Dans l’œuvre
de Pasolini, le regard est un moyen privilégié par les personnages pour s’exprimer.
Les yeux, à travers le regard s’imposent en véritables outils de communications
remplaçant la parole en élaborant des dialogues oculaires profonds et silencieux.
Pourtant, le regard peut avoir une connotation plus profonde et complexe que son
simple aspect esthétique, dans l’œuvre Pasolini lui attribue une véritable
signification et symbolique C’est sans parler de ses fonctions multiples
et le rôle essentiel que joue le regard dans cette œuvre cinématographique, qui
lui attribue un rôle majeur dans la tragédie
En effet, dans
son œuvre, Pasolini insiste sur l’aveuglement, des personnages dont la vue est altérée,
les personnages choisissent de ne pas voir la réalité, la vérité. Ils se
mentent à eux-mêmes et refusent de voir ou de savoir. En effet, certains
personnages s’aveuglent, occultent des faits volontairement. Par exemple, Jocaste choisit de ne pas reconnaitre son fils,
elle se ment à elle-même et refuse de voir la vérité. Tout le contraire de Tirésias
qui est aveugle mais qui voit ce que les voyants refusent de voir: la
vérité. Il sait. Dans la même optique, Œdipe, bébé, se couvre les yeux car il ne
veut pas voir son père qui le condamne. Plus tard, lorsqu’il découvre le corps pendu
de son épouse et mère, Jocaste, dans une scène qui marque l’apogée de la violence
dans le film, se crève les yeux. Par ce geste, il va plus loin qu’occulter la vérité.
Il se rend aveugle pour ne plus voir la disgrâce. Les paroles qu’il prononce à
ce moment justifie cet argument : « Ainsi je ne verrai plus le mal
causé par moi et dont je souffre. Dans le noir, je ne verrai plus ceux que je n’aurais
jamais dû voir ». Mais le personnage particulier d’Angelo vient se placer
en substitut des yeux et guide Œdipe.
Il y a
également dans le film des séquences profondes ou nous sommes face à des
regards authentiques. Où les personnages semblent véritablement communiquer
grâce à leurs yeux. La parole est ainsi remplacée par le regard. En effet,
cette première est reléguée au second plan quand il est question de communication. Ces regards présupposent des sentiments
(rencontre Œdipe/Jocaste) et des émotions ( regards de Jocaste). Grâce à des inserts, Pasolini met en relief les
yeux et les expressions faciales afin que le spectateur se sente proche du
personnage et il permet également d’accentuer l’aspect tragique de l’œuvre.
Aussi, à
travers des procédés cinématographiques, comme la façon de filmer de la caméra,
Pasolini nous place en véritables voyeurs, comme dans la scène de l’accouchement
où nous sommes placés à la fenêtre d’une maison devant une scène très
intime. Pasolini choisit lui-même de ne rien occulter, il décide de tout
montrer et ne s’encombre pas de règles de bienséances. Il veut que nous voyons
les choses telles qu’elles sont, la vérité nue.
Pour
conclure, nous pouvons dire que le regard, joue un rôle essentiel et vaste dans
l’œuvre de Pasolini
Léna Riquet
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