La
peste est une maladie contagieuse mortelle connue pour ses ravages
notamment dans l'Europe du Moyen-âge. Étant une zoonose, maladie
transmissible de l'animal à l'homme, même nos plus proche animaux
de compagnie pouvaient nous la transmette en trahison totale, tout
comme les animaux les plus infâmes tels que les rats. Mais la peste
n'avait pas la même signification dans l'Antiquité. En effet, le
terme pouvait s'appliquer à un
événement catastrophique, frappant une Cité entière, constituant
en lui-même un concept culturel allant bien au-delà du concept de
maladie. Ni la religion, ni la médecine ne pouvais l’arrêter. La
Cité est morbide, sans défense possible, faisant de ce lieu un lieu
tragique en soit. Rien ne peut arrêter la peste, bactérie qui
a trouvé son hôte, la cité de Thèbes.
Dans
l'Antiquité, la peste était un fléau qui frappait une cité et
quoi que l'on fasse, prière ou traitement cette métaphore de la
tragédie n'avait pour seule issue que la mort .
Pourtant,
l'homme de par sa nature faible, tente l’impossible devant le
tragique . Ainsi dans l'Antiquité, de nombreux sacrifices était
fait afin de contenter la colère des dieux et implorer leur
clémence. Et cela, même au christianisme du moyen-âge, l'époque
ou la peste a fait le plus de ravages. Un saint en particulier est
invoqué, Saint Roch.
L'homme,
désespéré et démuni , il ne lui reste que sa foi, peut être
est-ce cela qui le sauvera ?
Chez
Sophocle, la pièce s'ouvre sur cette situation. Œdipe imploré par
le prêtre, doit trouver une solution, sauver Thèbes à nouveaux, Le
prêtre lui expose ainsi la situation :«
Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste,
s’est abattue sur nous… »
Or Œdipe est bien au courant de la situation, tout comme nous.
Œdipe,
dans les deux œuvre est très affecté à la douleur de son peuple
et déclare dans la pièce : « Il n'est pas un de vous qui
souffre autant que moi » . Dans l’antiquité, on
attribuait traditionnellement la peste à la vengeance
d’Apollon comme
cela est décrit dans l'Iliade . Œdipe va donc presser Créon chez
l’Oracle, qui va cité lui-même : il faut « chasser la
souillure que nourrit ce pays , et de ne pas l'y laisser croître
jusqu'à qu'elle soit incurable »
PPP,
lui, nous montre tout ce qui est occulté dans la pièce de Sophocle
en raison de la bienséance. On peut donc observer les ravage de ce
fléau sur la ville de Thèbes, des cadavres, de corbeaux etc..
Œdipe, dans le film de Pasolini reste fidèle à celui de la pièce
face à la douleur du peuple.
La
source du malheur de Thèbes se trouve donc dans la cité et Œdipe
jure de la trouver.
Cela
marque le début de l'enquête d'Oedipe, il cherche le nuisible,
celui qui contamine la ville, le fléau. Cette maladie mortelle qui a
plongé la ville de Thèbes dans les ténèbres.
La
peste etait répandue volontairement par des groupes malveillants,
contre lesquels on exerce représailles ou persécutions. En Russie
on accuse les Tatars, en Europe centrale les Bohémiens. En Europe
occidentale, les juifs et les lépreux sont accusés d'empoisonner
les puits et les fontaines. Tout comme Œdipe, le bouc émissaire
qui, à l'image de ces minorité opprimées, était responsable
de cet "empoisonnement provoqué". Mais Œdipe est-il
vraiment coupable ?
Œdipe
est donc la source de la souillure, par ses crimes il souille la
ville de Thèbes qu'il a pourtant « sauvé » en la
débarrassant de la Sphinge. En enquêtant sur le
meurtrier de Laïos il a enquêté sur lui-même. Qui a t-il de pire
pour un enquêteur de découvrir qu'il est lui-même le coupable ?
cela me fait penser à l'ouvrage d'Alain Robbe-Grillet, Les
Gommes.
Dans
le film de Pasolini, le thème de la souillure est d'autant plus mis
en valeur que Dans le film, il y a une juxtaposition des scènes
intimes entre Œdipe et Jocaste avec l'évocation de la peste. On
voit grâce à cette violence visuelle que la peste est liée avec la
maladie. En effet, les plan sur les cadavres jonchant le sol suivent
ceux de scènes d'amour entre Jocaste et Oeidpe. Ce dernier à cause
de son destin, le l'acte qu'il a commis s'avère être en fait le
rat, la source du problème. Odiepe finit donc expulsé de la cité,
fuit comme la peste, Car à l'image de ce fléau, il inspire le
d’égout et est repoussé de toute part.
La
peste était transmissible par le rat, le nuisible et la puce qui
transporte la bactérie. Ici le nuisible, c'est Œdipe, sa bactérie
est son destin tragique, sa malédiction et l'hôte contaminé c'est
la ville de Thèbes. Et tout cela, est la machination des dieux
cruels.
En
somme, la peste annonce la chute tragique d’Œdipe Roi dès le
début de la pièce de Sophocle. La peste est donc la métaphore
d’œdipe mais aussi un élément tragique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire