dimanche 26 mars 2017


"Dans un monde ou chacun triche, c'est l'homme vrai qui fait figure de charlatant"- Les faux-Monnayeurs.
Comme a pu le dire Léa dans sa dissertation ;  André Gide, dans sa cinquième conférence sur Dostoïevski, dit le proverbe suivant : « Il n'y a pas d'œuvre d'art sans collaboration du démon » 


Les faux Monnayeurs d'André Gide est l'exemple parfait de cette citation. En effet dans cette oeuvre aux multiples intrigues, la présence de l'ange et du démon se fait ressentir a travers de multiples personnage. De ce fait, l'oeuvre dans toute sa complexité devient le théâtre de manifestation angéliques et maléfiques tout au long de l'ouvrage. Mais comment se manifeste cette présence?

Il est vrai que, dans Les Faux-Monnayeurs, des personnages extrêmement touchants, authentiques, criants de vérité, mais ils croisent de vrais personnages romanesques, manichéens, et, pour ceux-là, diaboliques. Le diable est effectivement présent dans le roman, au travers des figures tentatrices qui, semble-t-il, reviennent sous différents traits de génération en génération. Les fils Molinier semblent tous confrontés à l’un de ces démons et se laisseront tous tenter : Vincent par Lady Griffith, le petit Georges par Ghéridanisol et Olivier par le Comte de Passavant. Ce dernier, présenté en mondain manipulateur et vil, marionnettiste pervers, figure à lui seul une sorte de diable, manipulant à l’envi des sous-fifres pour répandre le soufre auprès des jeunes adolescents. À cette image diabolique, s’oppose celle de l’ange : Bernard rencontre effectivement un ange (car tout est permis dans le roman), et lutte contre lui toute une nuit. Ce passage est très troublant, la figure merveilleuse de l’ange étant très inhabituelle, d’autant plus dans un roman tentant de reproduire le réel et critiquant vigoureusement la religion, mais aussi très puissante. Le combat entre Bernard et l’ange ne verra pas de vainqueur, mais cette lutte renforce l’aspect initiatique du roman et métaphorise les combats spirituels et les allants vers l’inconnu que doit mener le jeune Bernard dans la construction de sa personne, dans sa formation existentielle pour devenir adulte. C’est d’ailleurs le jour où il obtient le bac qu’il fera cette rencontre angélique.
Nous pouvons maintenant revenir au diable, une figure bien plus intéressante dans cette oeuvre: le Comte de Passavant est également l’antagoniste littéraire d’Édouard, lui-même étant auteur à succès. Les deux personnages s’affrontent sur différents plans, intellectuels et romanesques évidemment, les deux personnages représentant tous deux des conceptions littéraires antithétiques, l’une facile et commerciale, l’autre élitiste et révolutionnaire. Mais ils se disputent également Olivier, le jeune et brillant neveu d’Édouard. Les sentiments qu’Olivier et Édouard partagent sont très ambigus, incestueux, mais l’assentiment du lecteur envers Passavant est tel qu’on souhaite voir Édouard sortir victorieux dans ce combat ! Le personnage de Passavant est de ceux qu’on adore détester, il représente tout ce qui répugne : le vice, la malice, l’argent facile, la mondanité,la volonté de corrompre tout ce qui est pur, beau.
Cette question de l’authenticité, de la sincérité et de la duplicité est au cœur du roman et est métaphorisée par un trafic de fausses monnaies dont l’enquête apparaît discrètement au lecteur, en arrière-plan, dans quelques dialogues. Mais elle est présente et permet à l’auteur de mettre en question le paraître, ce qu’on laisse paraître de soi et en quoi cette démarche est significative de qui l’on est réellement. Car tout, que ce soit les actes sincères ou les duperies, tout nous construit et tout nous révèle. Les Faux-Monnayeurs, ce sont au final ces personnages qui n’osent pas, qui se trompent, qui laissent à paraître ce qu’ils ne pensent pas, ce qu’ils ne sont pas, ces gens qui sonnent faux, qui donnent de fausses amitiés, de faux amours, de fausses bonnes intentions, qui s’oublient dans ce qu’ils souhaitent donner à penser et qui en oublient d’être justes et vrais. Et c’est paradoxalement en cela qu’ils sont authentiques, vraisemblables.

Nous pouvons donc en arriver a la conclusion que le démon est bien plus présent dans l'ouvre d'André Gide, et semble torturer l'ange. En effet, les personnages "maléfiques" comme Passavant sont un obstacle bien réel aux personnages angéliques. Ce roman est comme une personne vivante, un exemple de la société. Il évolue et change au même rythme que la vision du lecteur, et c'est cette "aventure d'une écriture" comme il a été dit en classe qui rend cette vision, cette impression de l'ange et du démon plus réel, plus vivante.

1 commentaire:

  1. C'est un écrit pertinent et bien construit. Il aurait fallu toutefois vous appuyer davantage sur des exemples, des passages précis du roman. Poursuivez vos efforts !

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