Chez Sophocle et Pasolini, l'image du pouvoir possède différents aspects distincts : l'aspect politique, divin (destin d'Oedipe), mais également destructeur. Ce pouvoir au différents aspects va occuper une place centrale dans le déroulement de l'histoire, d'où le nom de la pièce Oedipe Roi, qui nous annonce déjà cette importance de pouvoir. Nous analyserons ces trois aspects évoqués afin de répondre à la question suivante : Quelle image du pouvoir pouvons-nous tirer de la pièce de Sophocle et du film de Pasolini ?
"Ce qui est arrêté par le destin, nul n'a le pouvoir de le changer" (citation de Euridipe, Hercules Furieux, - V av. J.C.), effectivement, dans la pièce de Sophocle tout comme le film de Pasolini, le destin enlève tout pouvoir aux personnages, malgré leurs nombreux essais de le fuir, la course est perdue d'avance. Ce pouvoir n'est rien d'autre que le pouvoir divin, venant de la malédiction des Dieux jeter sur les Labdacides. Dans le film de Pasolini, nous pouvons remarquer les différentes tentatives des personnages afin de fuir ce destin tragique : premièrement, Laïos et Jocaste, qui tentent de se débarrasser d'Oedipe, confiant la tâche au serviteur, qui faillit à sa mission. Cette première tentative deviens en effet la cause de tous les malheurs causés, puisque le serviteur ne tue bien entendu pas l'enfant, et le laisse dans le désert, espérant qu'il meurt. Celui-ci est alors retrouvé par le Corinthien, qui le ramène à son roi, Polybe, qui décide alors de l'adopter. Oedipe grandit, et décide après un cauchemars de partir à la recherche de son destin, il arrive alors à la Pythie, qui le lui donne, et c'est donc là qu'arrive la deuxième tentative de fuite : ne sachant pas que Mérope et Polybe ne sont pas ses parents biologique, il décide de ne plus retourner à Corinthe, dans le seul but de fuir la prophétie, ce qui l'amène alors à Thèbes, ville de ses malheurs. Ceci nous montre ce pouvoir divin, pouvoir du destin, qui ne peut être changé, comme nous le dit Miguel de Cervantès dans Don Quichotte (1607) : "Au pouvoir de Dieu, rien n'est impossible", ce pouvoir de Dieu représentant bien évidemment le pouvoir divin de la pièce, est impossible à contrer. Nous le retrouvons également dans la tragédie de Sophocle, ce pouvoir du destin qui pèse sur Oedipe et l'anéanti. Il refuse durant toute la tragédie d'accepter ce destin, et nous avons l'impression que tous sont au courant sauf lui, et malgré le fait qu'ils savent, ils fuient ce destin autant que lui, le serviteur par exemple, qui refuse de dire quoi que ce soit à Oedipe sur ce qu'il sait, par peur : "si je parle, ma mort est bien plus sure encore." (quatrième épisode, page 52), mais cède sous la menace.
Ce pouvoir divin nous amène alors au second aspect, qui est le pouvoir destructeur, étroitement lié d'ailleurs au précédent.
Ce pouvoir est retrouvé parallèlement dans le film et la pièce. Il est lié à la parole, qui est l'un des principaux danger de la pièce et le film puisque c'est cette même parole qui annonce les malheurs et la malédiction, tout comme l'a dit Annie le pouvoir "peut se traduire de différentes façons, par les prédictions de la parole, par les regards, par la musique ou encore par les gestes", je relie alors son idée au pouvoir destructeur et y rajouterais : par les actions. Ce pouvoir est mêlé à la puissance de Oedipe, qui plus il se rapproche de Thèbes, plus ses malheurs s'enchainent et la prophétie s'accomplie. Dans le film de Pasolini, nous avons un accès direct au parricide (involontaire). Cette scène est d'ailleurs très intéressante : alors que Oedipe est au dessus de Laïos, la couronne de celui-ci tombe, ce qui symbolise alors sa perte de pouvoir, et donc le pouvoir acquis par Oedipe. Après cela, il arrive aux portent de Thèbes et tue le Sphinx, ce qui lui donne le pouvoir tout puissant : celui de Roi, et c'est à partir de là que s'accumulent les malheurs : il se mari alors avec Jocaste, sa mère, et réalise la prohpétie. Retournons maintenant à la tragédie de Sophocle, dans le prologue, le prêtre de Zeus vient se plaindre et demander aide au roi, alors que la peste ravage et détruit la ville depuis son arrivée au pouvoir. Ceci mène à l'enquête sur l'origine du mal qui n'est rien d'autre qu'Oedipe. Puis, à la fin de cette enquête, Jocaste se pend et Oedipe se crève les yeux, c'est pour cela que nous pouvons considérer le pouvoir comme destructeur.
Mais n'oublions pas le pouvoir le plus évident qui est le pouvoir politique, en lien direct avec le titre : Oedipe Roi.
Ce pouvoir se mêle au pouvoir destructeur, puisque c'est ce titre de roi qui détruit progressivement le protagoniste. En effet, le pouvoir politique est au centre de la pièce et du film. Comme l'a dit Léa : "Oedipe semble prédestiné au pouvoir : ses parents adoptifs, Polype et Mérope sont rois et reines, tout comme l’étaient ses parents biologiques Laïos et Jocaste." Nous retrouvons cette certaine puissance tout au long du film et de la pièce, qui est bien sûr mère de la tragédie et très importante, car l'histoire n'aurait pas été la même si cela concernait un simple berger ou esclave, c'est donc le fait que la tragédie tourne autour d'une classe sociale royale qui la rend aussi importante. Ainsi le pouvoir politique joue une rôle de maître en quelque sorte, il permet à la pièce d'avoir un sens tout en laissant place au pouvoir destructeur.
Pour conclure, le pouvoir dans Oedipe Roi de Sophocle et Pasolini est le tronc de la pièce, nous pouvons en tirer trois aspects : divin, destructeur et enfin politique.
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