mardi 20 septembre 2016

Le motif du regard est au coeur de l’intrigue du film de Pasolini. Ce que les personnages voient, le plus souvent sans être vus, se révèle toujours un moteur de l’action, qu’il s’agisse du meurtre de Laïos ou du suicide de Jocaste. Le fait de voir et de savoir ce qui devrait rester caché est à la fois source d'un traumatisme ou de pouvoir chez les personnages du film. Comme dans le cas du serviteur de Laïos qui possède une information capitale mais si néfaste qu’il préfère se retirer pour en garder secret. Le thème de l’aveuglement volontaire, joue donc un rôle important. Pasolini va plus loin  que Sophocle en laissant entendre que Jocaste sait tout depuis le début, et en fait un aveuglement volontaire. Dès lors, la lumière prend une place importante dans le film, associée à la connaissance et à la vérité, mais aussi à l’éblouissement qui aveugle ; c’est toujours dans le noir qu’officient les devins et les voyants, et dans le noir que se réfugient Jocaste et Oedipe une fois la vérité révélée. Dans l'oeuvre de Pasolini, la question du regard a non seulement une importance dramatique cruciale, mais également une dimension esthétique très importante. Pasolini nous immerge dans le point de vue d’Oedipe pour mieux nous faire sentir son aveuglement par une caméra subjective. Néanmoins une question reste sans réponse Oedipe se crève-t-il les yeux parce qu’il a vu ce qu’il aurait voulu ne jamais voir, ou plutot le contraire ?

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