Les faux-monnayeurs, le roman :
P.48 « Au fond j’avais pour lui, je garde encore, une certaine
admiration… je le contemple longuement… Il regarde les mains exsangues du mort,
et se demande combien de temps encore les ongles continueront de pousser. »
Cette citation témoigne bien de
la relation intime qui lie Edouard à Olivier. Tout au long du roman, cette
admiration secrète et silencieuse est bien mise en avant, et se concrétise à la
fin. En effet, il a pour son neveu, une attirance défiant le raisonnable -
grâce à laquelle il parvient jusqu’à même identifier les pensées d’Olivier. On
pourrait également considérer qu’il s’agit du point de vue omniscient
qu’utilise l’auteur dans ce passage ; point de vue qui montre aussi la mise en
abîme de l’histoire dans le personnage d’Edouard.
P.53 « Voulez-vous que je vous dise, mon cher. Vous avez toutes
les qualités de l’homme de lettres : vous êtes vaniteux, hypocrite, ambitieux,
versatile, égoïste… »
Cette citation représente la
phrase clé qui définit le comte Profitendieu. Il est le personnage de
l’histoire qui symbolise le mieux le titre de l’œuvre « Les
faux-monnayeurs ». En effet, il est celui de l’histoire qui, par son
hypocrisie et son égoïsme, parvient à manipuler les autres, afin de toujours tirer
profit.
P.75 « Je ne suis jamais ce que je crois que je suis, et cela
varie sans cesse, de sorte que souvent, si je n’étais là pour les accointer,
mon être du matin ne reconnaîtrait pas celui du soir. Rien ne saurait être plus
différent de moi, que moi-même. »
Cette citation met en avant
l’aspect psycho-analytique de l’œuvre : André Gide a voulu, pour faire de
son œuvre sa pièce maîtresse, se défaire de toutes les règles imposées à la
rédaction d’un roman. Ici, il en donne une explication à travers les paroles d’Edouard :
il laisse libre cours à toutes ses idées pour monter son histoire.
P.120 « Pourquoi est-il si rarement question des vieillards dans
les livres ? … Cela vient, je crois, de ce que les vieux ne sont plus capables
d’en écrire et que, lorsqu’on est jeune, on ne s’occupe pas d’eux. »
Ici, il est question de la
séparation du roman entre les adultes et personnes âgées, et les jeunes. On
remarque bien que l’histoire se base sur ce rapport : pour certains, il
s’agit d’une division entre les plus âgés et les plus jeunes (ex : Bernard
et son père, Boris et son grand-père) ; pour d’autres, il s’agit d’une
figure d’attirance (ex : Edouard et Olivier, Mr Profitendieu et Sara).
P.120 « Madame de la Pérouse m’a roulé, mon fils m’a roulé, tout
le monde m’a roulé, le bon Dieu m’a roulé…. Il m’a fait prendre pour de la
vertu mon orgueil. »
Ces paroles prononcées par Mr de
la Pérouse sont le symbole même du titre du roman : les faux-monnayeurs.
Elles mettent en exergue toute la tricherie, l’hypocrisie et le mensonge qui se
trouve entre les personnages.
Le Journal des
faux-monnayeurs :
« Inquiéter, tel est mon rôle. »
Tout l’intérêt de l’œuvre d’André
GIDE réside dans la prolongation de l’intrigue tout au long de son roman.
Ainsi, il installe un réel suspense par rapport aux évènements qui suivent le
précédent.
« Il n'y a guère de « règles de vie » dont on ne puisse se dire
qu'il y aurait plus de sagesse à en prendre le contre-pied qu’à les suivre. »
Ici, il critique et contredit
toutes des règles de la société que respectent les hommes. En effet, c’est la
société qui impose ces lois. Pourtant, elles ne sont pas forcément justes et
morales. Plus précisément, il remet en cause ces règles pour expliquer que la
réalité et la sagesse peut effectivement se trouver dans l’opposé de la règle
même, et que ce n’est pas cela qui, en respectant les lois, définit l’homme
sage.
« Les plus douteux égarements de la chair m'ont laissé l'âme plus
tranquille que la moindre incorrection de mon esprit. »
Ici, GIDE explique que beaucoup d’erreurs commises sont plus
excusables que certaines mauvaises pensées de l’esprit. En d’autres termes, il
est des actes plus pardonnables que certaines pensées.
« Je ne puis admirer pleinement le courage de celui qui méprise la
vie. »
Ici, GIDE révoque la négation de la vie quand bien même le
courage peut être grand. La vie a toutes ses raisons pour mériter d’être vécue.
Plus précisément, aucune excuse n’est valable pour écourter sa vie.
« J'en tiens pour le paradoxe de Wilde en art : la nature imite
l’art ; et la règle de l'artiste doit être, non pas de s'en tenir aux
propositions de la nature, mais de ne lui proposer rien qu'elle ne puisse,
qu'elle ne doive imiter. »
L’artiste ne doit donc pas se
contenter de représenter la nature ; car son art est d’aller plus loin que
la nature même : imaginer, créer, inventer ce qui n’existe pas.
C'est un très beau carnet de citations, avec des justifications très pertinentes ! Bravo !
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