« J'aime assez qu'en une œuvre d'art on retrouve ainsi
transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par
comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre
le second en abyme. » écrivait André Gide dans son journal des Faux-monnayeurs.
La mise en abyme est un procédé géométrique sollicitant un effet de perspective
continu sur un seul et même objet. Celui-ci est placé en plus petit dans son
double plus grand et possède lui-même une réplique plus petite que lui, ainsi
de suite, jusqu'à créer une distorsion infinie. Ce procédé vient des mathématiques
et est reproduit en art, pour la première fois par André Gide. En littérature,
une mise en abyme c’est donc retrouver une œuvre dans une œuvre.
Pourquoi peut-on parler de mise en abyme à propos des Faux
monnayeurs ?
A première vue, André Gide nous dépeint l’histoire
d’Edouard, un écrivain qui tente d’écrire son roman avec ses expériences
personnelles. On peut penser à une mise
en abyme à l’aide de beaucoup d’aspect. Déjà par le titre « Les
faux-monnayeurs », titre du roman que l’on a en main mais également du
futur roman sur lequel le personnage principal travaille. André Gide s’inspire
de faits divers pour ce titre, notamment l’apparition de fausses monnaies sur
le marché : « J'ai ressorti ce matin les quelques découpures de journaux
ayant trait à l'affaire des faux-monnayeurs. Je regrette de n'en avoir pas
conservé davantage. Elles sont du journal de Rouen (Sept. 1906).Je crois qu'il
faut partir de là sans chercher plus longtemps à construire a priori. » Nous
explique André Gide dans son journal des faux-monnayeurs. Quant à Edouard, même constat « J’ai
pensé qu’il ne saurait y en avoir de meilleur que l’auteur des Faux-Monnayeurs ;
et c’est pour vous la montré que je l’ai prise. ». Les deux auteurs
veulent relater d’évènements réels, Gide va en parler via le personnage de
George, individus dont s’inspire également Edouard pour son roman. Autre aspect de cette mise en abyme, c’est
les similitudes de caractères entre Gide et Edouard ; les deux
détestent Alfred Jarry et les mauvais
écrivains (représentés par le personnage de Passavant).Ce qui est flagrant c’est la volonté des deux artistes à créer un
roman « pur ». André Gide dit « Purger le roman de tous les
éléments qui n'appartiennent pas spécifiquement au roman. On n'obtient rien de
bon par le mélange. » Et Edouard explique « […] Même la description
des personnages ne me paraît point appartenir proprement au genre. Oui
vraiment, il ne me paraît pas que le roman pur (et en art, comme partout, la
pureté seule m’importe) ait à s’en occuper ». Finalement Gide va réussir à
crée son roman « pur » mais Edouard jamais et c’est ce qui nous
sépare de la mise en Abyme.
Finalement, une mise en abyme c’est une œuvre dans une œuvre,
et bien que le roman des faux-monnayeurs écrit par Edouard soit souvent énoncé
il n’existe pas encore pendant que nous lisons le roman d’André Gide. Alors on
pourrait penser que le roman n’a pas vraiment de mise en abyme mais prépare à
celle-ci. De plus pour qu’il y ait œuvre dans œuvre il faudrait que les auteurs
soient pareils, du même talent et du même état d’esprit or, même si au début du
roman on pourrait croire qu’Edouard et André Gide sont la même personne, on
découvre par la suite qu’ils sont très différents. Certes les deux tiennent un journal, mais le
journal d’Edouard s’apparente plus à un journal intime ; il y écrit des évènements
marquant de sa vie dont il ne veut pas forcément parler dans son livre. Ce qui
saute aux yeux sur la différence des deux protagonistes c’est leurs points de
vue sur le « suicide » de Boris. Dans son journal, Gide dit « Il
s’agit de rattacher cela à l’affaire des faux-monnayeurs […] et à la sinistre
histoire des suicides d’écoliers de Clermont-Ferrand. Fondre cela dans une
seule et même intrigue. » Tandis que Edouard ne veut surtout pas parler de
ce suicide : « Je ne me servirai pas pour mes Faux-Monnayeurs du
suicide du petit Boris ; j’ai déjà trop de mal à le comprendre. ».
Les deux auteurs divergent ; lorsque Gide fait en sorte qu’on éprouve de la
pitié voir de la tristesse pour la mort de ce jeune garçon si pure. Edouard,
lui, le rend coupable, il fait passer Boris pour le méchant. Or si Edouard n’avait
pas ramené le petit en France, ce drame ne serait jamais arrivé. En outre au
lieu de présenter les mêmes sentiments que nous éprouvons face à la mort,
Edouard est juste surpris. Il n’a pas de cœur. Dans le journal d’André Gide, « Je
dois respecter soigneusement en Édouard tout ce qui fait qu’il ne peut écrire
son livre. Il comprend bien des choses ; mais se poursuit lui-même sans cesse ;
à travers tous, à travers tout. Le véritable dévouement lui est à peu près
impossible. C’est un amateur, un raté. Personnage d’autant plus difficile à
établir que je lui prête beaucoup de moi. Il me faut reculer et l’écarter de
moi pour bien le voir ». On comprend alors que Gide voulait qu’on le voit
en Edouard, un temps, puis que l’on comprenne qu’il fait partis des écrivains
qu’il n’aime guère.
En conclusion, Les Faux-Monnayeurs possède l’illusion d’une
mise en abyme, puisque finalement l’œuvre d’Edouard tout comme son personnage s’éloigne
du roman d’André Gide tout comme ça personne. Peut-être qu’André Gide voulez
nous donnez l’impression d’une mise en abyme pour finalement nous faire
comprendre qu’il existe juste une œuvre et c’est ainsi qu’elle peut être pure.
Emma Castex.
Un travail intéressant, mais il aurait fallu structurer davantage votre devoir selon une progression claire et précise, et vous référer à des passages plus précis du roman. Attention à la maîtrise de la langue. Poursuivez vos efforts !
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