Le temps est irréversible,
l’homme cherche cependant à s’en extraire. Pascal appelle cela le divertissement.
Prendre conscience de son
existence, c'est prendre conscience du caractère irréversible du temps et, par
conséquent, du terme nécessaire de la vie qu'est la mort. La conscience de la
mort à venir marque donc l'existence humaine : il s'agit probablement de la
crainte la plus forte et la plus universellement partagée.
Mais l’homme doit s’adapter puisqu’il ne peut passer outre
cette notion de temps.
Ce dernier veut toujours venir à bout de ce qui le dépasse.
Dans ce cas présent : le temps est l ‘exemple requis.
Problème, le temps n’est pas à sa porté. Cette lutte est
donc vouée à l’échec.
Vincit aliquando cupiditas voluptasque rationem (le désir et
le plaisir arrivent parfois à vaincre la raison).
Le
Temps, dans cette tragédie est un thème majeur. Dans Oedipe-Roi, seuls les Dieux le
maîtrisent, comme ils maîtrisent les personnages, leur déniant toute liberté
d’action.
Le
Temps est aussi destructeur. En brouillant les pistes, il mène Oedipe à
sa perte. En effet, le présent est le résultat d’un passé obscur qui détermine
toute l’action de la pièce. Au fond, Oedipe cherchant le meurtrier de Laïos,
cherche en réalité les clés de son passé, un passé perdu qui devient le sujet
de la pièce. Dès lors, le présent qui devrait ancrer les héros dans l’instant
devient une machine à remonter le temps, le temps de l’histoire personnelle,
celle d’Oedipe, qui agit sur l’Histoire d’un peuple, celui de Thèbes.
Lorsqu’Oedipe
parvient à la connaissance entière de son passé, alors son présent peut être
pleinement vécu.
Et
la tragédie de Sophocle se clôt sur la victoire du Temps…
Passé,
présent et futur se mêlent.
Dans le prologue, les scènes
s'enchaînent sans lien logique. Entre la naissance de l'enfant et la scène dans
le pré, on ne sait pas combien de temps s'est écoulé. Pasolini
rompt avec l'idée de continuité.
•
Le
prologue se déroule dans les années 1920.
•
L'épilogue
se déroule dans les années 1960.
•
L'histoire
d'Œdipe se déroule dans l'Antiquité.
Chez
Pasolini, le temps est cyclique.
Contrairement à Sophocle, qui choisit une exemplaire linéarité, le réalisateur
termine son film là où il l'a commencé, dans les prés, au soleil.
Pasolini
met en scène l'idée de l'éternel retour. Cela rappelle que le complexe d'Œdipe prend fin pour chaque
homme, mais que chaque nouvel enfant en est victime. C'est un éternel
recommencement.
L'histoire est cyclique dans le
film de Pasolini, alors que chez Sophocle elle était linéaire.
Enfin, le temps n'est pas traité
de la même façon chez Sophocle et Pasolini. Le dramaturge insiste sur l'idée de
continuité, de fluidité, Œdipe remonte au fur et à mesure le cours de sa vie.
Le réalisateur préfère créer des ruptures, ce qui permet de souligner le
caractère chaotique du destin d'Œdipe.
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