Si le roman d’André Gide, Les Faux-Monnayeurs était un tableau il serait l’une des peintures
à l’huile de la série Dogs Playing Poker, nommée Poker Sympathy, peintes par Cassius
Marcellus Coolidge de 1906 à 1910.
La scène se déroule dans un salon à l’ambiance
tamisée, où une table de poker illuminée sert de support à huit chiens. Ces huit
chiens sont excités par leur jeu, on peut y voir un verre renversé, laissant
couler son liquide (sans aucun doute alcoolisé) de la table. Sept des chiens
tirent la langue en direction du dernier qui semble avoir perdu la partie
puisqu’il s’affaisse sur sa chaise et émet une grimace.
On peut comparer les deux œuvres sur divers points :
∙Le récit d’André Gide illumine quelques personnages
qui sont tous acteurs principaux dans le déroulement de l’histoire tout comme
les chiens qui même s’ils ne participent pas au tour exposé dans l’action, font
partis du jeu.
∙Le poker représente le jeu, le hasard ou encore le paraître.
En parallèle nous pourrions associer ce que symbolise le poker à l’attitude des
personnages d’André Gide ; chaque personnages ment, manipule et ont un
secret à garder, par exemple :
- Laura qui a peur de dire à son époux, Mr. Douviers,
qu’elle est enceinte d’un autre homme.
- Mr et Mme Profitendieu qui cache à
Bernard que son père n’est pas son père biologique.
- M. Passavant qui manipule Vincent et
Olivier.
Pourtant dans la scène du tableau, les cartes sont
aussi exposées pour signifier la fin d’une partie. Cela s’apparente aux profils
psychologiques de chacun des personnages dévoilés au fil du récit. Quant aux
cartes qui tombent de la table, elles pourraient faire référence aux masques
qui s’effacent dont certains personnages ont subi les conséquences, comme par
exemple Olivier qui tente de se tuer.
∙ Le chien se laissant glisser sur sa chaise et qui
nous regarde peut s’apparenter à ce que ce roman, à demi réaliste, veut nous
faire évoquer sur notre personne. Plus précisément, ce chien ne représente pas
seulement les personnages du roman (comme tous les autres chiens) mais est
aussi un miroir qui définit notre « moi ».
Pour conclure, dans une vision générale, le tableau
reflète le début du vingtième siècle avec la décadence que symbolise le poker,
l’alcool et les cigares. Ambiance qui est facilement reconnaissable dans le
roman d’André Gide.
Un écrit bien argumenté. Bravo !
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