vendredi 11 novembre 2016

PASOLINI

« Tu es né pour prendre ma place dans ce monde, me rejeter dans le néant, me voler ce qui m'appartient » 
 
Cette citation peut être employée dans un sujet sur la place d'Oedipe ou si l'on traite la dimension freudienne du film. Apparaissant dans un intertitre du père d'Oedipe, cette phrase annonce qu'Oedipe cherchera à remplacer son père que cela soit dans le trône ou au côté de sa femme. Dès sa naissance, son destin est déjà tracé. Cette phrase est la première du film qui annonce la destinée d'Oedipe.

« Il y a une énigme dans ta vie »

L'énigme de Thèbes est Oedipe. Comme Oedipe refuse de le résoudre quand le Sphinx lui en donne l'occasion, il perd ce qu'il a essayé de gagner par force : Thèbes. Nous pouvons avoir recours à cette citation si l'on cherche à montrer la dimension psychanalytique de l'oeuvre. Un des buts du film a été pour Pasolini de s'auto- analyser par son complexe d'Oedipe. Son Oedipe à lui refoule ce qu'il est véritablement. Le Sphinx apparaît comme son inconscient qui cache ses secrets les plus terribles. Le film est donc également une quête de soi. Oediope cherche sans le savoir ce qui se cache en lui et le trouve grâce aux autres (Corinthien, Tirésias, serviteur etc.). Cette citation peut également servir à différencier l'oeuvre de Pasolini de celle de Sophocle dans la mesure où l'Oedipe de Sophocle ne résout pas l'énigme du Sphinx pour sauver Thèbes mais l'attaque et le fait disparaître.

« Je ne veux pas savoir, je ne veux pas te voir, je ne veux pas t'entendre ! »

Ces deux citations peuvent servir à traiter l'aspect psychanalytique de l'oeuvre. Celle-ci en particulier, prononcée par Oedipe après que le Sphinx lui ait posé l'énigme, montre le refus catégorique d'Oedipe de s'aventurer dans son inconscient personnifié par le Sphinx. Alors qu'il vient de tuer son père, Oedipe continue dans cette lignée de violence et tue le Sphinx. L'Oedipe de Pasolini est quasi-sauvage et impulsif alors que l'on sait que celui de Sophocle avait sauvé la ville par la raison en résolvant l'énigme. Ces exclamations s'opposent au « Parle ! » qu'Oedipe crie au serviteur. Oedipe veut savoir la vérité dont lui même se protégeait (c.f. Épisode du rêve : Oedipe a un rêve qui le hante pourtant il ne peut jamais s'en souvenir) inconsciemment ou consciemment. Finalement, il retourne à cet état de rejet total une fois la vérité déclarée. Il ne peut plus voir et aurait voulu ne plus pouvoir entendre.

« La vie commence là où elle finit »

Cette citation peut aider à répondre à un sujet sur le temps. Le film commence avec une scène d'un pré et finit dans le même pré. Le temps est certes chronologique dans le déroulement des faits mais aussi cyclique. Comme l'écrit Hölderlin dans Bleu adorable, « Vivre est une mort, et la mort est une vie ». La fin de l'histoire d'Oedipe ouvre la voie à des réécritures comme celle de Bauchau. L'histoire d'Oedipe est une histoire qui ne cesse d'être racontée. Sa fin, « la mort », est également une vie car Oedipe revit à chaque fois que le mythe est reprit.

 “Pourquoi as-tu si peur d’être l’amant de ta mère. Tant d’hommes ont rêvé de l’être dans leurs songes » 
 
Cette phrase peut-être directement mise en relation avec le texte de Sophocle. En effet, Jocaste prononce une phrase semblable. Celle-ci peut donc servir à faire le lien entre les deux œuvres. Cette citation peut être utilisée dans un sujet traitant de la complexité du personnage de Jocaste ou traitant de la liberté des personnages (dans quelle mesure sont-ils soumis au destin), de leur potentielle lucidité ou encore peut servir à confronter le complexe d'Oedipe à celui de Jocaste (la mère qui se réjouit de l'attirance de son fils envers elle, qui a elle même une pulsion amoureuse envers son fils).


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