mercredi 21 septembre 2016

Film de Pasolini - Traitement du motif du regard


     Pour Pier Paolo Pasolini, le cinéma est une forme d’art. Elle apporte aux spectateurs multiples effets et émotions afin de le captiver. Pour arriver à cet art cinématographique, il faut élaborer un travail minutieux. Ainsi, Pasolini il utilise différentes formes techniques de prise de vue. Le traitement du regard, par exemple, est l’un des motifs les plus importants pour véhiculer des émotions au cinéma.

     Comme prises de vue, on retrouve principalement chez Pasolini le travelling, le gros plan et la caméra subjective.  Chacun de ces moyens filmiques permettent de faire passer un message au spectateur.
     Tout d’abord, le gros plan voire le très gros plan. Pasolini les utilise pour mettre l’accent sur une réaction. Par exemple, vers la sixième minute lorsque le père du petit garçon exprime sa colère, ce dernier met la main sur son visage et baisse la tête. Il s’agit d’une réaction de tristesse. Elle est reprise plus tard, lorsqu’adulte, Œdipe se rend à Delphes consulter l’oracle (25ème minute) et montre qu’il est désemparé.
     Comme le dit Georges Rodenbach « les yeux sont les fenêtres de l’âme ». Pasolini use également de ces fonctions techniques pour souligner le regard du personnage et d’en dévoiler une émotion.
À la 24ème minute, lorsqu’Œdipe se rend à Delphes pour consulter l’oracle, un gros plan est utilisé pour bien mettre en avant son désespoir et sa tristesse face à l’aveu qu’il vient d’apprendre.
À la 33ème minute, on note une autre fonction de regard émise par Œdipe : il s’agit d’un échange de pensée(s) entre lui et le serviteur du Roi qui s’étend sur quelques secondes. Nous, spectateurs, on s’attend alors à une future action qui succèdera au dialogue silencieux.
     Le gros ou très gros plan peut aussi susciter l’envie ou le désir. Celui qui lie Jocaste à son fils. On retrouve cette forme de regard vers la 52ème minute, action qui précède aux ébats amoureux. On comprend donc bien quel sentiment ils éprouvent l’un envers l’autre ; ici l’inceste est nettement suggéré.
     Ensuite, la caméra subjective est aussi un moyen technique qui permet de créer un jeu avec le regard. Elle se confond avec le point de vue du personnage, nous incite donc à nous mettre dans la peau de l’acteur, et vivre et ressentir ce qu’il voit. À la 30ème minute, deux formes de prise de vue sont en même temps utilisées : le travelling et la caméra subjective. On observe à travers le regard d’Œdipe les environs qui l’entourent comme une vue panoramique. Également peu de temps après on retrouve cette subjectivité dans la prise de vue lorsqu’il tombe sur une prostituée dans le labyrinthe.

     Le film Œdipe Roi propose donc diverses formes de traitement du regard, ce qui a pour but de nous transmettre à nous spectateurs, multiples réactions et émotions. On peut dire alors que l’art du cinéma dépend de la minutie du travail technique que demande le tournage.


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