Dans le film Œdipe Roi
de Pier Paolo Pasolini, une grande diversité d'éléments, d’expressions et
d’échanges sont reconnaissables. Ils ont pour but de créer le lien entre les personnages et l'histoire. Cela permet au mythe de garder son caractère
intemporel et universel ; d’allier mille et une façons de monter le film.
Parmi ce groupe d’éléments, on retrouve trois différentes formes de
parole chez Pasolini : orale, gestuelle et écrite.
La plupart du temps, les scènes sont
lentes et silencieuses et la forme orale est assez peu présente dans le film. Elle
n’apparaît qu’à certains moments clés afin de souligner une importance. Par
exemple, à la 24ème minute, la parole est utilisée par l’oracle pour
révéler la prophétie d’Œdipe. C’est un moment très important car en apprenant
ce qu’il ignorait sur lui-même, il selle son propre destin et va à sa perte.
Cette forme est retrouvée également plus tard, à la 52ème minute
lorsqu’Œdipe et sa mère font l’amour, il lui parle et lui dit « amore »
qui veut dire « mon amour » en italien. Ici l’oralité prend son sens
à travers la passion qui les unit.
La deuxième forme de parole la plus
fréquente chez Œdipe Roi est l’écrit. Elle se présente sous forme d’intertitres
en italien (langue maternelle de Pasolini) et remplace le dialogue oral. Ces
intertitres font office de dialogue et sont souvent à sens unique ;
c’est-à-dire qu’ils ne sont utilisés que par un des deux
acteurs. Elle représente donc une sorte de parole solennelle puisqu’elle
occulte le langage et fait place aux écritures. Ces intertitres sont surtout
utilisés lors des révélations que font l’oracle de Delphes et Tirésias à Œdipe.
Ils apportent donc un caractère tragique et solennel à la scène.
Enfin, la gestuelle est peut-être la forme
de parole la moins présente dans le film. Cependant elle apparaît à certains
moments comme au début (à la 6ème minute) lorsque le petit garçon,
après avoir écouté les propos jaloux de son père, pose sa main contre le visage
et se cache les yeux ; sentiment de tristesse et de rejet qu'il exprime face au spectateur. Œdipe le
reproduit plusieurs fois dans le film, lorsque plus grand, ce geste devient un
poing serré qu’il mord.
Pour conclure, on retrouve chez Pasolini diverses formes de parole ayant chacune sa fonction. Il mélange la parole orale, gestuelle et écrite ce qui apporte une certaine diversité au film. Les scènes étant très lentes et longues, cet assemblage de trois différentes formes permettent au film de tout de même maintenir un certain rythme et de capter l'attention du spectateur.
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