L’espace dans Œdipe Roi de Sophocle et Pasolini
Comment
l'espace théâtral est-il exploité dans les deux oeuvres, en quoi apparaît-il de
manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ?
L’espace
théâtral, soit le milieu où le personnage exprime son rôle, détient une
importance cachée aux yeux du spectateur ou du lecteur. On peut rappeler que
dans l’antiquité, l’espace théâtral est en plein air. Il possède un rôle commémoratif
en l’honneur des lénéennes et des Dionysies et est marqué par sa construction
sur la distinction entre spectateurs et acteurs, c’est-à-dire le public en
position surélevée qui observe les acteurs et se questionnent. Dans les œuvres « Œdipe
Roi » et « Edipo Re » de Sophocle et Pierre Paolo Pasolini, qui
sont respectivement une pièce de la tragédie antique et d’une adaptation
cinématographique de la pièce de Sophocle à caractère autobiographique, on
retrouve cet aspect mystérieux de l’espace théâtral par différentes
interprétation.
On
peut alors se demander comment l’espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres,
en quoi apparaît-il de manière confuse révélant toute une série de symboles qu’il
faut déchiffrer.
Dans
un premier temps nous étudierons les lieux de pouvoirs politiques, dans un
second temps les lieux religieux et enfin dans un troisième temps nous
exposerons les lieux tragiques.
Il
est essentiel d’énoncer que les lieux de pouvoirs politiques et religieux sont
essentiellement racontés dans l’œuvre de Sophocle, étant une pièce de
théâtre ; contrairement au film de Pasolini qui offre la possibilité aux spectateurs,
grâce aux nombreux décors, de visionner cet aspect qui paraît privatiser dans
la pièce théâtral même si notre imagination laisse libre à son cours.
Le premier espace théâtral, sûrement l’un des plus
exploités de la pièce de Sophocle, reste le palais. Il symbolise le pouvoir d’Œdipe
puisqu’après avoir résout l’énigme de la Sphinx, les habitants de Thèbes lui
offre leur reine : Jocaste ainsi que le titre de roi. Dans le
prologue de la pièce, cette notion de pouvoir que seul Œdipe détient est accentuée
par la didascalie : « Un groupe d’enfants est accroupi sur les degrés
du seuil. [...] Debout, au milieu d’eux est le prêtre de Zeus. ». On
comprend simplement la position inférieure de ses Thébains face à Œdipe qui
réside devant son palais comme pour la reproduction de cette scène dans le film de
Pasolini. Dans les deux œuvres, Œdipe est représenté tout puissant en
tant que roi devant son palais.
Le palais est bel et bien celui d’Œdipe. Durant la
confrontation entre Œdipe et Créon, Sophocle renvoie, encore une foi à ce symbole de
puissance qu’est le palais : « Hé là ! que fais-tu donc ici ?
Quoi ! tu as le front, insolent de venir jusqu’à mon palais »
(Premier Stasimon, Deuxième épisode). Œdipe réplique « mon palais »,
c’est-à-dire sa puissance, son pouvoir, ce qui détermine matériellement sa
figure de roi.
Dans le film de Pasolini, la reproduction de la confrontation entre
Créon et Œdipe est différente, en effet Créon se retrouve à l’intérieur du
palais d’Œdipe et non pas sur le seuil. Cependant Créon est dans l’ombre
peut-être pour souligner qu’ ne détient pas le pouvoir mais qu’il reste son
ombre soit qu’il suit de près Œdipe.
On retrouve aussi Corinthe comme lieu politique
secondaire. Seulement énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’arrive de
Corinthe. » (Troisième épisode), la ville de Corinthe ne représente
qu’une infime partie du film de Pasolini.
Corinthe représente aussi un symbole de pouvoir
politique par le fait qu’Œdipe est annoncé roi par le corinthien dans
les deux œuvres : « Les gens du pays, disait-on là-bas, institueraient Œdipe roi de
l’Isthme » (Troisième épisode).
Ce
lieu de pouvoir fait référence à ceux où la présence des dieux, ayant tout
pouvoir sur l’homme dans la tragédie antique, opèrent, c’est-à-dire les lieux
religieux.
Les
lieux religieux sont énoncés dans la pièce de Sophocle : « J’ai envoyé le
fils de Ménécée, Créon, mon beau-frère, à Pythô, chez Phoebos »
(Prologue). De même dans le film de Pasolini : on ne voit ni Créon ni
Jocaste partir au temple mais nous en avons l’information. Le seul lieu
religieux dont nous sommes témoins se trouve dans le film de Pasolini : la
rencontre d’Œdipe et de la Pythie seulement le lieu est désacralisé : nous
ne voyons qu’un désert où seul un arbre règne.
Ces
deux types de lieu réunis dans les deux œuvres en apportent un troisième qui
les unit intimement : les lieux tragiques.
Encore
une fois revient le lieu incontournable : le palais qui n’est pas
seulement un lieu où s’exprime le pouvoir politique d’Œdipe mais aussi l’accomplissement
de son destin. Plus précisément, dans les deux œuvres l’inceste, le suicide de
Jocaste et la mutilation oculaire d’Œdipe se déroulent dans l’enceinte du
palais. Celui-ci symbolise donc la tragédie de la destiné d’Œdipe.
Mais il n’existe pas seulement le palais comme lieu
représentant la tragédie de la destinée d’Œdipe. Uniquement énoncé dans la pièce
de Sophocle : « Le pays est la Phocide ; le carrefour est
celui où se joignent les deux chemins qui viennent de Delphes et de Daulia »
(Premier Stasimon, Deuxième épisode), le lieu où se déroule le parricide
d’Œdipe est longuement filmé dans l’œuvre de Pasolini, nous assistons même à une
bataille rappelant les hostilités dans les films de Western américain. Ce
« carrefour » représente donc lui aussi un lien avec le
tragique.
Thèbes aussi peut représenter ce symbole puisque la
ville est le lieu où s’abat la fatalité des dieux par la propagation de la
maladie de la peste, dans les deux œuvres, suite à l’inceste d’Œdipe et
Jocaste.
Ainsi
l’espace théâtral est exploité par les répliques, les didascalies dans la pièce
de Sophocle et la vision pour le film de Pasolini. Dans les deux œuvres nous
retrouvons les mêmes types de lieux (pouvoir politique, religieux et tragique)
qui forment un lien autour du script. Cependant leur apparence est caché dans
la pièce et le film, c’est à nous lecteur et spectateur d’en comprendre le sens
qui dévoile peu à peu le lien avec le déroulement du récit.
Une analyse pertinente, mais vous ne répondez pas à la question. Vous déclinez tous les types de lieux sans répondre précisément à la question posée.
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