jeudi 12 janvier 2017

Chez Sophocle tout comme chez Pasolini la question de l’espace est posée. 
Comment l'espace théâtral est-il exploité dans les deux œuvres, en quoi apparaît-il de manière confuse, révélant toute une série de symboles qu'il faut déchiffrer ? 
Dans un premier temps nous verrons les lieux dans la tragédie de Sophocle, puis dans un second temps les lieux chez Pasolini qui pourraient être comparé à un éclatement spatial.

Chez Sophocle l'essentiel de l'action se situe hors scène. On retrouve surtout sur scène les actions verbales. Ainsi, le suicide de Jocaste et l'aveuglement d'Œdipe ont lieu hors scène, derrière la porte du palais qui est le centre de la scene. Ce qui va se dérouler devant les portes du palais montre uniquement l'espace politique. Le palais serrait donc une sorte de transition entre l’espace public et l'espace privé. Une sorte de rappel visuel pour les spectateurs. Au début de la pièce celui-ci symbolise le pouvoir et la force d'Œdipe. Néanmoins ce symbole se détériorera par la suite, puisqu’il sera a la fin symbole des risques de démesure liés au pouvoir. A la fin de la pièce Œdipe souhaite fuir cet espace et demande à ne jamais le revoir à ce moment-là, le palais incarne les souillures d'Œdipe.
Paradoxalement, à la fin il retourne dans le palais mais c'est à ce moment-là qu'il quitte définitivement le pouvoir et perd son statut de roi. L'horreur elle se situe hors-scène. L'invisible fait culminer l'horreur. L'intérieur du palais est un espace privé où se joue la démesure et la fureur.
Nous retrouvons notamment d’autres genre de lieux ceux de la tragédie. Nous avons tout d’abord Delphes le lieu où les personnages accueillent les oracles d'Apollon. Dès le départ par Œdipe. Puis le chœur. Puis Jocaste. C'est le lieu de rencontre de tout les personnages. Il symbolise la tragédie car c’est le lieu du destin, celui où tout est scellé d'avance. Ce lieu permet de rappeler la présence divine dans l ‘œuvre. Nous avons ensuite le carrefour cité par la bouche de Jocaste « au croisement de deux chemins ». C'est là où Œdipe se trouble, c’est le premier indice de l’enquête. Qui symbolise l'ironie tragique. C’est également un symbole spatial, celui ci se trouve entre Corinthe et Thèbes, entre les deux patries d'Œdipe. Le Carrefour est le lieu du renversement, où tout bascule.  Puis le Cithéron. Que Tirésias mentionne au début de l’œuvre mais qu’Œdipe ne comprend pas… Il apprend ensuite son sens par le Corinthien qui lui avance à que Polybe n'est pas son père et qu'il fut trouvé sur le Cithéron. A la fin de l’œuvre, le terme Cithéron revient « en boucle » v.1391 v.1452-54 dans la bouche d'Œdipe. Il veut y mourir… le Cithéron étant un lieu sauvage éloigné de toute civilisation, Œdipe veut donc être à part, il admet que sa place n’est pas parmi les hommes.
L’espace se caractérise notamment par le protagoniste. En effet œdipe ne trouve pas sa place il est la figure de l’étranger. Il est tout d’abord rejeté par ses parents biologiques. Il est ensuite étranger sans le savoir chez Polybe et Mérope à Corinthe. Lorsqu’il fuit Thèbes il assume enfin cette figure puisqu’il le dira lui même « je parlerai en étranger ». A la fin de la pièce Œdipe veut s’exiler et répète sa fuite de Corinthe pour rejoindre Thèbes. Dans les deux cités, Œdipe rencontre le pouvoir royal mais ces deux fois il en devient étranger. Lors de sa demande d’exil Créon s’oppose et le contraint a rester dans on palais afin qu’il soit enfermé dans la souillure qu’il a créé.

Chez Pasolini les lieux pourraient être qualifiés d’« éclatement spatial » ils sont multipliés, l’auteur cherche a raconter tout le mythe ce qui explique ce procédé.
Néanmoins l’espace le plus présent dans son œuvre reste celui de la chambre qui est pour ainsi dire l’espace de l’intime. C’est le lieu de l’intimité, la chambre royale. le lieux ou Œdipe va rejoindre Jocaste. Les rideaux rouges sont le symbole du désir incestueux et de la transgression. Ce qui donne une dimension érotique a cette pièce. On y retrouve souvent Jocaste seule ce qui donne a la chambre un symbole féminin. Le montage alterné qui place Jocaste en hauteur lors des entretiens d’œdipe avec d’autres personnages (prêtre, Créon, Tirésias). Font d’elle le symbole de l’inceste et du pouvoir par le parricide. Elle pourrait être un symbole politique féminin, muette, cachée et silencieuse. Œdipe est le personnage politique du dehors, il se montre a la cité ce qui le place a l’opposé de Jocaste qui elle se refuge et reste dans l’intimité, elle est toujours loin de la foule. La scène d’amour entre Œdipe et Jocaste ou le protagoniste découvre son identité est très forte, il l’appelle « mère » puis lui fait l’amour. On pourrait qualifier cette scène de viol, la transgression est ici montrée a l’inverse de chez Sophocle il n'y a donc pas d'espace intime tout est montré au spectateur. 

Outre l’espace intime, l’espace naturel prend également une place importante dans le film de Pasolini. Il y a une forte présence des paysages marocains filmés en long panoramas. Ces paysages parlent une langue muette. Nous avons une dimension archaïque, une sorte de pause dans le temps. La nature est chez Pasolini la manifestation du sacré. Son but ici est de figurer un monde extérieur et diffèrent de celui que nous pouvons avoir au début et a la fin du film. Le désert symbolise l’errance, c’est un espace désorienté dont le seul indice est le panneau qui indiquera la ville de Thèbes à Œdipe. Nous retrouvons la notion du « cinéma de poésie », l’espace est presque onirique, il est différent de toute réalité. L’objectif de Pasolini est de nous déplacer vers un ailleurs.

Pour conclure, la question de l’espace est très importante dans les deux œuvres. Chez Sophocle l’espace est très symbolique et limité. Tandis que chez Pasolini c’est un espace bien plus éclaté, l'auteur cherche a tout montrer a contraire de Sophocle qui reste dans l'intimité. 

1 commentaire:

  1. Des analyses pertinentes, mais un défaut de méthode ici. Il faut vraiment COMPARER les deux oeuvres et organiser votre réponse en deux ou trois parties, avec, au sein de chaque partie, une confrontation de l'oeuvre de Pasolini et de celle de Sophocle (Les trois parties apparaissent dans la question). Attention à la maîtrise de la langue. Poursuivez vos efforts !

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