La
peste (du latin “pestis” qui signifie “maladie contagieuse”), qualifiée de
peste noire ou “mort noire” au XIV siècle, ne désigne pas forcément, dans
l’Antiquité, une maladie, mais un événement catastrophique affligeant une cité.
Dans Oedipe Roi de Sophocle et Pasolini, cette peste rejoint effectivement les
deux idées : à la fois maladie et événement catastrophique. Dans la pièce,
cette peste détient une place très importante, voir clé, nous nous poserons
alors la question suivante : En quoi la peste est-elle dans la pièce de
Sophocle et le film de Pasolini un moteur narratif qui installe le tragique, un
moyen de montrer la relation entre les hommes et les dieux, une métaphore
d’Oedipe ?
Premièrement,
la peste installe effectivement le tragique dans la pièce. Elle déclenche la tragédie :
Chez
Sophocle, la tragédie s’ouvre sur celle-ci, alors que le prêtre de Zeus vient
demander de l’aide au roi, pour délivrer Thèbes du fléau, de la peste. C’est
après ça que l’investigation commence pour connaître l’origine du mal, qui est
l’assassin de Laïos, nous assumons alors que c’est en effet cette mort noire
qui lance toute la tragédie, sans celle-ci, Oedipe n’aurait pas chercher à
retrouver l’assassin de Laïos, et donc n’aurait pas découvert par la suite
qu’il avait commis le parricide et l’inceste. Chez
Pasolini, cette scène arrive plus tard, et nous nous retrouvons encore plus en
contact avec cette peste avec les gros plan sur les cadavres en décomposition,
les pestiférés, et également les flammes dans lesquelles les corps sont jetés.
C’est après cela que le prêtre de Zeus arrive et fait ses demandes à Oedipe,
qui lance par la suite les recherches, la tournure se trouve être la même que
chez Sophocle, puisque ses recherches le mène à la vérité : inceste et
parricide. Cette peste installe alors bien le tragique, elle
annonce la chute de l’oeuvre, la découverte de la vérité.
Ceci lui donne alors un aspect divin et permet de
montrer la relation entre les hommes et les dieux puisque ce sont les dieux qui
l’envoient sur la cité, elle représente la puissance de ceux-ci sur les hommes.
Chez Sophocle,
Créon dit : « le dieu nous enjoint clairement de punir de notre main ses
assassins. », à travers ces mots, nous retrouvons effectivement cette relation
entre les hommes et les dieux. Ceux-ci envoient la peste afin de représenter la
malédiction, le destin. Rappelons nous que Oedipe ne peut échapper à son
destin, peu importe ce qu’il fait, celui-ci le rattrapera toujours, c’est alors
de cette manière que les dieux décide de faire avancer la malédiction. C’est
bien après qu’il ai commis ses crimes (parricide et inceste), que la peste
s’abat sur la cite, ce n’est pas une coïncidence. Chez Pasolini, nous remarquons bien
cet enchaînement : Oedipe à tué Laïos, se retrouve ensuite à Thèbes où il
devient l’époux de sa mère et après cela, la peste. Nous observons en effet une
juxtaposition des scènes d’amour avec Jocaste, et des images de la peste qui
ravage la cité.
Enfin, cette peste
serait en effet une métaphore d’Oedipe, puisque celui-ci représente la “souillure”,
chez Sophocle. Il a commis des crimes qui doivent être punis, il est la cause
de cette peste également, puisque c’est à cause de lui qu’elle ravage la ville de Thèbes. Il est en
l’occurrence la Peste de la ville. Tous ceux qu’il touche finissent par mourir
: Laïos, qu’il tue, et Jocaste, qui se suicide. Chez
Pasolini, Tirésias dit à Oedipe : “Tu ne veux pas voir le mal que tu portes en
toi” (1h07min04sec), ce “mal” en effet pourrait être la peste, qui représente
également la malédiction des dieux. Oedipe porte ce mal, il porte cette peste,
qu’il répend tout autour de lui. Cette peste est, comme l’a dit Ornella
“représentée comme une conséquence des crimes d’Oedipe”. Oedipe est de ce fait bel et bien une métaphore de la Peste, puisqu’il
est le malheur de la ville, la souillure dont il faut se débarrasser, le bouc
émissaire.
Pour conclure, la peste est un moteur narratif qui
installe le tragique, un moyen de montrer la relation entre les hommes et les
dieux et une métaphore d’Oedipe car elle déclenche la tragédie, elle représente
la malédiction divine sur Oedipe et s’apparente bien avec la situation
d’Oedipe, bouc émissaire et souillure de la cité.
TB Mayalen ! Beaucoup de progrès ! Attention à développer davantage vos arguments et exemples. La méthode, elle, est bien acquise (TB pour le plan).
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