vendredi 9 décembre 2016

La peste

La peste (du latin pestis, « maladie contagieuse ») est une zoonose, c'est-à-dire commune à l'homme et à l'animal.
En raison des ravages qu’elle a causés, surtout pendant le Moyen Âge, la peste a eu de nombreux impacts sur l'économie, la religion et les arts. Ainsi, la peste noire de 1347–1352 a profondément marqué et a été tragique pour l'Europe en exterminant 25 % à 50 % de la population européenne.
Et cette maladie synonyme de mort a une place importante dans la pièce de théatre de Sophocle et le film de Pier Paolo Pasolini. 

En effet la pièce débute avec l'arrivé du Grand Prêtre et du Choeur qui évoque la notion de peste qui décime la région entière. Cependant cette peste n'est pas montrée mais simplement rapportée. " Que faites vous la ainsi à genoux, pieusement parés de rameaux suppliants ? La ville est pleine tout ensemble et de vapeurs d'encens et de péans mêlés de plaintes." -Oedipe, prologue, page 1.
De plus, la stérilité chez Sophocle est évoquée à cause de la peste." « Notre illustre sol ne fait plus apparaître de fruits, et les cris des femmes en gestation ne produisent plus d’enfants. » Strophe II
Cette maladie installe des le début le tragique qui va décimer et durer toute la pièce.
Sophocle présente "le fléau"(-Jocaste) en insistant sur la matérialité des mots alors qu'avec Pasolini, le moyen proposé pour montrer ce dernier est le visuel, matérialité des images. 
Dans le film, la zoonose est montrée à partir de la 53ème minute à contrario avec Sophocle qui ouvre sa pièce avec cette horreur. 
On aperçoit dans le film des scènes avec un sol jonché de cadavres avec des corps qui pourrissent et se décomposent à la vue de tous. Aussi on aperçoit un bébé qui pleure et qui est entouré de vautours. Le spectateur se trouve dans une situation inconfortable, et cette mise en hypotypose touche encore plus le public lorsque c'est un bébé qui se trouve dans cette situation et non une vieille dame qui aurait sans doute suscité moins de pitié.


Les dieux prennent place dans ce moment d'horreur et donne une dimension morale et symbolique à la pièce. En effet, comme dans toutes les tragédies ces derniers ont un rôle majeur. Et la peste est le résultat de la colère des Dieux face au meurtrier de Laïos (ancien roi de Thèbes) qui n' a pas été trouvé. Et c'est Créon qui a été envoyé au temple de Delphes afin de trouver des solutions pour lutter contre cette terrible tragédie qui s'abat sur Thèbes. Et celui-ci, revenant de sa mission annonce cette révélation à la ville : "Apollon nous donne l’ordre express de chasser la souillure que nourrit ce pays et de ne pas l’y laisser croître jusqu’à ce qu’elle soit incurable". C'est donc les dieux qui ont la main mise sur le peuple de Thèbes. Les hommes doivent se soumettre aux dieux pour faire cesser le fléau qui ronge la ville; et c'est ainsi que se présente la relation entre les hommes et les dieux chez Sophocle.

Chez Pasolini la peste est synonyme de souillure. En effet, on peut expliquer la maladie contagieuse qui condamne Oedipe de ces fautes graves. Ces dernières ont donc une conséquence terrible sur la ville. On peut remarquer les cadavres au sol, les pleurs des femmes et du bébé entouré de vautours. Effectivement le roi de Thèbes a tué son père et épousé sa mère, sa malédiction a été accompli. Pasolini semble représenter cette catharsis à deux reprises : la crémation lors de la procession mortuaire à 1h03 du film et la présence d’un feu sur les marches du palais lorsqu’Œdipe ressort après le suicide de Jocaste et l’énucléation.


Comme Ornella l'a très bien noté en conclusion la peste annonce la couleur sombre qui va s'abattre du début a la fin sur Oedipe. C’est une métaphore du protagoniste que Pasolini décide d’illustrer en montrant les conséquences du parricide et de l'inceste sur son propre peuple. En effet, une fois la malédiction accompli les dieux "rentrent en scène".Ce dernier est donc présenté comme l’épidémie qui frappe la ville de Thèbes, la souillure. Et l'unique moyen de rétablir le calme est de trouver la personne qui est le "chef d'orchestre" des actes incurables. Cette personne : Oedipe est présentée comme la souillure en personne qui à cause de ses actes condamne Thèbes à la colère des dieux.

Blanche MINON



1 commentaire:

  1. Des progrès dans la méthodologie, pour traiter la question. Il faudrait toutefois que votre introduction se centre davantage sur la peste chez les deux auteurs (attention à ne pas parler d'un événement historique sur la peste, qui se déroule des siècles après Sophocle). Il manque toute la troisième partie sur Oedipe comme métaphore de la peste.

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