lundi 16 janvier 2017

L'espace chez Sophocle et Pasolini

L’espace dans Œdipe Roi de Sophocle et Pasolini
Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux oeuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ?


            L’espace théâtral, soit le milieu où le personnage exprime son rôle, détient une importance cachée aux yeux du spectateur ou du lecteur. On peut rappeler que dans l’antiquité, l’espace théâtral est en plein air. Il possède un rôle commémoratif en l’honneur des lénéennes et des Dionysies et est marqué par sa construction sur la distinction entre spectateurs et acteurs, c’est-à-dire le public en position surélevée qui observe les acteurs et se questionnent. Dans les œuvres « Œdipe Roi » et « Edipo Re » de Sophocle et Pierre Paolo Pasolini, qui sont respectivement une pièce de la tragédie antique et d’une adaptation cinématographique de la pièce de Sophocle à caractère autobiographique, on retrouve cet aspect mystérieux de l’espace théâtral par différentes interprétation.
            On peut alors se demander comment l’espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse révélant toute une série de symboles qu’il faut déchiffrer.
            Dans un premier temps nous étudierons les lieux de pouvoirs politiques, dans un second temps les lieux religieux et enfin dans un troisième temps nous exposerons les lieux tragiques.

            Il est essentiel d’énoncer que les lieux de pouvoirs politiques et religieux sont essentiellement racontés dans l’œuvre de Sophocle, étant une pièce de théâtre ; contrairement au film de Pasolini qui offre la possibilité aux spectateurs, grâce aux nombreux décors, de visionner cet aspect qui paraît privatiser dans la pièce théâtral même si notre imagination laisse libre à son cours.
Le premier espace théâtral, sûrement l’un des plus exploités de la pièce de Sophocle, reste le palais. Il symbolise le pouvoir d’Œdipe puisqu’après avoir résout l’énigme de la Sphinx, les habitants de Thèbes lui offre leur reine : Jocaste ainsi que le titre de roi. Dans le prologue de la pièce, cette notion de pouvoir que seul Œdipe détient est accentuée par la didascalie : « Un groupe d’enfants est accroupi sur les degrés du seuil. [...] Debout, au milieu d’eux est le prêtre de Zeus. ». On comprend simplement la position inférieure de ses Thébains face à Œdipe qui réside devant son palais comme pour la reproduction de cette scène dans le film de Pasolini. Dans les deux œuvres, Œdipe est représenté tout puissant en tant que roi devant son palais.
Le palais est bel et bien celui d’Œdipe. Durant la confrontation entre Œdipe et Créon, Sophocle renvoie, encore une foi à ce symbole de puissance qu’est le palais : « Hé là ! que fais-tu donc ici ? Quoi ! tu as le front, insolent de venir jusqu’à mon palais » (Premier Stasimon, Deuxième épisode). Œdipe réplique « mon palais », c’est-à-dire sa puissance, son pouvoir, ce qui détermine matériellement sa figure de roi.
Dans le film de Pasolini, la reproduction de la confrontation entre Créon et Œdipe est différente, en effet Créon se retrouve à l’intérieur du palais d’Œdipe et non pas sur le seuil. Cependant Créon est dans l’ombre peut-être pour souligner qu’ ne détient pas le pouvoir mais qu’il reste son ombre soit qu’il suit de près Œdipe.
On retrouve aussi Corinthe comme lieu politique secondaire. Seulement énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’arrive de Corinthe. » (Troisième épisode), la ville de Corinthe ne représente qu’une infime partie du film de Pasolini.
Corinthe représente aussi un symbole de pouvoir politique par le fait qu’Œdipe est annoncé roi par le corinthien dans les deux œuvres : « Les gens du pays, disait-on là-bas, institueraient Œdipe roi de l’Isthme » (Troisième épisode).

            Ce lieu de pouvoir fait référence à ceux où la présence des dieux, ayant tout pouvoir sur l’homme dans la tragédie antique, opèrent, c’est-à-dire les lieux religieux.

            Les lieux religieux sont énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’ai envoyé le fils de Ménécée, Créon, mon beau-frère, à Pythô, chez Phoebos » (Prologue). De même dans le film de Pasolini : on ne voit ni Créon ni Jocaste partir au temple mais nous en avons l’information. Le seul lieu religieux dont nous sommes témoins se trouve dans le film de Pasolini : la rencontre d’Œdipe et de la Pythie seulement le lieu est désacralisé : nous ne voyons qu’un désert où seul un arbre règne.

            Ces deux types de lieu réunis dans les deux œuvres en apportent un troisième qui les unit intimement : les lieux tragiques.

            Encore une fois revient le lieu incontournable : le palais qui n’est pas seulement un lieu où s’exprime le pouvoir politique d’Œdipe mais aussi l’accomplissement de son destin. Plus précisément, dans les deux œuvres l’inceste, le suicide de Jocaste et la mutilation oculaire d’Œdipe se déroulent dans l’enceinte du palais. Celui-ci symbolise donc la tragédie de la destiné d’Œdipe.
Mais il n’existe pas seulement le palais comme lieu représentant la tragédie de la destinée d’Œdipe. Uniquement énoncé dans la pièce de Sophocle : « Le pays est la Phocide ; le carrefour est celui où se joignent les deux chemins qui viennent de Delphes et de Daulia » (Premier Stasimon, Deuxième épisode), le lieu où se déroule le parricide d’Œdipe est longuement filmé dans l’œuvre de Pasolini, nous assistons même à une bataille rappelant les hostilités dans les films de Western américain. Ce « carrefour » représente donc lui aussi  un lien avec le tragique.
Thèbes aussi peut représenter ce symbole puisque la ville est le lieu où s’abat la fatalité des dieux par la propagation de la maladie de la peste, dans les deux œuvres, suite à l’inceste d’Œdipe et Jocaste.


            Ainsi l’espace théâtral est exploité par les répliques, les didascalies dans la pièce de Sophocle et la vision pour le film de Pasolini. Dans les deux œuvres nous retrouvons les mêmes types de lieux (pouvoir politique, religieux et tragique) qui forment un lien autour du script. Cependant leur apparence est caché dans la pièce et le film, c’est à nous lecteur et spectateur d’en comprendre le sens qui dévoile peu à peu le lien avec le déroulement du récit. 

1 commentaire:

  1. Une analyse pertinente, mais vous ne répondez pas à la question. Vous déclinez tous les types de lieux sans répondre précisément à la question posée.

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