jeudi 20 avril 2017

profusion des personnages

La grande particularité des Faux-Monnayeurs provient de l’originalité avec laquelle Gide battit son roman. Il fait en effet rentrer son lecteur dans un monde animé par de multiples personnages, et crée une ambigüité. Il est alors intéressant de se demander qu’apporte la profusion des personnages au sein de l’œuvre ?
Tout d’abord nous verrons que cette profusion de personnage fait toute l’originalité du roman, ensuite nous analyserons le fait que la profusion des personnages permet l’avancer de l’intrigue du roman.   

Dans un premier temps la profusion de personnage permet d’apporter une grande originalité au roman de Gide. En effet, il va délibérément composer son roman de façon désordonné. Le lecteur va se retrouver face à de nombreux retour en arrière (analepses) ou et projection en avant (prolepse). Cette variation étant justement due à la variation extrêmement riche des points de vue. La multitude de personnage permet donc d’avoir un roman ambigu dans lequel on a du mal à se repérer temporellement.  Au sein des Faux-Monnayeurs Gide a voulu faire coexister plusieurs romans au sein de son roman, il dit justement dans le Journal des Faux-Monnayeurs : « Je voudrais que les événements ne fussent jamais racontés directement par l’auteur, mais plutôt exposés (et plusieurs fois sous des angles divers) par ceux des acteurs sur qui ces événements auront eu quelque influence. » le lecteur accède donc à l’histoire par le biais de diverses visions qui lui permette de forger son opinion sur chaque personnage non pas par la voix d’un seul et même narrateur qui influencerai sa vision de l’histoire. Gide va effectivement refuser les facilités du narrateur omniscient, il cherche à faire rentrer le lecteur dans l’histoire à l’investir, et ceci est possible de par les nombreuses informations réceptionnées par le lecteur qui se doit d’analyser pour comprendre. Il va d’ailleurs exprimer dans son journal cette volonté de faire participer le lecteur à la vie du roman : « Je voudrais que, dans le récit qu’ils en feront, ces évènements apparaissent légèrement déformés ; une sorte d’intérêt vient pour le lecteur, de ce seul fait qu’il ait à rétablir. L’histoire requiert sa collaboration pour se bien dessiner. » De plus il va volontairement choisir d’interrompre l’histoire, le narrateur n’est plus un simple conteur de l’histoire, il est totalement actif et donne son avis sur les actions des personnages : « J’aurais était curieux de savoir ce qu’Antoine a pu raconter à son amie la cuisinière ; mais on ne peut pas écouter. » (P32), il est aussi un ‘’personnage’’ de l’histoire qui donne vie au récit, il donne au lecteur le sentiment de regarder les moindres fait et gestes des personnages de très près. Finalement Gide en créant cette profusion de personnage donne vie à son roman et apporte de la nouveauté dans le genre romanesque, il brise toutes les règles traditionnelles et invente son univers et sa propre conception esthétique. Il va alors se détacher de l’image du roman réaliste. Il veut faire un roman libre, il ne s’impose pas de loi ni de structure. En effet il faut pour cela le choix délibéré d’un style impersonnel : « Tout doit être dit de la manière la plus plate, celle qui fera dire à certains jongleurs : que trouvez-vous à admirer la dedans ? » (P81 JFM). Gide en plus d’avoir une multitude de personnage refuse de les décrire : « Le mauvais romancier construit ses personnages, il les dirige et les faits parler. Le vrai romancier les écoutent et les laissent agir ; » (P85 JFM). A partir de là il est intéressant de constater que Gide laisse aller ses personnages mais surtout qu’à travers cette démarche il donne la possibilité au lecteur de les imaginer et de s’approprié un peu plus l’histoire. La lecture du livre n’est plus passive, le lecteur est attentif, il participe.

Dans un second temps, la profusion des personnages permet de  faire avancer l’histoire et de crée une intrigue au sein du roman. On constate que Gide va contre toute forme d’intrigue unitaire, la profusion des personnages permet de ne pas rester figer dans un même type d’histoire et surtout d’éviter au roman d’être catégoriser dans un genre bien précis. Grâce à la multiplicité de ses personnages le roman se rattache à plusieurs genres. Les personnages ont chacun leurs caractères, leurs choix et leurs vécus ce qui fait que le roman se dépeint en de nombreuses facettes.  Il est à la fois un roman policier avec l’affaire des fausses pièces de monnaies que tente de régler Profitendieu et Molinier, mais aussi un roman d’aventures avec les innombrables intrigues amoureuses qui règne dans le roman tel que Vincent/Laura, Olivier/Bernard, Olivier/Edouard, Edouard/Laura, Lady Griffith/Vincent et bien d’autre encore. On peut aussi parler d’aventures avec la découverte de la sexualité et des désirs qui tendent vers l’homosexualité. On peut qualifier l’œuvre de Gide comme étant un roman noir avec la présence de la figure du diable (Passavant, Strouvilhou) qui va tenter les plus jeunes et les plus faibles.  Mais aussi avec les évènements tragiques tels que le suicide de Boris. Enfin on peut parler d’un roman d’apprentissage puisque le parcours de Bernard et Olivier qui est suivi par le lecteur tout au long de l’œuvre montre l’affirmation des jeunes garçons et leur construction mentale face aux différentes épreuves qu’ils rencontrent. Par la profusion des personnages Gide va donc pouvoir donner du caractère à son roman. Gide va justement imposer des pauses au niveau de la narration : « La respiration est nécessaire entre les chapitres (mais il faudrait l’obtenir aussi du lecteur)» (p84 JFM) il y a là une volonté de ne pas être emprisonner dans une seule et même histoire, qui lasserait l’opportunité au lecteur de se lasser. De plus entre le basculement d’une vie à une autre les personnages ont un temps pour agir. La profusion des personnages permet donc une avancé de l’histoire car à travers chaque personnages on obtient des informations sur la vie des autres. En effet aussi nombreux qu’ils soient les personnages sont tous relier entre eux. Par exemple lorsque l’on découvre la relation entre Vincent et Laura, c’est par la voix de plusieurs personnages qu’on la découvre, d’abord Olivier, ensuite Lady Griffith et enfin avec le journal d’Edouard.


Pour conclure, Gide en s’opposant à toutes les formes classiques du roman va créer une œuvre aux multiples facettes. Par la profusion des personnages il construit son roman et en fait une grande innovation pour le genre littéraire. A partir de celle-ci les personnages vont chacun contribuer à l’avancer de l’histoire et à la participation du lecteur. Cette profusion permet donc de bâtir l’œuvre.  

CHUPIN Maëlys 

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