cause de l'exposition de la souillure. La vérité putride infecte les âmes du palais qui avaient été épargnées. Jocaste est la première victime de cette peste là. Oedipe, face aux conséquences de ces actes s'en prend à lui-même. Or, c'est lui le pestiféré. Il décide alors de s'exiler pour ne plus nuire à Thèbes. Lui, qui a toujours été rejeté, comprend enfin que sa place n'est pas parmis les autres mais dans la solitude de l'exil, là, où il ne pourra salir, ni accabler personne.  En clair, on peut voir en la peste la métaphore d'Oedipe. Terrible, elle éclate et ravage la cité à la même vitesse que la nouvelle de la culpabilité d'Oedipe. Naturellement, personne ne veut d'elle, on cherche à la chasser. Oedipe est coupable de la peste d'après les dieux, il doit s'exiler pour le bien général comme le faisaient les petiférés autrefois. Le fléau est, comme nous l'avons dit au début, une grande calamité publique comme Oedipe. 

Enfin, la peste est un thème important dans les deux œuvres, autant par sa symbolique que par son rôle dramatique. Elle témoigne des croyances ou du contexte dans lequel elle s' inscrit en provoquant des situations critiques où l'homme est désemparé. Le besoin de découvrir le meurtrier de Laïos dans les deux pièces découle de la peste qui est donc à l'origine des déclarations finales. C'est dans cette mesure qu'elle peut être considérée comme un moteur narratif. Bien qu'elle ne soit pas présentée de la même façon dans les deux œuvres,  il est clair que la peste prend une place centrale dans Oedipe roi.

jeudi 8 décembre 2016

la peste

La peste est une maladie contagieuse mortelle connue pour ses ravages notamment dans l'Europe du Moyen-âge. Étant une zoonose, maladie transmissible de l'animal à l'homme, même nos plus proche animaux de compagnie pouvaient nous la transmette en trahison totale, tout comme les animaux les plus infâmes tels que les rats. Mais la peste n'avait pas la même signification dans l'Antiquité. En effet, le terme pouvait s'appliquer à un événement catastrophique, frappant une Cité entière, constituant en lui-même un concept culturel allant bien au-delà du concept de maladie. Ni la religion, ni la médecine ne pouvais l’arrêter. La Cité est morbide, sans défense possible, faisant de ce lieu un lieu tragique en soit. Rien ne peut arrêter la peste, bactérie  qui a trouvé son hôte, la cité de Thèbes.

Dans l'Antiquité, la peste était un fléau qui frappait une cité et quoi que l'on fasse, prière ou traitement cette métaphore de la tragédie n'avait pour seule issue que la mort .
Pourtant, l'homme de par sa nature faible, tente l’impossible devant le tragique . Ainsi dans l'Antiquité, de nombreux sacrifices était fait afin de contenter la colère des dieux et implorer leur clémence. Et cela, même au christianisme du moyen-âge, l'époque ou la peste a fait le plus de ravages. Un saint en particulier est invoqué, Saint Roch.
L'homme, désespéré et démuni , il ne lui reste que sa foi, peut être est-ce cela qui le sauvera ?
Chez Sophocle, la pièce s'ouvre sur cette situation. Œdipe imploré par le prêtre, doit trouver une solution, sauver Thèbes à nouveaux, Le prêtre lui expose ainsi la situation :« Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste, s’est abattue sur nous… » Or Œdipe est bien au courant de la situation, tout comme nous.
Œdipe, dans les deux œuvre est très affecté à la douleur de son peuple et déclare dans la pièce : « Il n'est pas un de vous qui souffre autant que moi » . Dans l’antiquité, on attribuait traditionnellement la peste à la vengeance d’Apollon comme cela est décrit dans l'Iliade . Œdipe va donc presser Créon chez l’Oracle, qui va cité lui-même : il faut « chasser la souillure que nourrit ce pays , et de ne pas l'y laisser croître jusqu'à qu'elle soit incurable »
PPP, lui, nous montre tout ce qui est occulté dans la pièce de Sophocle en raison de la bienséance. On peut donc observer les ravage de ce fléau sur la ville de Thèbes, des cadavres, de corbeaux etc.. Œdipe, dans le film de Pasolini reste fidèle à celui de la pièce face à la douleur du peuple.
La source du malheur de Thèbes se trouve donc dans la cité et Œdipe jure de la trouver.

Cela marque le début de l'enquête d'Oedipe, il cherche le nuisible, celui qui contamine la ville, le fléau. Cette maladie mortelle qui a plongé la ville de Thèbes dans les ténèbres.
La peste etait répandue volontairement par des groupes malveillants, contre lesquels on exerce représailles ou persécutions. En Russie on accuse les Tatars, en Europe centrale les Bohémiens. En Europe occidentale, les juifs et les lépreux sont accusés d'empoisonner les puits et les fontaines. Tout comme Œdipe, le bouc émissaire qui, à  l'image de ces minorité opprimées, était responsable de cet "empoisonnement provoqué". Mais Œdipe est-il vraiment coupable ?
Œdipe est donc la source de la souillure, par ses crimes il souille la ville de Thèbes qu'il a pourtant « sauvé » en la débarrassant de la Sphinge. En enquêtant sur le meurtrier de Laïos il a enquêté sur lui-même. Qui a t-il de pire pour un enquêteur de découvrir qu'il est lui-même le coupable ? cela me fait penser à l'ouvrage d'Alain Robbe-Grillet, Les Gommes.

Dans le film de Pasolini, le thème de la souillure est d'autant plus mis en valeur que Dans le film, il y a une juxtaposition des scènes intimes entre Œdipe et Jocaste avec l'évocation de la peste. On voit grâce à cette violence visuelle que la peste est liée avec la maladie. En effet, les plan sur les cadavres jonchant le sol suivent ceux de scènes d'amour entre Jocaste et Oeidpe. Ce dernier à cause de son destin, le l'acte qu'il a commis s'avère être en fait le rat, la source du problème. Odiepe finit donc expulsé de la cité, fuit comme la peste, Car à l'image de ce fléau, il inspire le d’égout et est repoussé de toute part.

La peste était transmissible par le rat, le nuisible et la puce qui transporte la bactérie. Ici le nuisible, c'est Œdipe, sa bactérie est son destin tragique, sa malédiction et l'hôte contaminé c'est la ville de Thèbes. Et tout cela, est la machination des dieux cruels.


En somme, la peste annonce la chute tragique d’Œdipe Roi dès le début de la pièce de Sophocle. La peste est donc la métaphore d’œdipe mais aussi un élément tragique.