dimanche 15 janvier 2017

L'espace

L’espace.

Que ce soit dans le film de Pasolini ou la pièce de Sophocle, l’espace  théâtrale est un élément important dans le déroulement de la tragédie d’Œdipe Roi. Si chez Sophocle, la pièce se déroule dans un lieu unique, chez Pasolini les lieux défilent, mais ils présentent tout deux des symboles qui guident le spectateur mais le plonge en même temps dans une certaine confusion. Nous allons donc nous poser les questions suivantes : Comment l’espace théâtrale est-il exploité dans les deux œuvres ? En quoi apparaît-il de manière confuse révélant toute une série de symboles qu’il faut déchiffrer ? Afin de répondre à ses questions, nous allons d’abord analyser la présentation de l’espace théâtrale dans les deux œuvres, ensuite les lieux et leurs symboles et pour finir la confusion créée.
        
         Tout d’abord, la présentation de l’espace théâtrale est différente dans les deux œuvres.
 Au théâtre, l’espace théâtrale est la scène et comme dans toutes les pièces de théâtre, la scène représente un lieu unique. Chez Sophocle, il s’agit du parvis du palais, « Devant le Palais d’Œdipe » nous précise les didascalies du prologue. Le fait que la pièce se déroule en dehors du palais n’est pas un hasard. En effet,  le parvis du palais représente la frontière entre l’espace privé et l’espace publique, l’intérieur et l’extérieur. Cependant on remarque que les actions importantes se déroulent hors-scène, c’est-à-dire dans le privé, plus précisément dans la chambre royale. C’est là qu’a eu lieu le suicide de Jocaste, l’aveuglement d’Œdipe et plus important, l’inceste. Cette volonté de ne pas tout montrer s’explique par les règles de bienséances qui devaient être respectées à cette époque là. Sophocle ne devait pas choquer les spectateurs. On peut donc dire que contrairement à Pasolini, Sophocle devait suivre de nombreuses règles pour monter sa pièce. En plus des règles de bienséances, il a dû respecter les règles des 3 unités qui sont propres à la tragédie, c’est-à-dire unité de lieu, unité de temps et unité de l’action. La pièce présente donc un décor unique, et un espace réduit puisque tout ce passe le même jour.
Chez Pasolini par contre, il ne suit aucunes règles, il est totalement libre. Le film présente une multiplicité de lieux contrairement à la pièce. Le prologue se situe dans un village moderne à Bologne puis à Corinthe. Ensuite, le film commence avec l’errance d’Œdipe dans un désert marocain, puis il arrive à Thèbes, et dans l’épilogue il retourne à Bologne. Les spectateurs voient donc les paysages défiler. Le cinématographe, montre tout au spectateur. Il n’y a plus d’intimité, on voit tout : de l’accouchement d’Œdipe à sa relation intime avec Jocaste. Le lieu privé est montré, les actions ne sont pas rapportées ou mentionnées comme chez Sophocle. On peut donc dire que l’espace théâtrale de Pasolini est plus complexe, car il présente plusieurs lieux. Mais étant donnée que plus de la moitié de son film se déroule à Thèbes devant et dans le palais, on peut en déduire que le palais est une forme d’espace théâtrale dans Edipo Re. Surtout la chambre nuptiale qui est montrée à de nombreuses reprises et où se déroule l’essentiel de l’action.

Ensuite, les lieux dans les deux œuvres présentent de nombreux symboles que le spectateur doit déchiffrer.
Tout d’abord, nous avons la ville de Thèbes qui est le lieu tragique par excellence. En effet, c’est le lieu central du mythe, c’est dans cette ville que la malédiction a commencée. Chez Pasolini, c’est un lieu qui présente de nombreuses facettes. Tout d’abord le pouvoir et la déchéance : Œdipe arrive à Thèbes en sauveur, et finit en souillure et malheur pour la ville. Ensuite la vie et la mort : Jocaste y donne la vie, mais c’est également là où elle se tue. Pasolini accentue une certaine violence à Thèbes : on a assisté à la rejection d’Œdipe bébé, puis du meurtre du Sphinx, ensuite la mort de Jocaste et pour finir l’aveuglement d’Œdipe. C’est donc la ville maudite où Œdipe n’aurai jamais dû venir. Chez Sophocle, Thèbes est le lieu unique, cela crée un resserrement de l’action, comme-ci la réponse de leur enquête était sous leur yeux puisqu’elle est parmi eux. Le palais est présentée comme le cœur politique de Thèbes, c’est le lieu où tous les personnages se dirigent : Créon et Tirésias venu de Delphes, le messager Corinthien venu de Corinthe, le berger venu de la campagne etc. Tous se retrouvent au palais royal, qui est présenté comme le cœur de la ville. Il y a également de nombreux aller-retour de l’extérieur à l’intérieur, par Œdipe et Jocaste, comme-ci ils se réfugiaient dans le palais pour être à l’abri des regards. C’est également le lieu où toutes les décisions d’Œdipe sont prises.  Au début le palais symbolise, le pouvoir d’Œdipe : le peuple vient sur les marches du palais pour demander à Œdipe de sauver la ville. Tandis qu’à la fin il représente le malheur d’Œdipe : il retourne sur ces mêmes marches, pour annoncer son départ et raconter les actions qui l’ont mené à prendre cette décision, dans une grande déploration. De plus, Sophocle présente également le palais comme le cœur de la malédiction, puisque le lieu a connu le crime et la mort. Thèbes est donc présenté comme un lieu de l’illusion dans les œuvres. C’est le lieu du mensonge, puisqu’Œdipe pense y être étranger, alors qu’en vérité il est originaire de là-bas. Il passe de l’innocent au criminel, il y découvre sa véritable identité.                                                                       
Ensuite, nous avons le carrefour de Phocide, le Cithéron et le temple de Delphes comme lieux qui symbolisent le destin d’Oedipe. Chez Pasolini, le Cithéron est le lieu où Œdipe bébé aurait dû mourir pour éviter que la malédiction des dieux touche Laïos et Jocaste. Cependant, personne ne peut échapper à une malédiction divine, c’est donc sans surprises qu’Œdipe fut « sauvé » par un berger corinthien. On ne peut s’empêcher de penser que c’était une volonté des dieux, afin qu’Œdipe accomplisse son destin. Ensuite, nous avons le carrefour de Phocide qui représente également cette idée de destin inévitable. Dans Edipo Re, le passage du carrefour est une scène clé, c’est à ce moment qu’Œdipe prend la mauvaise décision et que la malédiction se met en marche. Ce carrefour symbolise le renversement et de plus il se situe entre Thèbes et Corinthe, autrement dit entre l’innocence d’Œdipe (Corinthe) et la culpabilité d’Œdipe (Thèbes). Chez Sophocle, ces lieux sont seulement mentionnés, donc ils n’ont pas la même importance que dans le film de Pasolini. Par contre, le temple de Delphes est plus mis en valeur chez Sophocle, car il est décrit comme un endroit sacré, un lieu de la parole vraie. Tandis que Pasolini, présente le temple comme un vulgaire arbre au milieu du désert. Ce n’est pas un endroit où les gens séjourne, ce n’est pas un lieu pour les hommes. De plus l’oracle d’Apollon, la Pythie, a un côté obscure avec son masque et son rire sadique, ce qui indiquait déjà au lecteur l’avenir obscure qui attendait Œdipe.                                                                              
Pour finir, nous avons Corinthe comme autre lieu symbolique. En effet, la ville représentait la normalité et la vie paisible qu’Œdipe aurai pu avoir si il était resté là-bas. Polybe et Mérope étaient présentaient comme des personnes simple, avec une grande tendresse en vers Œdipe. Pasolini présente donc Corinthe comme le lieu où la violence et le malheur sont absents, comme une sorte de refuge pour Œdipe. Voilà pourquoi Œdipe regrette la ville à la fin de la pièce de Sophocle : « ô Corinthe, ô toi, palais/ que je disais depuis toujours être celui de mon père ».

Enfin, tous ces symboles créent une certaine confusion chez le spectateur.
Étant donné que la pièce de Sophocle se déroule seulement devant le palais, il y a beaucoup de chose que le spectateur ne voit pas. Les règles de bienséance empêchent Sophocle de montrer les actions essentielles du mythe qui se déroulent dans l’intérieur du palais, autrement dit hors-scène. Il y a donc beaucoup de choses que le spectateur ne voit pas, voilà pourquoi le rôle du chœur est important. En effet, il joue le rôle d’intermédiaire entre la pièce et les spectateurs. Ils dialoguent avec eux et apporte des détails que les acteurs ne peuvent pas dire. Mais cela demeure quand même confus pour le spectateur, car le chœur est également un personnage de la pièce. De plus, dans la tragédie classique, quitter la scène est un signe de chute et de mort. Lorsque Jocaste a quitté la scène, elle est partie se tuer. On peut donc se demander, si le fait qu’Œdipe quitte la scène à la fin est un signe qu’il se dirige vers sa mort.                                                                            
Chez Pasolini, la confusion est encore plus grande. Le mythe est inséré dans un désert marocain, alors que la pièce est censée se dérouler en Grèce. De plus le prologue et l’épilogue se situent dans une époque beaucoup plus moderne. Au lieu d’être né à Thèbes, Œdipe est né dans un village à Bologne comme Pasolini. On se pose des questions sur les origines d’Œdipe, puisque ce dernier qui était censé être Grecque, est italien dans le film.  La dimension autobiographique crée donc une grande confusion chez le spectateur. L’espace théâtrale de base, n’est pas respectée.

En somme, l’espace théâtrale est chargée d’une force symbolique que Sophocle et Pasolini exploitent différemment. Les nombreuses facettes que peuvent avoir les lieux dans les deux œuvres, créent une grande confusion chez les spectateurs.


Ornella BUTARE.  

1 commentaire:

  1. Des analyses pertinentes, mais la progression du raisonnement n'apparaît pas assez clairement. Les deux dernières parties se confondent, on ne voit pas toujours quelle est l'idée directrice, et cela en devient confus. Evitez d'annoncer le plan lorsqu'il répète la question. Attention à la maîtrise de la langue: il y a encore beaucoup de fautes d'orthographe ! Poursuivez vos efforts !

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