Si étymologiquement le théâtre (en
grec, theatron) est le « lieu d'où l'on voit » l’espace
théâtrale n’est pas constitué uniquement de l’espace
scénique ; c’est, en réalité, là où se déroule l’action
(cachée ou non). Ainsi, dans la pièce « Œdipe Roi »
de Sophocle et le film du même nom, réalisé par Pasolini, on
retrouve un espace théâtrale différemment utilisé et interprété.
Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres et
en quoi apparaît-il de manière confuse ?
La pièce « Œdipe Roi »
de Sophocle et son adaptation filmique de Pasolini nous offrent
différentes mise en place de l’espace. L’espace scénique
d’Œdipe roi représente l’entrée du palais, ainsi nous voyons
la ville de Thèbes et les portes du château. Cette information nous
est donné juste avant le prologue « Devant le palais d’Œdipe.
Un groupe d’enfants… » .Les personnages vont selon leurs
scènes sur cet espace afin de dire leurs textes. Le Cœur et le
Coryphée sont situés en-dessous de la scène mais dialogues tout
autant avec les protagonistes de l’histoire. Pour ce qui est des
scènes dites « censurées » où l’on retrouve des
actes peu adaptés au public comme le suicide de Jocaste ou
l’aveuglement d’Œdipe c’est là que L’espace théâtrale
rentre en jeu. Le récit est raconté par le messager et nous
explique ce qu’il se passe derrière les portes du palais ; ce
que nous ne pouvons voir. Dans le cinquième épisode et l’Exodos
le messager s’exprime « Ô vous que ce pays a de tout temps
entre tous honorés (…) notre noble Jocaste est morte »
L’espace théâtrale ne s’entend pas jusque derrière le palais
mais aussi jusqu'au public, qui par les mots représente Thèbes.
On a donc des espaces montrés, d’autre cachés, et enfin les
supposés. Dans Le film de Pasolini c’est différent, d’abord
parce qu’il n’y a plus de censure ; on voit l’intérieur
du palais, l’aveuglement d’Œdipe, la mort de Jocaste et les
scènes nuptiales. On voit aussi tout Thèbes et la mort qui la
transcende… L’espace théâtrale est visible pour tous. Pasolini
a eu la volonté de tout montrer, de retracer l’histoire d’Œdipe.
Le cinéma permet de changer de lieux, de faire différents plans
etc. Ainsi nous voyons Corinthe, Thèbes, Le désert, le voyage
épuisant d’Œdipe et surtout la mort de Laïos. Mais dans le film
de Pasolini il se sert également de l’espace pour jouer sur la
temporalité ; dans la pièce l’intrigue se déroulait sur une
seule journée, mais dans le film l’action est plus longue et
appuie sur le tragique vu que l’on peut étudier la psychologie des
personnages ; on s’y attache. Pasolini change aussi
radicalement d’espace puisse que le prologue se déroule dans une
Italie moderne, puis d’un coup on bascule sur un Maroc aux allures
antiques. Tous ces changements d’espaces provoquent une confusion
en nous offrant plusieurs symboles et interprétations.
Dans la pièce de
Sophocle, pour les règles de bien séances, on ne montre pas la
violence, bien qu’elle soit bien présente dans le texte. C'est
l'hypotypose : «(…) il les lèves en l’air et il se met à en
frapper ses deux yeux dans leurs orbite » en parlant de
l’aveuglement d’Œdipe, c’est sans doute une manière d’appuyer
la Catharsis. (La catharsis est l'une des fonctions de la tragédie
selon Aristote. Il s'agit de libérer les spectateurs de leurs
passions en les exprimant symboliquement. L'idée est que le
spectacle tragique opère, chez le spectateur, une purification des
passions.) Ainsi, même si le spectateur ne voit pas la scène il
l’imagine et c’est peut être pire. De plus le spectacle est en
direct, et donc on peut sois s’identifier aux personnages sois être
mis à la place des thébains, nous sommes encrées de fois plus dans
le récit. Le théâtre antique avait aussi une fonction politique,
le fait de juste voir l'extérieur du palais rend peut-être la pièce
plus accessible aux peuples, éloignés de la royauté. Nous sommes
aux rang des thébains, nous n'avons pas accès à une information
directe mais sommes au courant de l'actualité de notre ville partagé
par le messager. Dans le film, c'est différent. Avec ce nouveau
support, Pasolini choisis de montrer tout les espaces et dévoile, à
l'inverse de Sophocle, l'intrigue chronologiquement. Ainsi nous
n'avons plus l'aspect d'une enquête mais connaissons déjà le
tragique destin d’œdipe. Le spectateur n'est plus dans l'histoire
il en est juste témoin. Par ce parti pris, Pasolini a sans doute
voulu que l'on ressente de la pitié pour son personnage. D'un point
de vue de l'occupation de l'espace, Pasolini peuple son décors de
divers cultures et place le récit dans l'imaginaire. D'où
appellation de son travail : « le cinéma de poésie ».
Pour la petite histoire, Pasolini dit qu'il a construit ce film tel
une autobiographie, le choix de l'espace, comme l’Italie, à une
symbolique personnel.
En conclusion, L'espace théâtrale est
montré différemment chez Sophocle et Pasolini, Ils ont chacun leurs
point de vue sur le mythe. Quand l'un est caché l'autre est toujours
visible. Ils ont des fonctions et des lectures différentes, Chez
Sophocle nous sommes dans l'histoire grâce à l'espace et chez
Pasolini nous en sommes juste témoins.
Des analyses fines et pertinentes, et de réels progrès dans la progression dans l'argumentation. Il manque toutefois toute la dernière partie (l'aspect symbolique des lieux dans les deux oeuvres). Attention également à la maîtrise de la langue. Poursuivez ainsi !
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