jeudi 23 février 2017

Citation

Les faux monnayeurs :

  • Ne pas savoir qui est son père, c'est ça qui guérit de la peur de lui ressembler “  
= Bernard vient d’apprendre que Mr. Profitendieu n’est pas son vrai père, qu’il l’a adopté. Cette citation montre qu’il ne veut pas savoir qui est son vrai père et ni lui ressembler.

  • “ Après tout, ce n'était peut-être là qu'un préjugé; mais les préjugés sont les pilotis de la civilisation “
= Dans ces citations, André Gide fait une critique de la société dans laquelle il vit.

  • “ Heureux, ai-je pensé, qui peut saisir dans une seule étreinte le laurier et l’objet même de son amour. “
  • “ Le coeur, dès qu'il s'en mêle, engourdi et paralyse le cerveau. “
= Dans ces citations le thème de l’amour est abordé. Nous savons que dans ce livre le thème de l’amour est très complexe. ”

  • “ Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. “
= J’ai choisi cette citation car elle est l’une des seules phrases en lien avec le titre.

Le journal des faux monnayeurs :

  • “ Le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir “
  • “ J’en tiens pour le paradoxe de Wilde en art: la nature imite l’art; et la règle de l’artiste doit être, non pas de s’en tenir aux propositions de la nature, mais de ne lui proposer rien qu’elle ne puisse, qu’elle ne doive imiter. “
= André gide dans ces citations donne sa définition du romancier et montre sa vision de l’art.

  • “ Je sens en moi, certains jours, un tel envahissement du mal, qu’il me semble déjà que je mauvais prince y procède à un établissement de l’Enfer “
= Dans cette situation nous pouvons retrouver le thème du bien et du mal avec l’enfer.

vendredi 17 février 2017

"Ce que je voudrais faire, comprenez-moi, c'est quelque chose qui serait comme l'Art de la fugue. Et je ne vois pas pourquoi ce qui fut possible en musique serait impossible en littérature"
Ici c'est le personnage d'Edouard qui s'exprime sur son projet littéraire dans le roman. En musique, la fugue repose sur la reprise de certains éléments. On retrouve bien cette idée dans le roman d'André Gide ou plusieurs événements se font écho.

"De tout ce que j'écrivais hier, rien n'est vrai. Il reste ceci: que la réalité m'intéresse comme une matière plastique: et j'ai plus de regard pour ce qui pourrait être, infiniment plus que pour ce qui a été. Je me penche vertigineusement sur les possibilités de chaque être et pleure tout ce que le couvercle de moeurs atrophie"
En effet le rôle de l'écrivain est styliser la réalité. André Gide parle de juxtaposer les différents éléments du réel et de la fiction. Les Faux-Monnayeurs devient tout a la fois une critique du roman traditionnel et une réflexion sir ce que pourraient être le roman et l'écrivain.

"Je signe du ridicule nom qui est le vôtre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu'il me tard je déshonorer"
Il s'agit de la fin de la lettre que Bernard laisse à son père après avoir compris qu'il n'était pas son père biologique. La figure du père est mise à mal dans le roman.

"Le digne homme n'imagine pas combien il peut raser les élèves avec des propos de ce genre, chez lui si sincères qu'ils découragent l'ironie"
Le narrateur se moque ici avec ironie d'Azaïs qui est déconnecté de la réalité de ses élèves.

"Je voudrais faire l'amitié comme on fait l'amour"
C'est Edouard qui exprime cette idée dans le roman, soulignant ainsi la confusion qu'il opère entre amour et amitié.

"A présent, peu s'en faut que je ne voie dans l'irrésolution le secret de ne pas vieillir"
Pour André Gide la jeunesse incarne l'idéal, la possibilité d'un lien idéal. Ici il s'agit que d'Edouard qui s'exprime dans le roman, soulignant que la jeunesse est la réponse.

jeudi 16 février 2017

Cité c'est aimer (2)

Citation faux monnayeurs

à « Ne pas savoir qui est son père, c’est ça qui guérit de la peur de lui ressembler »

Cette phrase est prononcée en début de roman dans la lettre rédigée par Bernard. A travers ces mots, il exprime à son père tout son mépris et son dégout face à l’idée de son statut de « batard ». Il lui fait comprendre qu’il trouve que c’est un acte de malhonnêteté que d’avoir prétendu tout ces années être son père. Il enchaine d’ailleurs avec « Je signe du ridicule nom qui est le votre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu’il ne me tarde de déshonorer ». C’est d’ailleurs une citation au centre du livre et tant donnée quelle  ouvre sur les autres "histoires" du livres. Elle est un peu le mot de début.

à « A mesure qu’une âme s’enfonce dans la dévotion, elle perd le sens, le goût, le besoin, l’amour de la réalité. »

Dans cette citation, Gide fait en quelque sorte une critique de la société. C’est d’ailleurs le propre du style Gidien. Il façonne ces œuvres de telle façon à ce que les personnes qui le lisent puissent en faire des critiques constructives face à leurs réalités. Dans cette citation, il semblerait que Gide parle du mensonge, la dévotion c’est synonyme du mensonge. Il enchaine d’ailleurs en disant que c’est ce que reflète Vedel. Il fait comprendre que certaines personnes par exemple sont éblouis par leur foi et vont ainsi jusqu’au point de ne plus y voir clair.

à « L’expérience instruit plus que le conseil »

Cette citation, avant de s’appliquer à la simple atmosphère du livre, s’applique d’abord à la condition de l’homme. On a ainsi en lisant cette citation une vision plus large et plus globale. C’est en effet le propre de l’homme que de voire pour croire, que de faire pour comprendre. Donc le fait que cette citation soit placé dans les faux monnayeurs, permet d’abord une contextualisation et un phare dans le livre, mais  permet surtout et avant tout au lecteur de s’identifier face à son vécu par exemple.

à « Ils se disent que les romanciers, par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l’imagination qu’ils ne la servent et qu’ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux ci comme lui plait »

Cette citation est extraite du Journal des faux monnayeurs et non des faux monnayeurs. Dans cette œuvre, André Gide explique comment est ce qu’il est parvenus à faire son livre. Cette citation nous montre l’importance que l’auteur accorde à ses personnages. Il dit que le personnage doit être propre à l’imagination des lecteurs et non pas à celle de l’auteur. C’est une perspective intéressante, dans l’optique où on façonne notre personnage en fonction de notre imagination et en fonction de l’ambiance du livre et non pas en fonction de la description de l'auteur. Comme par exemple le ferait Emile Zola, ou Balzac avec une description extrêmement précise 

à « "Je signe du ridicule nom qui est le vôtre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu'il me tarde de déshonorer.”

Cette citation dite par Bernard, est représentative de l’ambiance à ce moment là du livre. Comme dit au dessus, Bernard fait ressentir à travers des mots assez crus, sont dégout face au fait d’être un “batard”, il trouve ça aberrant et fait transmettre au lecteur son ressentit. C’est quelque chose de très important que les personnages (et non pas l'auteur)  exercent cette force de transmission sur les lecteurs.

 à "Dans un monde où chacun triche c'est l'homme vrai qui fait figure de charlatan"


Il démontre que la société est extrêmement hypocrite. Le mot “Faux” dans les faux monnayeurs nous donne quelques pistes quant à l’essence du livre. Ça nous montre que tout tourne au tour de la fausseté. Par exemple tous les personnages illustrent l’hypocrisie. Notamment le personnage Passavant qui lui est le plus grand charlatan du roman. Il est le reflet d’une société qui n’avance que grâce aux mensonges. Il démontre que dans une société aussi pervertie que la notre, le moteur d’une vie stable est l’hypocrisie.

mardi 14 février 2017

Les faux-monnayeurs d'André Gide :

Qui sont ces faux-monnayeurs ?

p 196 : « Est-ce que vous croyez qu'on peut aimer l'enfant d'un autre autant que le sien propre, vraiment ? » Bernard interroge Laura, après qu'elle lui ait dévoilé son intention de retourner auprès de son mari. Cette question fait autant référence à la situation de Bernard avec M. Profitendieu que celle du fils de Laura avec Douviers. En effet, le roman d'André Gide dédie ses premières pages à l'envie de fuite d’Édouard en réaction à la découverte de son illégitimité (n'est en réalité pas le fils de M. Profitendieu). Celle-ci s'interroge sur l'authenticité de l'amour entre père et fils adoptif : le sujet des faux-monnayeurs transparaît. La relation entre ces derniers peut-elle être sincère ? N'est-elle pas au contraire feinte ? Bernard associe peut-être l'image de son père à celles des marchands de fausses monnaies. Il se demande s'il n'a pas toujours été berné par de faux-sentiments. Ce nom qui l'a toujours accompagné, lui semble à présent faux et sans valeur.

P 326 : « « « Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J'en suis averti. Je n'ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges – tout naïvement, je veux le croire – est un de ceux qui s'en servent et les mettent en circulation. » » ». Cette phrase est dite par M.Profitendieu. Plus prosaïquement, ces faux-monnayeurs désignent la bande de Ghéridanisol dont Georges fait partie. En effet, ces enfants se livrent au trafic de fausses monnaies et nourrissent à la fois l'histoire d'André Gide et celle d’Édouard. Ils peuvent également être vus comme des faux-monnayeurs dans la mesure où chaque membre de la bande trahit sa personnalité pour être accepté.

P 197 : « Oh ! Laura ! Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j'ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu'on paraît... On veut donner le change, et l'on s'occupe tellement de paraître, qu'on finit par ne plus savoir qui l'on est... » Bernard s’adresse à Laura à Saas-Fée.  Après l’aveu amoureux de Bernard, Laura lui annonce son départ et clôt le dialogue ainsi:
P 200 : «Dites encore : cette petite pièce que vous nous montriez hier... en souvenir de vous, lorsque je partirai – elle se raidit et cette fois put achever sa phrase – voudriez-vous me la donner ? »
Ces deux passages font le lien entre les deux sens de «faux-monnayeurs» exprimés auparavant. Il y a d’une part un sens lié à la fausse monnaie en tant qu’objet et un autre qui traite de la différence entre ce qui est et ce qui est montré, entre la réalité et la perception.
Dans la première citation, Bernard indique qui sont les faux-monnayeurs. Ils sont ceux qui s’ignorent à force de vouloir paraître aux yeux des autres. En effet, comme l’écrit Pascal, l’amour et les relations sociales de manière générale, sont une façon de s’oublier. Vouloir paraître, fausse presque systématiquement le véritable soi qui réside en chacun de nous. Bernard se voit coincé dans le grand théâtre social et souhaite ne plus jouer de rôle, ne plus être un faux-monnayeurs, mais n’être rien de plus ni de moins que ce qu’il est: il cherche de la justesse et non pas de la fausseté.
Remettant sûrement l’authenticité des sentiments de Bernard en cause, Laura fait de Bernard un faux-monnayeur. En effet, elle le compare à une fausse monnaie («en souvenir de vous») et, ce faisant, réduit à néant l’aspiration de Bernard évoquée ci-dessus. 

P 252 : Tâchant de faire un compte-rendu à Édouard de sa permanence à la pension Vedel-Azaïs, Bernard dit de l’auteur du Vase nocturne (p275): « Vous ne me dites rien d'Armand. -Un curieux numéro, celui-là. A vrai dire, il ne me plaît guère. Je n'aime pas le contrefaits. » Encore, une fois, cette citation peut servir à expliquer une des significations possibles du titre. Les faux-monnayeurs sont ni plus ni moins que les «contrefaits» et Armand en fait partie. En faisant dire cela à Bernard, André Gide adresse une critique aux «écrivains» comme Armand. Ceux qui écrivent pour la revue de Passavant sont en réalité tous de la même école que Gide rejette: Alfred Jarry, les auteurs du Nouveau romans etc. sont les «contrefaits».

P 212 : « Il faut bien que je vous avoue, Bernard, que je crains d'en avoir fait un avec vous... - Un faux départ ? - Ma foi, oui. » A Saas-Fée, Édouard prononce ces paroles. L’hypocrisie et la fausseté infecte les rapports entre les personnages. Édouard et Bernard ont bien conscience qu’Olivier aurait du, dès le début, être le secrétaire de son oncle. L’aventure qui s’en suit, parce qu’elle prend racine d’un «faux départ», est elle-même falsifiée et conventionnelle.

Destin (auteur tout puissant et personnage)

P244 : « Imaginez une marionnette voudrait quitter la scène avant la fin de la pièce... Halte là! On a encore besoin de vous pour la finale. Ah! vous croyez que vous pouviez partir quand vous vouliez!... J'ai compris que ce que nous appelons notre volonté, ce sont les fils qui font marcher la marionnette, et que Dieu tire. » Nous pouvons avoir recours à cette citation dans un sujet sur le destin ou sur le jeu de l’auteur. En effet, le marionnettiste, dont La Pérouse parle alors qu’il cherche à mourir, fait référence à dieu mais peut sans difficulté faire référence à l’auteur tout puissant. Cet extrait établit les liens qui attachent l’auteur à ses personnages. Tout en prétendant qu’ils s’imposent à lui et qu’ils sont libres, l’auteur est leurs créateurs et plient la prétendue volonté des personnages au fil bien solide de l’histoire. Ainsi, La Pérouse ne pourra quitter l’histoire avant de connaître Boris, le bouc émissaire, sans qui, Georges n’aurait pas pu reprendre le droit chemin.

Ange et Diable

P 335 : « « Alors, maintenant à nous deux » », dit Bernard à l'ange. Et toute cette nuit, jusqu'au matin, ils luttèrent ». Bernard qui refuse finalement de se donner à une cause comme préconise l’ange, décide de se battre avec lui. Nous pouvons supposer que ce combat se fait en réalité entre un diable qui s’ignore et l’ange. L’ange souhaite que Bernard s’accroche à quelque chose de louable pour qu’il ne soit pas tenté et entraîné par le diable. Cette citation peut servir à étudier la présence de ces des figures opposées dans le roman d’André Gide.

Dédicace

« A Roger Martin du Gard je dédie mon premier roman ».
Cette citation peut complémenter un commentaire sur l’intention et les motivations d’André Gide dans la conception de son roman. En effet, l’auteur considère que Les Faux-monnayeurs est son premier roman et que Les Nourritures terrestres (1897) ou Le Retour de l’enfant prodigue (1912) ne sont que des soties ou des récits.





Journal des faux-monnayeurs d'André Gide :

Du diable

P 34 : « Le traité de la non-existence du diable. Plus on le nie, plus on lui donne de réalité. Le diable s'affirme dans notre négation. »
P 37 : « J'en voudrais un (le diable) qui circulerait incognito à travers tout le livre et dont la réalité s'affirmerait d'autant plus qu'on croirait moins en lui. C'est là le propre du diable dont le motif d'introduction est : « Pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n'existe pas. » » 
P 70 : « Vincent se laisse lentement pénétrer par l'esprit diabolique. Il se croit devenir le diable (…) Il sait qu'en gagnant le monde, il perd son âme. »

Ces trois citations mettent clairement en lumière l’intention d'André Gide de s’éloigner du réalisme en insérant une dimension fantastique et peut-être morale avec la figure du diable. Dans la première citation, il définit ce qu’est pour lui le diable grâce au traité de la non-existence. D’emblée, on comprend que la figure du diable (contrairement à celle de l’ange) devra se lire entre les lignes et se confondra avec certains personnages. Plus les personnages et le lecteur ignorent ou oublient l’existence du diable, plus ce dernier prend en puissance. La marque de son existence se glisse dans les actes des personnages qui deviennent de plus en plus diables. En effet, comme l’écrit André Gide dans la deuxième citation, la figure du diable se fait discrète, en contrepartie des personnages comme Vincent (troisième citation) se mettent aux côtés de diables et diablesses comme Passavant et Lady Griffith.

Des faits réels:

P 22 : « J'ai ressorti ce matin les quelques découpures de journaux ayant trait à l'affaire des faux-monnayeurs. (…) Elles sont du journal de Rouen (sept. 1906). » « Il s'agit de rattacher cela à l'affaire des faux-monnayeurs anarchistes du 7 et 8 août 1907 – et à la sinistre histoire des suicides d'écoliers de Clermont-Ferrand (5 juin 1909). Fondre cela dans une seule et même intrigue. »
P 39 : « Hier, (…) j'ai surpris un gosse en train de subtiliser un livre »
P 42 : « L'anecdote, si je voulais m'en servir, serait, il me semble, beaucoup plus intéressante racontée par l'enfant lui-même, ce qui permettrait sans doute plus de détours et de dessous. »

Ces extraits montrent qu’une des intrigues principales d’André Gide est inspirée de faits réels. Il y a bien existé des faux-monnayeurs comme l’atteste le journal de Rouen. André Gide s’aide de faits divers pour écrire son histoire. C’est par la combinaison de deux affaires que l’auteur trouve son idée première. Celle-ci n’est évidemment pas sans précéder un travail de réflexion, d’organisation, de problématisation propre au travail de l’écrivain. Le journal des faux-monnayeurs d’André Gide sert donc également à recueillir des événements réels. Cependant celui-ci n’est pas à associer aux carnets presque exhaustifs d’Émile Zola qui apportaient une dimension sociologique qu’André Gide interdit dans son roman. La troisième citation lie, comme la deuxième, Édouard et André Gide par le biais de leurs carnets. En effet, André Gide fait finalement le choix de raconter l’anecdote comme il l’a vue par Édouard.

Manifeste et vision littéraire

P 58 : « Faire dire à Édouard, peut-être : L'ennui, voyez-vous, c'est d'avoir à conditionner ses personnages. Ils vivent en moi d'une manière puissante, et je dirais même volontiers qu'ils vivent à mes dépens. Je sais comment ils pensent, comment ils parlent ; je distingue la plus subtile intonation de leur voix ; je sais qu'il y a de tels actes qu'ils doivent commettre, tels autres qui leur sont interdits... mais, dès qu'il faut les vêtir, fixer leur rang dans l'échelle sociale, leur carrière, le chiffre de leurs revenus (…) je plie boutique. »
Comme il a été dit auparavant, Édouard et André Gide sont intimement liés. Cet extrait montre comment les paroles d’André Gide se confondent parfois avec celles d’Édouard. De plus, il faut remarquer que cette citation permet de prouver l’intention de l’auteur de «sortir le roman de son ornière réaliste». Ce qu’André Gide appelle l’érosion des contours est montré dans cet extrait par -l’absence d’informations sociales (et historiques dans l’extrait suivant: p 17-18 «"Une peinture exacte de l’état des esprits avant la guerre"-non; quand bien même je la pourrais réussir, ce n’est point là ma tâche»)

P 32 : « Tout ce que je vois, tout ce que j'apprends, tout ce qui m'advient depuis quelques mois, je voudrais le faire entrer dans ce roman»
Comme nous l’avons dit auparavant, André Gide considère ce roman comme son premier roman. Cette citation nous informe qu’il compte faire des Faux-monnayeurs le roman de sa vie dans lequel il souhaiterait concentrer toute l’expérience de sa vie. La phase préparatrice des Faux-monnayeurs est aussi importante que ce à quoi le livre aspire. Cette citation peut apporter un éclairage au sujet du travail de l’écrivain et du rapport entre le programme, l’intention littéraire à l’origine et le résultat obtenu, c’est-à-dire, le roman.

P 20 : « Tout ce qui ne peut servir alourdit. »
Cette citation témoigne du vœux d’épuration (c.f. érosion des contours) d’André Gide. Elle peut donc servir à décrire l’intention de l’auteur et justifier l’absence de description minutieuse et réaliste.

P 29 : « Naviguer durant des jours et des jours sans aucune terre en vue. Il faudra, dans le livre même, user de cette image ; la plupart des artistes, savants, etc... sont des côtoyeurs, et qui se croient perdus dès qu'ils perdent la terre de vue. - Vertige de l'espace vide.
p 76 : « Ce faisant, j'oublie qui je suis, si tant est que je l'aie jamais su. Je deviens l'autre. »
Ces deux citations décrivent la condition nécessaire de l’auteur à l’écriture de son roman. Cela veut dire qu’elle vaut autant pour André Gide que pour Édouard. Il semble que pour créer, pour se laisser entièrement envahir par l’histoire à raconter, l’auteur doive faire l’expérience du néant. La deuxième citation peut être intégrée dans une réflexion sur autrui et le rapport de l’auteur à ses personnages. Faut-il être moins soi pour arriver à l’autre? L’autre est-il le moi qui n’est pas moi? Dans quelle mesure l’auteur et son personnage s’entre nourrissent?

Citations de Léa Dancoing

1)  «Il sʼest levé, par instinctif besoin de dominer» page 30, au début de la page. Je trouve cette citation représentative des tensions présentes entre le comte de Passavant et Edouard, tous deux écrivains. Ces deux derniers, qui se détestent, pensent tous deux être meilleurs lʼun que lʼautre, et ce «besoin de dominer» qui est évoqué fait non seulement référence à Mr Profitendieu dans ce passage précis, mais exprime également bien cette guerre entre Passant et Edouard.

2)  «Plenty and peace breeds cowards; Hardness ever Of hardiness is mother» page 33 en-tête (citation de Shakespeare). Cette citation, qui évoque le lien familial, le courage, la lâcheté, le lien à la mère fait référence à Bernard Profitendieu, la rupture avec la famille qui est un événement important de ce roman, et constitue un premier élément de la boucle créée par ce livre (en effet, Bernard au début du livre part de chez lui mais à la fin du livre revient chez lui, et cela fait miroir à la boucle temporelle présente dans ce livre).

3)  «Les bourgeois honnêtes ne comprennent pas quʼon puisse être honnête autrement quʼeux» page 37, au début de la page. Cette citation, qui est tirée dʼune discussion entre Oliver et Bernard, lorsque Bernard sʼenfuit de chez lui, me paraît important, car elle est fait miroir au titre (thème de la fausse monnaie, lʼhonnêteté, ...) mais également à la classe bourgeoise, qui est un des thèmes récurrents et très présents à travers ce livre (Tout cela faisant référence au comte de Passavant, bourgeois et malhonnête homme).

4)  « - Voici longtemps quʼil nʼa rien publié
- Des romans ?
- Oui, des espèces de roman»
Cette citation, tirée page 40 du livre, est une conversation entre Oliver et Bernard, qui parlent dʼEdouard, lʼoncle dʼOliver. Cette citation me semble importante car elle une référence au travail de lʼauteur du roman, André Gide. En effet, ce dernier, qui a écrit plusieurs autres livres avant celui là, ne considérait aucun dʼeux comme des romans («espèces de roman») avant Les faux monnayeurs, quʼil considère être son premier réel roman, les autres nʼétant quʼun énorme travail pour arriver à cette finalité.

5) «Les idées nʼexistent que par les hommes; mais, cʼest bien là le pathétique : elles vivent aux dépens dʼeux» page 187. Cette citation, qui est une réflexion dans le roman, d'Edouard, est en réalité une réflexion importante de la part d'André Gide sur le travail d'écriture du roman pour un écrivain, une réflexion philosophique qu'il aurait glissé dans son livre. Je trouve cette citation intéressante dans sa dimension philosophique mais également grâce au parallèle entre Edouard et André Gide, qui finalement sont assez assimilables dans leur travail d'écrivain.

        6.      "-Oh dites nous ce titre [...] -Les faux monnayeurs [...] -Mais ces faux monnayeurs qui sont ils ? -Eh bien ! Je n'en sais rien". Cette citation, tirée de la page 188, est une discussion entre Laura et Edouard, lorsque ces deux derniers sont en Suisse, et discutent du livre d'Edouard. Une importante mise en abîme est présente ici, rappelant au spectateur le titre de l'ouvrage qu'il est entrain de lire. La question posée par Laura (à savoir "qui sont ces faux monnayeurs") n'est pas non plus sans rappeler la première question que peut éventuellement se poser le lecteur en lisant le titre du roman. Qui sont donc ces faux monnayeurs ? Le lecteur ne le sait point au début, tu comme Edouard, mais il découvre petit à petit que ces faux monnayeurs sont Passavant, se retrouvent dans les références à l'argent, les classes bourgeoises, la malhonnêteté,... Tous ces thèmes qu'il découvre au fur et à mesure de sa lecture.

        7.      "Son retour à Paris ne lui causa point de plaisir" (Flaubert, L'éducation sentimentale, en-tête page 221). Cette citation, qui fait indirectement référence au retour de Bernard Profitendieu, me paraît importante dans le sens où il fait la liaison, tous comme la plus-part des autres citations, entre l'épisode précédent et le suivant. Celui ci en l'occurrence est important puisse qu'il s'agit du retour de Bernard, personnage important, qui s'était enfui de chez lui.

        8.      "Valoir exactement ce qu'on paraît; ne pas chercher à paraître plus qu'on ne vaut... On veut donner le change, et l'on s'occupe tant de paraître, qu'on finit par ne plus savoir qui on est...". Cette citation, tirée page 198 du roman "les faux monnayeurs", est une phrase dite par Bernard lors de l'aveux de ses sentiments à Laura. Cette citation me paraissait intéressante dans la mesure où elle représente toute une réflexion en écho avec le titre du livre "faux monnayeurs", "faux" qui est du domaine du paraître, de l'illusion, tout comme en parle Bernard.

        9.      "Depuis quelques temps, des pièces de fausse monnaie circulent". Cette citation, tirée page 326 est une fois de plus intéressante car elle fait également écho au titre du livre ("FAUX monnayeurs") ainsi qu'au thème du paraître, du faux, de l'illusion, monde ausuel par exemple Passavant fait partie, écrivain type qu'André Gide cherche à critiquer dans cet ouvrage.

        10.     La dernière citation du livre, bien que courte mais qui est importante à retenir, est le mot "Caloub", situé à la dernière page du livre. Ce mot, anagramme du mot "boucle", renvoie à la boucle, au cycle du roman "les faux monnayeurs" : en effet, cet ouvrage, séparé en trois parties, parle tout d'abord de Paris, puis de Suisse, et en revient à Paris. Le départ de Bernard de chez lui ainsi que son retour par la suite participe également à ce cycle circulaire, et boucle le livre d'André Gide.

dimanche 12 février 2017

Les Faux-Monnayeurs en couleurs et sons



Si le roman d’André Gide, Les Faux-Monnayeurs était un tableau il serait l’une des peintures à l’huile de la série Dogs Playing Poker, nommée Poker Sympathy, peintes par Cassius Marcellus Coolidge de 1906 à 1910.

La scène se déroule dans un salon à l’ambiance tamisée, où une table de poker illuminée sert de support à huit chiens. Ces huit chiens sont excités par leur jeu, on peut y voir un verre renversé, laissant couler son liquide (sans aucun doute alcoolisé) de la table. Sept des chiens tirent la langue en direction du dernier qui semble avoir perdu la partie puisqu’il s’affaisse sur sa chaise et émet une grimace.

On peut comparer les deux œuvres sur divers points :

∙Le récit d’André Gide illumine quelques personnages qui sont tous acteurs principaux dans le déroulement de l’histoire tout comme les chiens qui même s’ils ne participent pas au tour exposé dans l’action, font partis du jeu.

∙Le poker représente le jeu, le hasard ou encore le paraître. En parallèle nous pourrions associer ce que symbolise le poker à l’attitude des personnages d’André Gide ; chaque personnages ment, manipule et ont un secret à garder, par exemple :
- Laura qui a peur de dire à son époux, Mr. Douviers, qu’elle est enceinte d’un autre homme.
- Mr et Mme Profitendieu qui cache à Bernard que son père n’est pas son père biologique.
- M. Passavant qui manipule Vincent et Olivier.

Pourtant dans la scène du tableau, les cartes sont aussi exposées pour signifier la fin d’une partie. Cela s’apparente aux profils psychologiques de chacun des personnages dévoilés au fil du récit. Quant aux cartes qui tombent de la table, elles pourraient faire référence aux masques qui s’effacent dont certains personnages ont subi les conséquences, comme par exemple Olivier qui tente de se tuer.

∙ Le chien se laissant glisser sur sa chaise et qui nous regarde peut s’apparenter à ce que ce roman, à demi réaliste, veut nous faire évoquer sur notre personne. Plus précisément, ce chien ne représente pas seulement les personnages du roman (comme tous les autres chiens) mais est aussi un miroir qui définit notre « moi ».



Pour conclure, dans une vision générale, le tableau reflète le début du vingtième siècle avec la décadence que symbolise le poker, l’alcool et les cigares. Ambiance qui est facilement reconnaissable dans le roman d’André Gide.

samedi 11 février 2017

Les citations des Faux-Monnayeurs

Critiques de la société :
1. « Après tout, ce n'était peut-être là qu'un préjugé; mais les préjugés sont les pilotis de la civilisation. »
2. « Dans un monde où chacun triche, c'est l'homme vrai qui fait figure de charlatan. »
3. « Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent.» (4ème de couverture)
4. « Valoir exactement ce qu'on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu'on ne vaut... On veut donner le change, et l'on s'occupe tant de paraître, qu'on finit par ne plus savoir qui l'on est... »
5. « Les bourgeois honnêtes ne comprennent pas qu'on puisse être honnête autrement qu'eux. »
1. « Ce qu'on appelle un " esprit faux " [...] -- eh bien ! je m'en vais vous le dire : c'est celui qui éprouve le besoin de se persuader qu'il a raison de commettre tous les actes qu'il a envie de commettre ; celui qui met sa raison au service de ses instincts, de ses intérêts, ce qui est pire, ou de son tempérament. »

J'ai choisi ces citations car, dans Les Faux-Monnayeurs, on remarque très rapidement qu'André Gide fait une critique de la socièté de son époque. Il dénonce la fausseté et l'hypocrisie qui y règnent et qui sont devenues des normes sociales. De plus, le mot "Faux" dans le titre, illustre déjà cette notion de fausse apparence qui règne dans la socièté. On peut prendre exemple de Passavant qui illustre parfaitement la fausseté, car il utilise son apparence et sa richesse pour atteindre ses buts. Voilà pourquoi le lecteur ressent une certaine méfiance à son égard et une forme de dégoût.

Conseils de vie :
6. « L'important n'est pas tant d'être franc que de permettre à l'autre de l'être. »
7. « L'expérience instruit plus que le conseil. »
8. «Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant.»
2. « Chaque être ne comprend vraiment en autrui que les sentiments qu'il est capable lui-même de fournir. »

On a souvent l'impression qu'André Gide nous donne des leçons de vie dans ses deux oeuvres, des sortes de conseils qui vont nous aider à vivre correctement en socièté. Voilà pourquoi j'ai choisi ces citations: elles sont simples et accéssible à tout le monde.

Critique de la religion :
9. « Savez-vous ce qu’il a fait de plus horrible ?… C’est de sacrifier son propre fils pour nous sauver. Son fils ! Son fils !… La cruauté, voilà le premier des attributs de Dieu »
3. « A mesure qu'une âme s'enfonce dans la dévotion, elle perd le sens, le goût, le besoin, l'amour de la réalité. »

Ces citations sont importantes, car dans les deux oeuvres, André Gide remet beaucoup en question les biens faits de la religion. Le malheur et la religion sont souvent associés, comme-ci la religion n'apportait rien de bon. Voilà pourquoi le vieux La Perouse croit à un Dieu cruel et en donne comme preuve que ce Dieu a exigé le sacrifice de son fils unique sur la croix, comme s'il n'avait pas pu faire grâce aux hommes sans cela.


Analyse des personnages :
4. « Ce qui manque à chacun de mes héros, que j'ai taillés dans ma chair même, c'est ce peu de bon sens qui me retient de pousser aussi loin qu'eux leurs folies. »
5. « Je ne puis admirer pleinement le courage de celui qui méprise la vie. »

J'ai choisi ces citations, car dans le Journal des Faux Monnayeurs, on assiste à la création des personnages d'André Gide. Cependant on a parfois l'impression qu'il apprend à les connaître au fur et à mesure qu'il écrit son roman, et parfois en même temps que le lecteur. Les citations que j'ai choisi, illustrent bien cette forme d'élaboration des personnages, mais qui ressemble en même temps à une rencontre entre André Gide lui-même et ses personnages.



Légende :

Journal des Faux-Monnayeurs.
Les Faux-Monnayeurs.

vendredi 10 février 2017

Article de Layal

Si le roman d'André Gide, Les faux-monnayeurs était une musique, se serait la chanson "un garçon pas comme les autres" (Ziggy) de Starmania car elle traite d'homosexualité, un des principaux termes du roman avec l'histoire d'amour entre Édouard et son neveu Olivier.
S'il était un tableau , il serait la peinture  " la chambre d'hôtel" d'Edward Hopper, réalisée en 1931. En effet, on retrouve la solitude de Laura, abandonnée par son mari et son amant Vincent.
S'il était un lieu, ce serait un labyrinthe tant les intrigues sont nombreuses et s'enchevêtrent. Les personnages vivent des histoires d'amour compliquées qui se mêlent les unes aux autres. 

Ps : vraiment désolée de mon retard Madame, j'avais des problèmes de connexion ces temps-ci.

Citations Faux-Monnayeurs.

Citations dans les Faux-Monnayeurs


-       « Je ne me sens plus le même qu’avant de l’avoir connue » Les Faux monnayeurs ; Bernard à propos de Laura

Grâce à cette citation, on comprend que Bernard commence à se découvrir grave à son voyage en Suisse avec Laura et Édouard. Il commence à savoir qui il est et à devenir plus mature qu’il ne l’était. De plus, celui-ci se trouve dans une quête amoureuse qui passe par Laura. En effet, quand celle-ci se confit à lui par rapport à l’enfant qu’elle porte et ses peurs par rapport à Douviers, Bernard comprends la profondeur de la vie. Encore, la quête de sois s’approfondit dans la deuxième partit, car Laura permet à Bernard d’accéder à la connaissance de lui-même. Par la même, lors de leur séjour en Suisse, Bernard commence à développer son jugement critique et son autonomie durant sa conversation sur l’œuvre d’Édouard avec celui-ci, Laura et Sophroniska. En réalité́, Bernard a un caractère d’homme indépendant. Enfin, quand Olivier et Bernard se retrouvent à Paris, les deux comprennent qu’ils ne sont plus les mêmes.

-       « Ce qu’il y a de beau dans notre amitié, c’est que, jusqu’à présent, nous ne nous étions jamais servis l’un de l’autre » Les Faux-Monnayeurs (Bernard à propos de son amitié avec Olivier)

 Cette citation montre la profonde amitié qui lie Bernard et Olivier. En effet, tous deux ont toujours été franc et sincère l’un envers l’autre. En quittant sa maison quand Bernard apprend que Profitendieu n’est pas son père, celui-ci veut se cacher de son meilleur ami Olivier mais celui-ci apprend un nouveau sens à l’amitié. Il comprend son importance vis-à-vis d’Olivier qui l’héberge et réalise que celui-ci est un véritable ami. Plus précisément, ils seront ensemble jusqu’à la fin même s’il arrivera qu’ils se séparent à certains moments. Cette citation montre que Bernard commence petit à petit à découvrir ce qu’est l’amitié. Gide dira même de Bernard : « Apprendre la vie, apprendre l’amitié́, tel est le mouvement dialectique de l’itinéraire de Bernard. »


-        « Ce que je voudrais c’est un roman qui serait à la fois aussi vrai et aussi éloigné de la réalité, aussi particulier et général à la fois ». Les Faux-Monnayeurs, Édouard à propos de son roman 

 Édouard est une mise en abyme d’André Gide. En effet, dans l’œuvre, Édouard écrit son propre roman intitulé Les Faux-Monnayeurs. Comme on le sait, André Gide a un souci de contrer le réalisme. En effet, ce roman multitude les personnages, les points de vue narratifs, et les intrigues secondaire autour d’une histoire centrale. Par la liberté d’écriture et la multiplicité des angles de vue, Gide se détache de la tradition littéraire et c’est à travers la personne d’Édouard qu’il montre les limites de la prétention du roman à reproduire un monde réel. Les Faux-Monnayeurs pose la question du rapport entre le roman et la réalité.

-       « Le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir » Journal des Faux-Monnayeurs

Dans une partie de son roman, André Gide manifeste sa présence en tant qu’auteur. En effet, il regarde ses personnages agir et donne un avis sur leur personnalité, leur rôle dans l’histoire, comment il est parfois surpris de leur comportement ou déçu. Par exemple, il dit à un moment « Profitendieu est à redessiner complètement. Je ne le connaissais pas suffisamment, quand il s’est lancé dans mon livre. Il est beaucoup plus intéressant que je ne le savais ». L’auteur est entrainé par ses personnages, c’est comme s’il n’écrivait pas vraiment son histoire, mais ce que c’était ses personnages qui l’écrivaient, d’où la surprise à certains de leurs actes. André Gide ne construit pas ses personnages, mais il apprend à les connaître progressivement dans le roman. On comprend que les personnages se construisent eux-mêmes par leur expérience et leurs aventures, comme Bernard et Olivier qui sont en évolution constante dans toute l’œuvre.

-       « Comme si chacun de nous ne jouait pas, plus ou moins sincèrement et consciemment. La vie, mon vieux n’est qu’une comédie » Les Faux Monnayeurs (Armand à Olivier) 

Cette citation nous montre la réflexion sur l’hypocrisie dans le roman. En effet, tout le long de l’œuvre les personnages vont osciller entre les apparences et la réalité. Les personnages sont déroutés par la fausseté des sentiments. Par exemple, dans la lettre d’Olivier à Bernard, on comprend que seuls les derniers mots raturés étaient sincères, et par conséquent que toute la lettre n’exprime que de faux sentiments. Or, le fait de toujours vouloir se substituer à réalité, on peut développer une situation si bien calquée du monde réel qu’elle vient à nous tromper, à tromper les personnages. La vie dans laquelle ceux-ci évoluent, n’est qu’une vaste hypocrisie, un théâtre dans lequel tout le monde cherche à donner le change et maintenir les apparences. Tout n’est qu’un jeu.

-       « Purger de tous les éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman » Le Journal des Faux Monnayeurs

Cette citation nous montre l’objectif premier des Faux-Monnayeurs. En effet, dès les premières pages de son Journal, André Gide, expose la raison d’être de son roman, et son objectif qui se concrétise au fil de sa réflexion. On comprend que Gide s’interroge sur la littérature romanesque. Celui-ci rejette le roman réaliste et cherche à produire un roman pur. André Gide ne veut pas écrire un roman se rapprochant le plus du réel, mais de la vie. Celui-ci veut faire pleinement exister son roman. C’est pour cela qu’il ne construit pas ses personnages mais apprend à les connaitre en dialoguant avec eux.



                                   TOBE Coumba TL