vendredi 9 décembre 2016

La peste

La peste est une maladie contagieuse mortelle connue pour ses ravages notamment dans l'Europe du Moyen-âge. Étant une zoonose, maladie transmissible de l'animal à l'homme, même nos plus proche animaux de compagnie pouvaient nous la transmette en trahison totale, tout comme les animaux les plus infâmes tels que les rats. Mais la peste n'avait pas la même signification dans l'Antiquité. En effet, le terme pouvait s'appliquer à un événement catastrophique, frappant une Cité entière, constituant en lui-même un concept culturel allant bien au-delà du concept de maladie. Ni la religion, ni la médecine ne pouvais l’arrêter. La Cité est morbide, sans défense possible, faisant de ce lieu un lieu tragique en soit. Rien ne peut arrêter la peste, bactérie  qui a trouvé son hôte, la cité de Thèbes.

Dans l'Antiquité, la peste était un fléau qui frappait une cité et quoi que l'on fasse, prière ou traitement cette métaphore de la tragédie n'avait pour seule issue que la mort .
Pourtant, l'homme de par sa nature faible, tente l’impossible devant le tragique . Ainsi dans l'Antiquité, de nombreux sacrifices était fait afin de contenter la colère des dieux et implorer leur clémence. Et cela, même au christianisme du moyen-âge, l'époque ou la peste a fait le plus de ravages. Un saint en particulier est invoqué, Saint Roch.
L'homme, désespéré et démuni , il ne lui reste que sa foi, peut être est-ce cela qui le sauvera ?
Chez Sophocle, la pièce s'ouvre sur cette situation. Œdipe imploré par le prêtre, doit trouver une solution, sauver Thèbes à nouveaux, Le prêtre lui expose ainsi la situation :« Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste, s’est abattue sur nous… » Or Œdipe est bien au courant de la situation, tout comme nous.
Œdipe, dans les deux œuvre est très affecté à la douleur de son peuple et déclare dans la pièce : « Il n'est pas un de vous qui souffre autant que moi » . Dans l’antiquité, on attribuait traditionnellement la peste à la vengeance d’Apollon comme cela est décrit dans l'Iliade . Œdipe va donc presser Créon chez l’Oracle, qui va cité lui-même : il faut « chasser la souillure que nourrit ce pays , et de ne pas l'y laisser croître jusqu'à qu'elle soit incurable »
PPP, lui, nous montre tout ce qui est occulté dans la pièce de Sophocle en raison de la bienséance. On peut donc observer les ravage de ce fléau sur la ville de Thèbes, des cadavres, de corbeaux etc.. Œdipe, dans le film de Pasolini reste fidèle à celui de la pièce face à la douleur du peuple.
La source du malheur de Thèbes se trouve donc dans la cité et Œdipe jure de la trouver.

Cela marque le début de l'enquête d'Oedipe, il cherche le nuisible, celui qui contamine la ville, le fléau. Cette maladie mortelle qui a plongé la ville de Thèbes dans les ténèbres.
La peste etait répandue volontairement par des groupes malveillants, contre lesquels on exerce représailles ou persécutions. En Russie on accuse les Tatars, en Europe centrale les Bohémiens. En Europe occidentale, les juifs et les lépreux sont accusés d'empoisonner les puits et les fontaines. Tout comme Œdipe, le bouc émissaire qui, à  l'image de ces minorité opprimées, était responsable de cet "empoisonnement provoqué". Mais Œdipe est-il vraiment coupable ?
Œdipe est donc la source de la souillure, par ses crimes il souille la ville de Thèbes qu'il a pourtant « sauvé » en la débarrassant de la Sphinge. En enquêtant sur le meurtrier de Laïos il a enquêté sur lui-même. Qui a t-il de pire pour un enquêteur de découvrir qu'il est lui-même le coupable ? cela me fait penser à l'ouvrage d'Alain Robbe-Grillet, Les Gommes.

Dans le film de Pasolini, le thème de la souillure est d'autant plus mis en valeur que Dans le film, il y a une juxtaposition des scènes intimes entre Œdipe et Jocaste avec l'évocation de la peste. On voit grâce à cette violence visuelle que la peste est liée avec la maladie. En effet, les plan sur les cadavres jonchant le sol suivent ceux de scènes d'amour entre Jocaste et Oeidpe. Ce dernier à cause de son destin, le l'acte qu'il a commis s'avère être en fait le rat, la source du problème. Odiepe finit donc expulsé de la cité, fuit comme la peste, Car à l'image de ce fléau, il inspire le d’égout et est repoussé de toute part.

La peste était transmissible par le rat, le nuisible et la puce qui transporte la bactérie. Ici le nuisible, c'est Œdipe, sa bactérie est son destin tragique, sa malédiction et l'hôte contaminé c'est la ville de Thèbes. Et tout cela, est la machination des dieux cruels.


En somme, la peste annonce la chute tragique d’Œdipe Roi dès le début de la pièce de Sophocle. La peste est donc la métaphore d’œdipe mais aussi un élément tragique. 

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