Pour Pier Paolo Pasolini, le cinéma est
une forme d’art. Elle apporte aux spectateurs multiples effets et émotions afin
de le captiver. Pour arriver à cet art cinématographique, il faut élaborer un
travail minutieux. Ainsi, Pasolini il utilise différentes formes techniques de
prise de vue. Le traitement du regard, par exemple, est l’un des motifs les
plus importants pour véhiculer des émotions au cinéma.
Comme prises de vue, on retrouve
principalement chez Pasolini le travelling, le gros plan et la caméra
subjective. Chacun de ces moyens
filmiques permettent de faire passer un message au spectateur.
Tout d’abord, le gros plan voire le très
gros plan. Pasolini les utilise pour mettre l’accent sur une réaction. Par
exemple, vers la sixième minute lorsque le père du petit garçon exprime sa
colère, ce dernier met la main sur son visage et baisse la tête. Il s’agit
d’une réaction de tristesse. Elle est reprise plus tard, lorsqu’adulte, Œdipe
se rend à Delphes consulter l’oracle (25ème minute) et montre qu’il
est désemparé.
Comme le dit Georges Rodenbach « les
yeux sont les fenêtres de l’âme ». Pasolini use également de ces fonctions
techniques pour souligner le regard du personnage et d’en dévoiler une émotion.
À la 24ème
minute, lorsqu’Œdipe se rend à Delphes pour consulter l’oracle, un gros plan
est utilisé pour bien mettre en avant son désespoir et sa tristesse face à
l’aveu qu’il vient d’apprendre.
À la 33ème
minute, on note une autre fonction de regard émise par Œdipe : il s’agit
d’un échange de pensée(s) entre lui et le serviteur du Roi qui s’étend sur
quelques secondes. Nous, spectateurs, on s’attend alors à une future action qui
succèdera au dialogue silencieux.
Le gros ou très gros plan peut aussi
susciter l’envie ou le désir. Celui qui lie Jocaste à son fils. On retrouve
cette forme de regard vers la 52ème minute, action qui précède aux
ébats amoureux. On comprend donc bien quel sentiment ils éprouvent l’un envers
l’autre ; ici l’inceste est nettement suggéré.
Ensuite, la caméra subjective est aussi un
moyen technique qui permet de créer un jeu avec le regard. Elle se confond avec
le point de vue du personnage, nous incite donc à nous mettre dans la peau de
l’acteur, et vivre et ressentir ce qu’il voit. À la 30ème minute,
deux formes de prise de vue sont en même temps utilisées : le travelling
et la caméra subjective. On observe à travers le regard d’Œdipe les environs
qui l’entourent comme une vue panoramique. Également peu de temps après on
retrouve cette subjectivité dans la prise de vue lorsqu’il tombe sur une
prostituée dans le labyrinthe.
Le film Œdipe Roi propose donc diverses
formes de traitement du regard, ce qui a pour but de nous transmettre à nous
spectateurs, multiples réactions et émotions. On peut dire alors que l’art du
cinéma dépend de la minutie du travail technique que demande le tournage.
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