Le Chœur
est un groupe d’individus, généralement des habitants de la cité. Ces individus
sont appelés de choreutes et ils sont 15, tous placée sous la direction du
Coryphée : le chef du Chœur. Sur la scène théâtrale, leur est dévoué un
espace particulier que l’on appelle orchestra, dans lequel il chante et danse
et il intervient entre chaque épisode par des intermède de chorale.
Chez
Sophocle, le Chœur joue un rôle essentiel dans la pièce en ayant un rôle
moralisateur.
En effet,
il représente la voie de la raison. C’est eux qui guide Œdipe sur le droit
chemin bar le billais du Coryphée qui est un personnage à part entière qui se
démarque de l’ensemble des choreutes. Par exemple, dans la scène d’affrontement
violente entre Œdipe et Créon, le Coryphée intervient en disant au deux
personnages de s’arrêter, et de les remettre sur la voie de la raison « Ô
princes, arrêtez ! » « Qui prétend se garder d’erreur trouvera
qu’il a bien parlé. Trop vite décider n’est pas sans risque roi ». Le
Coryphée essaye de raisonner Œdipe qui dans sa colère et son entêtement menace
Créon son beau-frère de mort. Coryphée lui dit de ne pas le juger aussi
rapidement car il est de la famille. Le Chœur représente aussi la raison du
spectateur/lecteur. Il fait des réflexions à plusieurs sujet, notamment sur le
bonheur. En effet, à la fin de la pièce, après qu’Œdipe ce soit crevé les yeux
et part pour son exile, le chœur dit : « Gardons-nous jamais
d’appeler un homme heureux avant qu’il ait franchit le terme de sa vie sans
avoir subi de chagrin ». Cette citation se traduit comme une leçon de
morale prenant une tournure philosophique. Œdipe n’était que dans l’illusion
d’un bonheur, ici la vérité n’est plus synonyme de bonheur, mais elle le
délivre de sa vie illusoire qui montre que toute sa vie n’était que chagrin.
Ici, Œdipe peut être symbole de chaque homme.
De plus, le chœur a un lien fort
avec la religion chez Sophocle, au point qu’on ne peut dissocier les deux. En
effet, chaque fois qu’il y a une nouvelle révélation dans l’enquête ou encore
durant la peste, le Chœur fait toujours appel aux dieux et se mettent eux ainsi
que la ville de Thèbes sous leur protection « Ah ! Je souffre
de maux sans nombre. Tout mon peuple est en proie au fléau, et ma pensée ne
possède pas d’arme (…) Sauve nous, fille éclatante de Zeus, dépêche nous ton
secours radieux » Le Chœur chante les malheurs de Thèbes, par
conséquent il représente donc la cité. Ainsi, pour recourir à ses malheurs, il
fait appel aux dieux. Par ailleurs, le Chœur est allié d’Œdipe. En effet, après
les paroles de Tirésias sur Œdipe, le chœur est troublé, et se refuse à le
croire sans preuve « Sans doute il me trouble, me trouble étrangement,
le sage devin. Je ne puis le croire (…) Ni dans le passé ni dans le présent je
ne trouve la moindre preuve qui me force à partir en guerre contre le renom
bien assis d’Œdipe ». Encore durant l’époque athénienne, lors des
représentations théâtrales, le Chœur prenait la parole devant les habitants d’Athènes,
comme pour leur faire passer un message, d’où la dimension politique du Chœur.
Ensuite,
en plus de jouer un rôle moralisateur, le chœur joue un rôle tragique.
En
effet, le Grand prêtre même s’il n’est pas spécifié qu’il fait partie du Chœur,
peut-être considéré comme en faisant partie. Il représente la cité, donc la
voie du peuple dont il est proche, et c’est lui annonce la peste à Œdipe « Thèbes
prise dans la houle n’est plus en état de tenir la tête au-dessus du flot meurtrier ».
De ce fait, il nous met directement dans l’ambiance tragique de la pièce.
De plus, les dernières répliques du Chœur après qu’Œdipe ai commis l’acte
tragique de s’être crevé les yeux à la suite des révélations sur sa personne,
montre l’horreur et le dégout du Chœur face à Œdipe « Ah ! fils de
Laïos ! que j’aurais donc voulu ne jamais, ne jamais te connaitre. Je me
désole et des cris éperdus s’échappent de ma bouche (…) Par toi jadis j’ai
recouvré la vie, et par toi aujourd’hui je ferme à jamais les yeux ». Œdipe
est le plus malheureux des hommes, il a perdu la confiance et l’amour du Chœur,
l’amour de sa chère Thèbes
De plus,
le Chœur fait aussi certaines allusions sur ce que l’on ne peut voir sur la
scène. En effet, la règle de bienséance de la tragédie grecque, certaines
choses ne pouvait pas être montré sur scène, notamment l’inceste qui est
explicitement montré chez Pasolini mais simplement évoqué chez Sophocle. C’est
dans le quatrième épisode que le Chœur dit « Ah ! noble et cher
Œdipe ! Ainsi la chambre nuptiale a vu le fils après le père entrer au
même port terrible » Œdipe est à la fois le mari et le fils de Jocaste
et le « port terrible » représente Jocaste, avec laquelle il a
bousculé l’ordre du temps « Le temps qui voit tout, malgré toi l’a
découvert. Il condamne l’hymen qui n’a rien d’un hymen, d’où naissent à la fois
et depuis tant de jours un père et des enfants ». Dans le dialogue
entre le Coryphée et le messager, on nous informe du suicide et de la crevaison
d’Œdipe qui ne peuvent être montré sur scène. C’est à travers le récit du
messager, mais aussi à travers le dialogue entre les deux personnages qu’on
apprend ces nouvelles.
Enfin,
chez Pasolini le Chœur joue un rôle poétique.
Au contraire de Sophocle, le chœur
chez Pasolini n’est pas matérialisé par un groupe de personne. Premièrement à
travers les intertitres. Dans le prologue, le père condamne le fils grâce à ces
intertitres emprunté au cinéma muet « La première chose que tu me
voleras, ce sera elle, la femme que j’aime…et déjà tu me voles son
amour ». De plus durant son errance dans le désert, ces intertitres
reviennent et montre toute la détresse et le désespoir d’Œdipe face aux
révélations de la Pythie « Ou va ma jeunesse ? Ou va ma
vie ? » Celui-ci est perdu. Ces intertitres participent à ce que
Pasolini appelait le « cinéma
de poésie ». C’est tout un travail stylistique important sur le
message et les textes et ou la notion de personnage, auteur et de spectateur
est intégré : coprésence. Les intertitres sont certes la pensée des
personnages, mais ils peuvent aussi représenter celles du spectateur et donc
l’inciter à la réflexion tout comme le Chœur le fait chez Sophocle
Pour finir, chez Pasolini le Chœur
est surtout très présent à travers la diversité musicale qui nous est
proposé : chant de folklores africains, roumains, japonais… On a aussi des
musiques qui ont une signification particulière. En effet, la musique militaire
représente le thème du père, le quatuor en u majeur de Mozart est le
thème de la mère et ajoute un coté tragique car la musique aigue, presque
terrifiante effraie le spectateur et annonce la nature des évènements à venir
(réf scène du pré) et pour finir, la musique de la flute représente le thème du
destin, le destin qui attend Œdipe : devenir aveugle et retrouver sa place
auprès des homme pour lesquels il chantera « Ton chant te place
au-dessus du destin » (Tirésias à Œdipe). C’est avec la flute qu’Œdipe
a hérité de Tirésias qu’il acceptera la tragédie de sa vie et à se libérer du
poids du destin.
Pour
conclure, on peut dire que le Chœur joue un rôle moralisateur chez Sophocle,
mais aussi un rôle tragique. Pasolini retranscrit le chœur par la musique, ou
derrière chacune se cache une signification et l’expression de quelque chose de
particulier.
C'est un excellent travail, bravo !!!
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