lundi 28 novembre 2016

Le Choeur, personnage à part entière.

Le Chœur est un groupe d’individus, généralement des habitants de la cité. Ces individus sont appelés de choreutes et ils sont 15, tous placée sous la direction du Coryphée : le chef du Chœur. Sur la scène théâtrale, leur est dévoué un espace particulier que l’on appelle orchestra, dans lequel il chante et danse et il intervient entre chaque épisode par des intermède de chorale.


Chez Sophocle, le Chœur joue un rôle essentiel dans la pièce en ayant un rôle moralisateur.
En effet, il représente la voie de la raison. C’est eux qui guide Œdipe sur le droit chemin bar le billais du Coryphée qui est un personnage à part entière qui se démarque de l’ensemble des choreutes. Par exemple, dans la scène d’affrontement violente entre Œdipe et Créon, le Coryphée intervient en disant au deux personnages de s’arrêter, et de les remettre sur la voie de la raison « Ô princes, arrêtez ! » « Qui prétend se garder d’erreur trouvera qu’il a bien parlé. Trop vite décider n’est pas sans risque roi ». Le Coryphée essaye de raisonner Œdipe qui dans sa colère et son entêtement menace Créon son beau-frère de mort. Coryphée lui dit de ne pas le juger aussi rapidement car il est de la famille. Le Chœur représente aussi la raison du spectateur/lecteur. Il fait des réflexions à plusieurs sujet, notamment sur le bonheur. En effet, à la fin de la pièce, après qu’Œdipe ce soit crevé les yeux et part pour son exile, le chœur dit : « Gardons-nous jamais d’appeler un homme heureux avant qu’il ait franchit le terme de sa vie sans avoir subi de chagrin ». Cette citation se traduit comme une leçon de morale prenant une tournure philosophique. Œdipe n’était que dans l’illusion d’un bonheur, ici la vérité n’est plus synonyme de bonheur, mais elle le délivre de sa vie illusoire qui montre que toute sa vie n’était que chagrin. Ici, Œdipe peut être symbole de chaque homme.
            De plus, le chœur a un lien fort avec la religion chez Sophocle, au point qu’on ne peut dissocier les deux. En effet, chaque fois qu’il y a une nouvelle révélation dans l’enquête ou encore durant la peste, le Chœur fait toujours appel aux dieux et se mettent eux ainsi que la ville de Thèbes sous leur protection « Ah ! Je souffre de maux sans nombre. Tout mon peuple est en proie au fléau, et ma pensée ne possède pas d’arme (…) Sauve nous, fille éclatante de Zeus, dépêche nous ton secours radieux » Le Chœur chante les malheurs de Thèbes, par conséquent il représente donc la cité. Ainsi, pour recourir à ses malheurs, il fait appel aux dieux. Par ailleurs, le Chœur est allié d’Œdipe. En effet, après les paroles de Tirésias sur Œdipe, le chœur est troublé, et se refuse à le croire sans preuve « Sans doute il me trouble, me trouble étrangement, le sage devin. Je ne puis le croire (…) Ni dans le passé ni dans le présent je ne trouve la moindre preuve qui me force à partir en guerre contre le renom bien assis d’Œdipe ». Encore durant l’époque athénienne, lors des représentations théâtrales, le Chœur prenait la parole devant les habitants d’Athènes, comme pour leur faire passer un message, d’où la dimension politique du Chœur.

Ensuite, en plus de jouer un rôle moralisateur, le chœur joue un rôle tragique.
En effet, le Grand prêtre même s’il n’est pas spécifié qu’il fait partie du Chœur, peut-être considéré comme en faisant partie. Il représente la cité, donc la voie du peuple dont il est proche, et c’est lui annonce la peste à Œdipe « Thèbes prise dans la houle n’est plus en état de tenir la tête au-dessus du flot meurtrier ». De ce fait, il nous met directement dans l’ambiance tragique de la pièce. De plus, les dernières répliques du Chœur après qu’Œdipe ai commis l’acte tragique de s’être crevé les yeux à la suite des révélations sur sa personne, montre l’horreur et le dégout du Chœur face à Œdipe « Ah ! fils de Laïos ! que j’aurais donc voulu ne jamais, ne jamais te connaitre. Je me désole et des cris éperdus s’échappent de ma bouche (…) Par toi jadis j’ai recouvré la vie, et par toi aujourd’hui je ferme à jamais les yeux ». Œdipe est le plus malheureux des hommes, il a perdu la confiance et l’amour du Chœur, l’amour de sa chère Thèbes
De plus, le Chœur fait aussi certaines allusions sur ce que l’on ne peut voir sur la scène. En effet, la règle de bienséance de la tragédie grecque, certaines choses ne pouvait pas être montré sur scène, notamment l’inceste qui est explicitement montré chez Pasolini mais simplement évoqué chez Sophocle. C’est dans le quatrième épisode que le Chœur dit « Ah ! noble et cher Œdipe ! Ainsi la chambre nuptiale a vu le fils après le père entrer au même port terrible » Œdipe est à la fois le mari et le fils de Jocaste et le « port terrible » représente Jocaste, avec laquelle il a bousculé l’ordre du temps « Le temps qui voit tout, malgré toi l’a découvert. Il condamne l’hymen qui n’a rien d’un hymen, d’où naissent à la fois et depuis tant de jours un père et des enfants ». Dans le dialogue entre le Coryphée et le messager, on nous informe du suicide et de la crevaison d’Œdipe qui ne peuvent être montré sur scène. C’est à travers le récit du messager, mais aussi à travers le dialogue entre les deux personnages qu’on apprend ces nouvelles.


Enfin, chez Pasolini le Chœur joue un rôle poétique.
            Au contraire de Sophocle, le chœur chez Pasolini n’est pas matérialisé par un groupe de personne. Premièrement à travers les intertitres. Dans le prologue, le père condamne le fils grâce à ces intertitres emprunté au cinéma muet « La première chose que tu me voleras, ce sera elle, la femme que j’aime…et déjà tu me voles son amour ». De plus durant son errance dans le désert, ces intertitres reviennent et montre toute la détresse et le désespoir d’Œdipe face aux révélations de la Pythie « Ou va ma jeunesse ? Ou va ma vie ? » Celui-ci est perdu. Ces intertitres participent à ce que Pasolini appelait le « cinéma de poésie ». C’est tout un travail stylistique important sur le message et les textes et ou la notion de personnage, auteur et de spectateur est intégré : coprésence. Les intertitres sont certes la pensée des personnages, mais ils peuvent aussi représenter celles du spectateur et donc l’inciter à la réflexion tout comme le Chœur le fait chez Sophocle
            Pour finir, chez Pasolini le Chœur est surtout très présent à travers la diversité musicale qui nous est proposé : chant de folklores africains, roumains, japonais… On a aussi des musiques qui ont une signification particulière. En effet, la musique militaire représente le thème du père, le quatuor en u majeur de Mozart est le thème de la mère et ajoute un coté tragique car la musique aigue, presque terrifiante effraie le spectateur et annonce la nature des évènements à venir (réf scène du pré) et pour finir, la musique de la flute représente le thème du destin, le destin qui attend Œdipe : devenir aveugle et retrouver sa place auprès des homme pour lesquels il chantera « Ton chant te place au-dessus du destin » (Tirésias à Œdipe). C’est avec la flute qu’Œdipe a hérité de Tirésias qu’il acceptera la tragédie de sa vie et à se libérer du poids du destin.

Pour conclure, on peut dire que le Chœur joue un rôle moralisateur chez Sophocle, mais aussi un rôle tragique. Pasolini retranscrit le chœur par la musique, ou derrière chacune se cache une signification et l’expression de quelque chose de particulier. 












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