jeudi 10 novembre 2016

Les citations du livre

- "Mais dès qu'il sera là, je serai criminel, si je refusais d'accomplir ce qu'aura déclaré le dieu." (Prologue)

- "Voilà comment j'entends servir et le dieu et la mort" (Premier Episode)

C'est deux situations reflètent une annonce au tragique destin d'Oedipe ; comme si ces deux répliques montrait au lecteur un certains agissement qui s'est déjà accompli. En effet dans la première citation, il se nomme "criminel" avant même savoir qu'il est le responsable. De plus il prévoit donc de lui même qu'il se chassera de son pays puisqu'il servira "et le dieu et la mort".

- "Je dis que c'est toi l'assassin cherché" (Premier Episode)

- "Ce jour te fera naître et mourir à la fois." (Premier Episode)

- "il se révélera père et frère à la fois des fils qui l'entouraient, époux et fils ensemble de la femme dont il est née, rival incestueux aussi bien qu'assassin de son propre père !" (Premier Episode)

Par ces deux répliques, Tirésias fait douter non seulement le lecteur mais Oedipe lui-même. Cette citation marque un changement dans la pièce, celle qui va marqué "l'enquête" d'Oedipe par un premier soupçon : Oedipe est-il le criminel tant recherché ?

- "Le sort qu'il avait à attendre était de périr sous le bras d'un fils qui naîtrait de lui et de moi." (Deuxième Episode)

- "Phoebos me renvoie sans même avoir daigné répondre à ce pour quoi j'étais venu, mais non sans savoir en revanche prédit à l'infortuné que j'étais le plus horrible, le plus lamentable destin : j'entrerais au lit de ma mère, je ferais voir au monde une race monstrueuse, je serais l'assassin du père dont j'étais né ! (Deuxième Episode)

Le lecteur grâce à ces deux citations en déduit qu'Oedipe a accompli son lugubre destin : qu'il a tué son père et qu'il a conçu avec sa propre mère ses enfants dont il en est aussi le père.

Les citations des critiques littéraires

- "un personnage qui symbolise aux yeux du réalisateur l'homme moderne avec ses complexes, ses angoisses et ses déchirements." (Jean de Baroncelli "Oedipe Roi de Pier-Paolo Pasolini", Le Monde, 5 septembre 1967)

- "C'est de lui qu'il nous parle, c'est de lui qu'il ne va cesser de nous parler" (Jean de Baroncelli "Oedipe Roi de Pier-Paolo Pasolini", Le Monde, 5 septembre 1967)

- "C'est le grand bal masqué des inquiétudes existentielles, où l'homme a rendez-vous avec ses mythes" (Pierre Billard, "L'Oedipe de Pasolini n'a pas de complexe", L'Express, lundi 14 octobre 1968)

- "la possibilité d'une plongée en soi et d'un dépassement de soi, d'une "recherche de la base et du sommet" qui lui permette, partant du mythe grec comme autrefois du mythe chrétien avec l'Evangile selon saint Matthieu, de traduire - pour s'en délivrer peut-être - ses propres hantises et cette angoisse d'homme d'aujourd'hui, resurgie de l'origine et de la nuit des temps, angoisse qui est quête d'une vérité toujours fuyante, individuelle ou collective, sens d'un destin qui est ou n'est pas dominé par la fatalité, mais dont la violence et le déchirement, grâce à Pasolini, nous touchent et nous atteignent par leur tonalité contemporaine." (Michel Capdenac, "Oedipe-Roi", Les Lettres-Françaises, 23 octobre 1968)

- "Pasolini ne fait pas dans Oedipe-Roi oeuvre de Narcisse : son itinéraire métaphysique donne toute son actualité au mythe, enrichi qu'il est des pseudo-découvertes modernes, à savoir le freudisme, la psychanalyse et le marxisme." (Henry Chapier, "Oedipe-Roi de Pier Paulo Pasolini", Combat, 10 octobre 1968)

- "il a voulu montrer l'homme aux prises avec les tabous de la société. C'est l'illustration par un exemple extrême de l'impossibilité pour l'individu d'assumer son propre destin, tant sont nombreux, puissants, les interdits moraux et matériels" (Rober Chazal, "Oedipe-Roi : une tragédie moderne, une tragédie de toujours", France Soir, 10 octobre 1968)

Toutes ces citations tirées de critiques littéraires montre à quel point le film Oedipe-Roi de Pier-Paolo Pasolini est une reconstitution autobiographique et psychologique de sa vie mais pas seulement. Tout homme peut se retrouver dans la figure du personnage d'Oedipe dans le film de Pasolini : un homme qui fuit son destin en le rejoignant piteusement, c'est-à-dire que tous ses choix produits dans son périple ne le ramène qu'à un point : celui de l'oracle d'Apollon, celle qui promu le parricide d'Oedipe et de son inceste. Un homme finalement, simplement. Les critiques littéraires évoque l'aspect insoupçonné du film et pourtant évident quand on l'analyse.

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