Dans la tragédie grecque, une pièce de théâtre devait
essentiellement être écrite selon des points précis. Il fallait qu’elle
respecte la loi des trois unités, qu’elle se déroule au sein d’une famille
royale ou de haute classe sociale et qu’elle inscrive également le thème du
pouvoir. La pièce Œdipe Roi de Sophocle et sa réadaptation filmique par
Pasolini respectent correctement ces règles et ainsi confèrent à l’histoire
toute sa complexité.
Ainsi, il y a lieu de se poser la question
suivante : Quelle image du pouvoir la pièce de Sophocle et le film de
Pasolini donnent-ils ?Tout d’abord, on retrouve chez Sophocle et Pasolini le pouvoir du destin. Le pouvoir royal d’Œdipe est contesté par celui des Dieux, qui lui est supérieur. Il est prédicateur, c’est-à-dire qu’il apparaît à travers la prophétie. C’est par le rôle des oracles comme la Pythie, Tirésias, la Sphinx ou l’oracle de Delphes que ce pouvoir est présent. Ainsi, on peut dire qu’il s’agit d’un pouvoir suprême puisque c’est par l’annonce du destin par les voyants qu’Œdipe va apprendre la vérité, et que la pièce va annoncer son aspect tragique.De plus, on pourrait parler du pouvoir de l’hérédité. C’est-à-dire que le destin d’Œdipe est déjà tracé bien avant sa naissance à cause de ses propres origines. La malédiction est inévitable pour Œdipe puisqu’elle prend son point de départ tout en haut de l’arbre généalogique de la famille des Labdacides. Cette malédiction se transmet donc de générations en générations... En plus des prédictions des voyants, on a le destin d’Œdipe qui est expliqué par la théorie de Freud : le complexe d’Œdipe qui est de tuer son père et de coucher avec sa mère. Phénomène présent et qui apparaît dès la toute petite enfance chez tous les garçons. Ce phénomène explicatif de son destin est donc bien une forme de pouvoir qui joue sur Œdipe.
Il est donc parfaitement sujet de cette fonction politique transmise par son sang et son éducation (à travers ses parents adoptifs).On peut donc dire qu’Œdipe est parfaitement bien ancré dans cette fonction de pouvoir politique transmis par son sang et par son éducation (à travers ses parents adoptifs).Par exemple, dans la pièce de Sophocle, le prologue installe directement le contexte de l’histoire et présente Œdipe en tant que roi dans son rôle politique de roi devant faire face à la peste.
De plus, sa dispute ensuite avec Créon témoigne bien de son statut de roi en imposant son autorité.De plus, on note une ambiguïté dans la pièce et le film du fait qu’Œdipe soir à la fois le mari et le fils de Jocaste, reine de Thèbes. Normalement, Œdipe devait uniquement être le fils de Jocaste. Or, il va devenir, en plus d’être son fils, son mari. Ainsi, il obtient un certain rang par rapport au pouvoir mais devrait pourtant être inférieur puisqu’il doit normalement lui succéder et non pas l’égaler. Il est en plus son mari, comme on l’a dit précédemment. Il égale donc Jocaste en terme de pouvoir, et Créon le dit bien : « Et tu commandes avec elle, ayant une part égale de puissance ? » - Charles Marie René Leconte de Lisle en 1877, mais qu’il vaut mieux traduire par « Tu règnes avec elle sur cette terre, à égalité de droit avec elle ».
Enfin, on pourrait distinguer une dernière forme de pouvoir qui est celui de l’inceste. Dans la pièce de Sophocle, la tragédie d’Œdipe Roi repose sur le destin fatal du héros qui est de tuer son père et coucher avec sa mère. Il s’agit du pouvoir des Dieux auquel il ne peut pas échapper. Il a donc un pouvoir destructeur sur le personnage principal car c’est ce qui va directement le mener à sa perte.Le rapport entre la pièce et le film est le suivant : Pasolini s’inspire de l’histoire de l’inceste. C’est-à-dire qu’il fait le parallèle entre le mythe et sa propre vie. Il exprime dans son film autobiographique, combien le lien extrêmement fusionnel qu’il a avec sa mère est puissant. Il s’agit donc d’une sorte de pouvoir auquel il est soumis et ne peut s’en délier « ma mère, mon amour » dit-il dans le film.
Pour conclure, on pourrait expliquer le thème du pouvoir par différentes manières, ainsi, il aurait plusieurs facettes qui conduirait le héros à sa perte, c’est-à-dire à son destin tragique.
Lauren A.
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